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Actualités - ANALYSE

Deux chefs décriés qui donnent quand même le la...

Si l’on considère que le gouvernement est un chœur ( pas toujours à l’unisson, mais enfin…) et la Chambre un orchestre symphonique, on constate que les deux chefs, MM. Rafic Hariri et Nabih Berry, donnent vraiment le la, aussi contestés qu’ils paraissent et que le soit leur accord. En effet, comme l’a rapporté hier dans ces colonnes Tilda Abou Rizk, la dernière séance de la session extraordinaire Place de l’Etoile a été mercredi d’un calme lui aussi extraordinaire…
Preuve si besoin était que MM. Berry et Hariri tiennent bien leurs troupes et les choses en main, car quand ils ne sont pas d’accord, cela caquette et gesticule ferme à la Chambre où les débats se font alors houleux… Il a donc suffi qu’ils annoncent leur entente pour que la meilleure harmonie règne entre les deux organismes qu’ils dirigent. «Alors même que ces institutions devraient plutôt s’en plaindre, dit un opposant ulcéré, car le système dit de la troïka leur ôte leurs prérogatives et leurs pouvoirs constitutionnels. Sans compter que ces bazars au pied levé ne ménagent pas beaucoup l’intérêt public bien compris et ne résolvent aucun des vrais problèmes auxquels la population se trouve confrontée». ajoute-t-il.
De son côté, un ministre s’indigne: «Voici deux hommes qui se sont étripés pendant des jours et des jours en se répandant l’un et l’autre sur les ondes, en soutenant l’un comme l’autre que leur conflit est d’une totale gravité puis qui se réconcilient et mieux encore passent à la lune de miel avec une facilité déconcertante, sans que l’on sache vraiment sur quoi au juste ils se querellaient et sur quoi ils se sont entendus. Car les points sur lesquels ils affirmaient ou laissaient entendre qu’ils se disputaient ne sont pas du tout mentionnés dans leur accord et partant de là les points sur lesquels ils s’accordent ne faisaient pas partie du contentieux. Ils n’ont donc rien fait que se donner l’accolade et se moquer du monde.Ils auront livré une bataille gratuite pour eux mais qui aura beaucoup coûté au pays et à la Banque centrale. Et une fois encore ces jouets télécommandés auront obéi au fameux «remote control», ce qui n’est pas bon à terme non seulement pour la solidité de notre République mais aussi pour sa stabilité économique».
D’autres ministres se montrent aussi critiques et répètent qu’ils sont las d’un système tronqué qui les réduit à l’état de faux témoins et de complices d’une constante dérive constitutionnelle au profit du système de la troïka. Mais ces contestataires ne vont pas jusqu’à crever l’abcès en démissionnant. Ils affirment qu’ils restent en place pour lutter de l’intérieur au nom des principes démocratiques qu’ils veulent défendre. Ce qui est certainement vrai mais on ne peut s’empêcher de penser que s’ils reçevaient un quelconque encouragement des décideurs, ils n’hésiteraient sans doute pas à claquer la porte pour forcer un départ de M. Hariri…
Pour sa propre part, M. Farès Boueiz reste fidèle à ses idées et critique en substance «un accord bilatéral qui ne résout aucun des vrais problèmes du pays», notamment sur le plan socio-économique, les municipales décidées pour avril ne réglant rien sur ce plan.Pour le ministre des Affaires étrangères, le scénario joué devant l’opinion par les deux présidents « ne vise qu’à calmer le jeu, alors qu’il faudrait plus que jamais un traitement de fond bien étudié, un plan de redressement économique mais aussi financier scientifiquement établi, chiffres à l’appui, sans aucune improvisation et sans recours à de simples palliatifs».
Mais d’autres ministres louvoient et après avoir frayé un moment avec l’opposition, sur les encouragements faut-il dire de M. Berry, ils regagnent progressivement le giron d’un loyalisme gouvernemental bon teint, maintenant que le chef du Législatif s’est rabiboché avec le président du Conseil.
Alors, sous la conduite des deux présidents réconciliés, la caravane passe… et ce sont les décideurs qui assurent le trafic à tout croisement.

Ph. A-A.
Si l’on considère que le gouvernement est un chœur ( pas toujours à l’unisson, mais enfin…) et la Chambre un orchestre symphonique, on constate que les deux chefs, MM. Rafic Hariri et Nabih Berry, donnent vraiment le la, aussi contestés qu’ils paraissent et que le soit leur accord. En effet, comme l’a rapporté hier dans ces colonnes Tilda Abou Rizk, la dernière...