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Actualités - CHRONOLOGIE

Volte-face de Berry

Qu’est-ce qui a bien pu pousser le chef du Législatif, M. Nabih Berry, à modifier son discours en moins de vingt-quatre heures? Par le biais de ses proches, lundi, M. Berry avait fait savoir qu’un long chemin restait à faire avant d’aboutir à une entente avec le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, sur «l’ensemble» des points litigieux à l’origine de la brouille entre eux. Hier, il a qualifié de «positive» sa dernière réunion de franche explication avec M. Hariri, soulignant que les quatre heures d’entretien au palais de Baabda ont «débouché sur une entente».
Comment expliquer cette contradiction dans les prises de position du président de la Chambre? Dans certains milieux parlementaires, plutôt proches du chef du gouvernement, on tend à la lier à une intervention syrienne dans la nuit de lundi à mardi. Selon les mêmes sources, les responsables syriens auraient pris contact avec M. Berry lorsqu’il est apparu que la troisième rencontre nocturne entre les chefs de l’Exécutif et du Législatif, organisée sous l’égide du chef de l’Etat, s’était soldée par un échec. Les responsables syriens auraient conseillé à M. Berry de mettre de l’eau dans son vin.
Dans les milieux proches de M. Berry, on dément ces informations, sans expliquer ce qui a poussé le chef du Législatif à adopter un ton plus conciliant. M. Berry a évoqué les trois réunions de Baabda durant la réunion du bureau de la Chambre qui s’est tenue dans la matinée, Place de l’Etoile.
Cité par le député Jacques Tchoukhadarian, M. Berry a donc souligné devant les députés que les discussions de Baabda sont «positives et non pas négatives», ajoutant qu’il lui a été possible, durant la dernière réunion qui s’est tenue lundi soir en présence de M. Elias Hraoui, de «s’entendre avec M. Hariri sur tous les points litigieux».
Pourquoi les deux responsables affichaient-ils alors une mine d’enterrement à leur sortie de Baabda? Pourquoi n’ont-ils pas fait de déclaration commune, comme c’était convenu? Selon les explications de M. Tchoukhadarian qui citait toujours M. Berry, «le chef du gouvernement avait demandé un délai de 24 heures avant que les résultats positifs de ces entretiens-marathon ne soient annoncés». Pourquoi? M. Tchoukhadarian a indiqué que le président de la Chambre n’a pas expliqué les raisons pour lesquelles cette requête avait été formulée par M. Hariri pas plus qu’il n’a informé les députés des points sur lesquels il s’était entendu avec le chef du gouvernement.

Pas de changement
de gouvernement

M. Berry aurait toutefois fait savoir aux députés qu’il n’a pas été question durant les réunions de Baabda d’un éventuel remaniement ministériel ou d’une démission du gouvernement. Il a aussi catégoriquement exclu la tenue d’un sommet élargi libano-syrien. «Des questions de ce genre doivent être réglées entre nous. De toute façon, elles l’ont été. Pourquoi devrait-on alors aller à Damas?», a-t-il ajouté, niant avoir débattu avec MM. Hraoui et Hariri d’un projet de nominations administratives.
En ce qui concerne la réunion parlementaire d’aujourd’hui, M. Berry a informé les députés qu’il voulait initialement convoquer une réunion qui serait consacrée aux questions écrites et interpellations adressées au gouvernement. Mais lorsqu’il s’est rendu compte qu’une réunion de ce genre risquait de s’étaler sur plusieurs jours dans la mesure où le nombre de questions adressées au gouvernement a dépassé la trentaine, il a préféré accorder la priorité à l’examen et au vote d’une dizaine de textes de lois dont l’examen a été achevé en commissions parlementaires. Il y a lieu d’indiquer à ce sujet, qu’à partir du 15 octobre, la Chambre ne pourra pas légiférer puisque toutes ses séances seront consacrées à l’examen du projet de budget, conformément à l’article 32 de la Constitution. En vertu de ce texte, la session ordinaire d’automne qui s’ouvre le premier mardi qui suit le 15 octobre est consacrée «avant tous les autres travaux à la discussion et au vote du budget».
A l’ordre du jour de la réunion d’aujourd’hui, une proposition de loi exemptant toutes les organisations communautaires officielles libanaises du paiement de taxes ou d’impôts à l’Etat. Ce texte, élaboré par le député Chaker Abou Sleiman, vise essentiellement à permettre aux communautés chrétiennes d’avoir les mêmes privilèges que les communautés mahométanes, lesquelles ne paient pas d’impôts car elles sont rattachées à la présidence du Conseil. M. Berry a jugé normal que toutes les communautés libanaises soient traitées sur un pied d’égalité. Il a toutefois affirmé préférer qu’elles paient toutes des taxes «puisque l’Etat a besoin d’argent», avant de préciser que le mot de la fin reviendrait en définitive à l’Assemblée.
Qu’est-ce qui a bien pu pousser le chef du Législatif, M. Nabih Berry, à modifier son discours en moins de vingt-quatre heures? Par le biais de ses proches, lundi, M. Berry avait fait savoir qu’un long chemin restait à faire avant d’aboutir à une entente avec le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, sur «l’ensemble» des points litigieux à l’origine de la brouille...