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Actualités - CHRONOLOGIE

La quatrième réunion a été la bonne, suite aux démarches de Damas L'entente retrouvée Berry-Hariri scellée par un accord global (photo)


C’était, évidemment, prévisible. La «baguette magique» syrienne a, une fois de plus, fait son effet. De là où les rapports entre le chef du Législatif Nabih Berry et le premier ministre Rafic Hariri étaient lundi soir au plus mal, le climat a viré subitement au «beau» hier matin. Dès le début de la journée, une atmosphère positive et de détente était en effet entretenue aussi bien à la Place de l’Etoile que dans les milieux du chef du gouvernement (Voir page 3). L’entente cordiale entre MM. Berry et Hariri a été scellée au cours de la quatrième rencontre que les pôles de la «troïka» ont tenue en début de soirée au palais de Baabda.

A l’issue d’une nouvelle réunion sous l’égide du président Hraoui (réunion qui a duré de 19 heures à 20h30), le président de la Chambre et le premier ministre sont sortis du palais de Baabda pour annoncer devant les caméras de la télévision un accord en six points qui dépasse largement le cadre du problème des taxes et des impôts indirects préconisés par l’Exécutif («l’annexe numéro neuf», rattaché au projet de budget).
L’accord en question se limite, certes, à des généralités (du moins officiellement), mais il porte quand même sur l’ensemble de la gestion des affaires publiques, voire sur le style du pouvoir Exécutif. Au cours des derniers jours, M. Berry a fait de ce dossier son cheval de bataille, contestant publiquement la gestion de M. Hariri et ses pratiques du pouvoir.
Ayant à ses côtés le chef du gouvernement, M. Berry a ainsi rendu public les six lignes directrices qui ont sous-tendu sa «réconciliation» avec M. Hariri: l organisation des élections municipales dans les plus brefs délais, au plus tard en avril 1998; l imposition d’un contrôle sur les institutions publiques, sur les Caisses et les grandes municipalités; l application du principe de la rotation entre les communautés au niveau des administrations publiques, sans exception; l interdiction de recrutement des fonctionnaires en dehors des circuits réglementaires, dont notamment le Conseil de la fonction publique et le Conseil des ministres, la priorité devant être accordée aux fonctionnaires et aux contractuels qui sont en surplus au sein de l’Administration; l octroi de la priorité dans les nominations aux postes de première catégorie aux hauts fonctionnaires déjà intégrés à l’Administration, afin de limiter le clientélisme; l relance du projet de Bureau national du médicament.
Le problème de «l’annexe numéro neuf» et des impôts indirects (contestés par M. Berry et par de nombreux cercles parlementaires) n’est donc pas évoqué dans cet accord en six points. M. Hariri et son ministre d’Etat chargé des Affaires financières Fouad Siniora ont annoncé la couleur, hier, sur ce plan en réaffirmant que le gouvernement n’est pas attaché à la teneur de «l’annexe numéro neuf» mais il s’en tient fermement, par contre, au seuil du déficit budgétaire prévu dans le projet de budget pour l’année 1998 (près de 37,46%). A sa sortie du palais de Baabda, hier soir, M. Hariri a même souligné qu’il serait préférable d’aboutir l’an prochain à un déficit budgétaire inférieur à celui prévu dans l’actuel projet de budget.
Ce dernier point fait l’objet d’un consensus entre MM. Berry et Hariri, et d’une manière générale entre le Législatif et l’Exécutif. En clair, cela signifie que la nature des impôts indirects et les détails de «l’annexe numéro neuf» sont négociables et discutables au sein du Parlement, à condition que le seuil du déficit soit respecté. Toute abolition ou baisse d’un impôt devrait donc être compensé par une autre source de revenus pour le Trésor.
Manifestement, les récents tiraillements sur les impôts indirects et sur la manière de réduire le déficit budgétaire n’étaient que la partie visible de l’iceberg. Le différend entre MM. Berry et Hariri était, semble-t-il, d’une tout autre nature. Le chef du Législatif cherchait, de fait, à rectifier le tir au niveau des pratiques du pouvoir. Comme il l’a lui-même insinué hier soir à sa sortie du Palais de Baabda, il a utilisé le débat sur le budget comme détonateur pour remettre sur le tapis un ensemble de doléances qui lui tenaient à coeur: les élections municipales; la loi sur la décentralisation administrative; la rotation entre les communautés au niveau des principaux postes au sein de l’Administration publique; certaines nominations administratives etc...
Quant à M. Hariri, il plaidait ces derniers jours en faveur d’un remaniement ministériel, à défaut d’un changement gouvernemental. Le premier ministre estimait que la cohésion au sein de son Cabinet avait volé en éclats et qu’il ne lui était plus possible de gérer les affaires publiques dans de telles conditions. M. Berry aurait toutefois opposé une fin de non-recevoir à ce projet de remaniement ministériel.
C’est à la suite des démarches pressantes de Damas que M. Hariri aurait abandonné, lundi soir, son idée de remaniement ministériel. Du coup, la détente avec M. Berry devenait possible. D’où le subit déblocage survenu dans la journée d’hier. Cette version des faits est cependant contestée par les milieux de M. Hariri qui soulignent qu’en réalité c’est M. Berry qui a mis de l’eau dans son vin à la suite de l’intervention des dirigeants syriens.
En tout état de cause, l’atmosphère était à l’optimisme de part et d’autre, hier soir. Aussi bien M. Berry que le premier ministre se sont montrés confiants quant à l’application effective de l’accord en six points intervenu entre eux. Le chef du gouvernement a notamment affirmé sur ce plan que le prochain Conseil des ministres — qui se tiendra demain, jeudi, à Baabda, et non pas aujourd’hui — devrait trancher la question des nominations au sein de l’Inspection centrale, qui devrait permettre de relancer le contrôle sur les organismes étatiques.
Dans l’immédiat, le nouveau climat de détente devrait, en principe, se répercuter sur la séance parlementaire qui se tiendra ce matin à la Place de l’Etoile (au dernier jour de la session extraordinaire) afin de voter une série de projets de loi plus ou moins vitaux. Reste à espérer que cette décrispation renouvelée au niveau du pouvoir ne durera pas uniquement, comme à l’accoutumée, ce que durent les roses ...
Michel TOUMA
M.T.
C’était, évidemment, prévisible. La «baguette magique» syrienne a, une fois de plus, fait son effet. De là où les rapports entre le chef du Législatif Nabih Berry et le premier ministre Rafic Hariri étaient lundi soir au plus mal, le climat a viré subitement au «beau» hier matin. Dès le début de la journée, une atmosphère positive et de détente était en effet...