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Actualités - CHRONOLOGIE

Dans l'enfer de la pollution... (photo)

Une campagne de cinq jours, dont le but est de mesurer le degré de pollution industrielle des eaux du littoral libanais (de Tyr à Tripoli) a été entamée hier, sous un beau soleil d’octobre, par l’organisation écologique internationale Greenpeace. Cette campagne vise à sensibiliser l’opinion publique et les industriels sur l’ampleur de ce problème, en fournissant des preuves concrètes et scientifiques du taux de cette pollution. Première étape: Beyrouth et Saïda.
Les journalistes ont été conviés à la première partie de cette expédition et ils ont suivi le Zodiac de Greenpeace dans un bateau qui leur a été réservé. Cette campagne vise à produire, pour la première fois, un rapport scientifique et fiable sur le problème à partir des échantillons de déchets industriels qui seront prélevés en mer. Il sera rédigé par Mme Angela Stephanson, experte britannique en chimie, qui fait partie du laboratoire de Greenpeace International.
Une fois terminé (à la mi-novembre selon Mme Stephanson), ce rapport sera envoyé aux responsables concernés: les ministres de l’Environnement et de l’Industrie, MM. Akram Chehayeb et Nadim Salem, le président de l’Association des industriels libanais, M. Jacques Sarraf, et le président du Conseil de développement et de reconstruction, M. Nabil Jisr.
Les acteurs de cette «croisade» contre la pollution: M. Fouad Hamdane, Mme Angela Stephanson, ainsi que des représentants d’ONG locales, M. Ali Darwich de «Greenline», et M. Tony Freiha de «SOS environnement». Ils sont secondés par des membres de l’Institut national de plongée sous-marine qui se sont proposés d’escorter le Zodiac et de l’aider en cas de problème. Les plongeurs devront occasionnellement prélever des échantillons du fond de la mer.
Les dépotoirs de Normandy et de Bourj Hammoud, la Quarantaine, Ras-Beyrouth, Ramlet el-Beïda, Ouzaï, Khaldé, Jieh et Saïda, telles sont les étapes parcourues par le Zodiac de Greenpeace hier. A chaque fois, de méticuleux prélèvement d’échantillons ont eu lieu. Les traces de la pollution, bien visibles aux yeux des experts comme des profanes qui étaient du périple, finissaient bien vite dans les flacons de Mme Stephanson.
Les dépotoirs surtout offrent un spectacle effrayant. Celui de Bourj Hammoud, aux dimensions colossales, est traversé de fumées qui se dégagent de ses flancs, causées par des explosions dues au méthane. Les mouettes, victimes de cette situation dégradante, se nourrissent des ordures qui flottent sur la surface de la mer. D’après M. Hamdane, les pêcheurs ne se privent pas d’exercer leur activité près de ces endroits extrêmement pollués.
Les chiffres avancés dans un communiqué de Greenpeace témoignent de l’ampleur de la catastrophe. L’industrie libanaise produit annuellement 326 mille tonnes d’ordures, dont une partie substantielle est toxique. En 2010, cette production devrait atteindre un million de tonnes. Aujourd’hui, tous ces détritus sont versés en mer, dans les fleuves, ou abandonnés dans les dizaines de dépotoirs du pays.
Pour résoudre ce problème (toujours selon le communiqué de Greenpeace), les usines devraient premièrement créer des centres de stockage pour les déchets solides qu’elles génèrent. Deuxièmement, elles devraient utiliser des méthodes de production qui ne nuisent pas à l’environnement. «Greenpeace demande aux industriels libanais d’accepter le fait que leurs industries sont une source majeure de pollution de l’air, de l’eau et du sol», affirme M. Hamdane, qui espère que des preuves scientifiques de l’étendue de la pollution les convaincra de changer leurs méthodes.
Dans une conférence de presse qui a précédé la première partie de l’expédition, M. Hamdane a expliqué le but de l’expédition. Mme Stephanson a précisé que l’opération consistait à identifier les sources de pollution et proposer des alternatives. M. Walid Méouchi a apporté son témoignage de plongeur: «Depuis vingt ans que je fais de la plongée sous-marine, j’ai constaté la disparition d’au moins cinquante espèces de faune marine. Il est d’ailleurs devenu impossible de voir le fond de la mer, tant l’eau est polluée. Et pourtant, la mer est susceptible de constituer une importante source de revenus pour le Liban, les responsables auraient tort de la négliger».
Suzanne BAAKLINI

Une campagne de cinq jours, dont le but est de mesurer le degré de pollution industrielle des eaux du littoral libanais (de Tyr à Tripoli) a été entamée hier, sous un beau soleil d’octobre, par l’organisation écologique internationale Greenpeace. Cette campagne vise à sensibiliser l’opinion publique et les industriels sur l’ampleur de ce problème, en fournissant des...