«Seven Years in Tibet» (Sept ans au Tibet), avec Brad Pitt en vedette, est l’évocation du périple, tant physique que spirituel, de Heinrich Harrer, un alpiniste autrichien, membre des S.A. puis des S.S. nazis, parti à l’automne 1939 à la conquête d’un des plus hauts sommets de l’Himalaya.
Arrêté par les autorités britanniques après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il parvient à s’évader, puis à atteindre Lhasssa, la capitale du Tibet, où il se lie d’amitié avec le Dalaï Lama, alors encore un enfant. Cette rencontre sera pour lui une rédemption et Heinrich Harrer vivra sept ans au Tibet qu’il quittera peu après l’invasion chinoise de 1949.
Les défenseurs du Tibet veulent profiter de la sortie de ce film à la veille d’une visite officielle aux Etats-Unis du président chinois Jiang Zemin, pour attirer l’attention sur leur cause.
Lors de la première du film à Los Angeles, des manifestants arboraient des pancartes «Libérez le Tibet» et «Clinton, aide le Tibet».
Une veillée aux chandelles s’est tenure à New York devant la mission chinoise aux Nations Unies pour protester contre «l’occupation brutale du Tibet» et l’organisation «Campagne internationale pour le Tibet» prévoit de distribuer quelque 300.000 pochettes aux spectateurs de plus de cent villes américaines.
Mieux que Mickey
Les autorités chinoises avaient été les premières à reconnaître le poids politique de Hollywood. En novembre dernier, un responsable au ministère de la Radio, du Film et de la Télévision, Kong Min, avait déclaré que la Chine était «résolument opposée» au tournage du film de Martin Scorsese.
Le porte-parole de la diplomatie chinoise, Cui Tiankai, avait mis en garde la compagnie Walt Disney, distributeur de «Kundun», affirmant que «tout acte ou discours déformant l’histoire du Tibet ou faisant l’apologie du Dalaï Lama n’est pas conforme à la réalité».
Les autorités chinoises n’ont pas fait de déclaration publique sur le film de Jean-Jacques Annaud mais celui-ci, qui espérait tourner son film aussi près du Tibert que possible, a dû finalement se satisfaire de... l’Argentine. «Je suis, paraît-il, interdit en Chine», a-t-il dit à l’hebdomadaire «Time».
Les scénaristes des deux films ont rencontré le Dalaï Lama, qui vit en exil en Inde depuis 1959 et qui s’est vu décerner le Prix Nobel de la paix en 1989. Un ancien premier ministre du gouvernement tibétain en exil, Tenzin Tethong, a fait office de conseiller technique sur le tournage de «Sept ans au Tibet» et la propre sœur du Dalaï Lama, Jetsun Pema, joue le rôle de sa mère.
Cet intérêt de Hollywood n’est pas récent. L’acteur Richard Gere milite depuis longtemps en faveur du Tibet. Il y a dix ans, il a fondé une organisation new-yorkaise, Tibet House, avec un universitaire, Robert Thurman, père de l’actrice Uma Thurman.. Et l’auteur du scénario de «Kundun», Melissa Mathison, est l’épouse de Harrison Ford, autre défenseur du Dalaï Lama.
Ces militants hollywoodiens espèrent que «Sept ans au Tibet» et «Kundun» feront plus que la diplomatie pour populariser la cause tibétaine, tout comme «The Killing Fields» avait révélé au grand public la tragédie cambodgienne.
«Ce n’est pas un secret que Hollywood est plus puissant que le département d’Etat», a déclaré à l’hebdomadaire «US News and World Report» Orville Schell, auteur de plusieurs livres sur la Chine. «Et contrairement à (au secrétaire d’Etat) Madeleine Albright, Mickey est très difficile à contrôler», a-t-il conclu. (AFP)
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