Taxis-criminels dans les rues de Mexico

De faux taxis sillonnent les rues de Mexico, généralement la nuit mais parfois en plein jour, dans l’unique intention de rançonner systématiquement le client qui aura eu la mauvaise idée de les prendre.
Ils agissent selon un scénario bien établi. Une fois que le client a pris place, deux individus pénètrent à leur tour dans le véhicule. Aussitôt les coups pleuvent ainsi que les menaces de mort.
Comme la plupart des taxis de Mexico, ce sont des Volkswagen «Coccinelle» à deux portes mais sans le siège du passager avant. Sur la banquette arrière trois personnes tiennent difficilement. La victime, comprimée entre ses deux agresseurs, est pratiquement paralysée.
«Pour moi, le plus effrayant a été de voir la main d’un inconnu ouvrir la porte de taxi. C’était la main d’un assassin, comme dans un film d’épouvante», raconte Eduardo, un étranger résidant au Mexique, victime récente d’une agression dans un taxi.
Selon divers témoignages, l’agression peut durer plusieurs heures.

Corruption

Le «client» est systématiquement dépouillé. Les cartes de crédit sont très appréciées. N’hésitant pas à utiliser la torture, les malfaiteurs feront avouer à leur victime le numéro de code de la carte et se rendront au distributeur le plus proche pour retirer aussitôt le maximum d’argent.
Ereintée, traumatisée et sans un sou en poche, la victime sera «libérée» quelques heures plus tard de préférence dans un quartier peu fréquenté de la capitale.
Selon des chiffres officiels, quelque 86.000 taxis circulent à Mexico et parmi eux 10.000 sont dépourvus d’autorisation. En 1996, selon des statistiques officielles, 285 personnes ont porté plainte après avoir été agressées dans un taxi.
Mais les victimes n’ont pas toutes recours à la justice et selon des chiffres non officiels, quatre utilisateurs de taxi sur 10 auraient été victimes d’une agression. A Mexico, chaque jour, 3,5 millions de personnes utilisent le taxi comme moyen de transport.
Jusqu’à présent aucun «taxi-criminel» ne semble avoir été inquiété et cette impunité vient renforcer la méfiance qui pèse sur la police de la capitale.
Elle est depuis longtemps supçonnée de corruption. A tel point que le nouveau gouverneur de la ville, le chef de l’opposition de gauche, Cuauthémoc Cardenas, a, dès son élection en juillet dernier, annoncé qu’il allait procéder en décembre prochain, aussitôt après sa prise de fonction, à «un nettoyage total» des services de police.
De son côté, un représentant de l’ambassade de France à Mexico, confirmant une recrudescence de l’insécurité dans la capitale mexicaine, n’a pas caché son scepticisme quant à l’efficacité de la police de la ville.
«Nos ressortissants, victimes d’agressions au Mexique, sont de plus en plus nombreux à contacter notre consulat», a-t-il indiqué en ajoutant: «Nous leur recommandons de le faire plutôt que s’adresser à la police».
Selon des statistiques fournies par les services du procureur de Mexico, 713 assassinats ont eu lieu dans la capitale du 1er janvier au 30 septembre dernier.
L’année dernière, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avaient protesté officiellement auprès des autorités mexicaines et mis leurs ressortissants en garde contre un éventuel séjour à Mexico. (AFP)