Cure de minceur pour le PC cubain au nom de l'efficacité (photo)

Le Parti communiste cubain (PCC, au pouvoir), qui vient de tenir à La Havane son Ve Congrès, s’est doté d’un nouveau comité central de 150 personnes, «allégé» de 75 membres, afin de devenir une structure «plus souple», a annoncé Raul Castro, frère et successeur désigné de Fidel Castro à la tête de l’Etat cubain.
Le comité central ainsi réduit d’un tiers a élu en son sein le bureau politique du parti. Actuellement, le bureau politique est formé de 26 membres avec à leur tête les frères Fidel et Raul Castro, respectivement premier et second secrétaire du PCC.
Le nouveau comité central a été formé pour s’adapter avec «les temps nouveaux, qui exigent des organes de direction plus petits, plus souples et capables de se réunir rapidement pour adopter les mesures qui s’imposent», a indiqué Raul Castro, à l’heure où «efficacité» devient le maître-mot du socialisme à la cubaine.
La composition de l’organe suprême du Parti communiste entre deux congrès n’a pas été révélée mais, a-t-il assuré, elle reflète le souci «de poursuivre la politique de renouvellement afin d’assurer la relève, tout en profitant de la présence de ceux plus expérimentés».
Cuba «ne subira pas le même sort que les partis communistes des pays socialistes européens et soviétique», a clamé le numéro deux du dernier régime communiste du monde occidental.
Le nouveau bureau politique a assuré la première veillée funèbre du cercueil d’Ernesto «Che» Guevara auquel a été dédié ce congrès tenu tout juste trente ans après sa mort dans les maquis boliviens.
Dans sa péroraison émouvante de mercredi, diffusée le lendemain dans la nuit par la télévision cubaine, le leader cubain a affirmé l’accord parfait du «Che» et de la révolution cubaine. «Il a lutté avec nous, avec le peuple cubain dans la Sierra Maestra: le «Che», c’est la révolution cubaine», a-t-il assuré au terme de 6h40 d’intervention, en dénonçant sans les nommer les «plumes mercenaires» qui tentent d’utiliser la figure du «Che» contre le régime castriste.
Aleida et Camilo Guevara March, enfants d’Ernesto «Che» Guevara et Aleida March, ont critiqué durement à La Havane les intellectuels français Régis Debray et mexicain Jorge Castaneda, les accusant de salir la mémoire de leur père.
Sur le terrain économique, sur lequel les Cubains attendaient de leurs dirigeants une amélioration de leurs conditions de vie quotidienne, le pari des communistes de Cuba est d’appliquer à l’économie planifiée socialiste les recettes de l’économie de marché sans déroger au dogme marxiste-léniniste. «L’économie cubaine a changé son mode de fonctionnement sans changer son essence socialiste», a assuré le vice-président Carlos Lage, l’artisan des réformes économiques très contrôlées du début de la décennie.
Pourtant, les espoirs des Cubains d’obtenir cette année une croissance honorable de 4 à 5% se sont envolés avec la prévision «d’un peu plus de 2,1%» de progression annoncée jeudi par le vice-président Carlos Lage.
Le coup de frein est d’autant plus sévère si l’on se rappelle que l’économie cubaine avait progressé de 7,8% l’année dernière.
Même si les dirigeants communistes annoncent qu’ils entendent améliorer les services publics essentiels (eau et électricité, notamment), les Cubains savent désormais qu’ils ne verront pas de sitôt la fin de la «période spéciale», le régime d’économie de guerre mis en place pour faire face à la disparition du camp socialiste est-européen qui subventionnait l’île.
«L’utilisation massive de la bicyclette comme moyen de locomotion personnelle pour des distances raisonnables se maintient comme solution alternative pour l’avenir prévisible», avertissait d’ailleurs le projet de résolution économique soumis au congrès. (AFP)