Wakim : le déficit budgétaire de 1998 sera de 45% (photo)

Dans une conférence de presse qu’il a tenue hier, Place de l’Etoile, M. Najah Wakim a prononcé un véritable réquisitoire contre le chef du gouvernement et le ministre d’Etat aux Finances, MM. Rafic Hariri et Fouad Siniora, qu’il a accusés de cacher la vérité au sujet de l’importance de la dette. Selon lui, les recettes prévues pour l’an prochain «ne suffiront pas à couvrir le service de cette dette».
Le député de Beyrouth a affirmé qu’il compte présenter au Conseil constitutionnel un recours en invalidation de la loi des finances, en raison, a-t-il dit, de «sa violation de la Constitution». Il a exprimé l’espoir de pouvoir recueillir les signature de dix députés pour pouvoir saisir le Conseil constitutionnel.
M. Wakim a mis l’accent sur l’article 9 du projet de Budget, autorisant le gouvernement, par des décrets pris en Conseil des ministres, sur proposition du ministre des Finances, à ouvrir en cas de besoin des crédits dans le cadre du Budget général et des budgets annexes pour rembourser les dettes qui viennent à échéance et à définir les sources de financement de ces crédits. «Cela signifie que le texte présenté ne comporte pas tous les chiffres. Il ont déduit des dépenses des tranches de la dette. Quelle est leur valeur? Quels sont leurs intérêts? Quand viennent-elles à échéance? C’est ce qui doit être clair dans un projet de loi indépendant du projet de Budget. A travers cette article, ils cherchent à augmenter les dépenses et à obtenir l’autorisation d’imposer de nouvelles taxes», a-t-il déclaré.
Après avoir établi une comparaison entre les chiffres du texte présenté et le Budget de cette année, M. Wakim a indiqué que le déficit budgétaire de 1998 sera similaire voir même supérieur à 54%. Car, le député s’attend à ce que le déficit s’aggrave à la fin de l’année. Selon lui, «toutes» les recettes prévues pour l’année prochaine «ne seront pas suffisantes pour couvrir le service de la dette publique». M. Wakim s’est dit persuadé que le gouvernement aura recours à l’endettement pour pouvoir rembourser ses dettes.
Il s’est dit certain que le but du projet d’emprunt de 800 millions de livres est de rembourser des dettes échues et non pas de financer des projets de développement. «L’Etat avait signé avec plusieurs pays ainsi qu’avec la Banque mondiale une série d’accord de prêts pour une valeur dépassant les 3,2 milliards de dollars. Le coût des projets exécutés actuellement ne dépasse pas les 2,2 milliards de dollars. Pourquoi le gouvernement ne profite-t-il pas de ces prêts, d’autant que leurs intérêts ne sont pas élevés», s’est-il interrogé.

«Où est parti l’argent ?»

Selon lui, le problème «ne réside pas dans certains aspects de la politique du chef du gouvernement mais dans tout le projet Hariri», estimant que l’opposition propose un substitut à l’ensemble de ce projet. «M. Hariri a déjà posé une question: «d’où est-ce que nous nous procurerons l’argent», et ma réponse est la suivante: «Où est parti l’argent? pourquoi ne paient-ils pas de taxes et d’impôts», a-t-il dit. Il a indiqué que les auteurs de la loi portant création de Solidere avaient fait en sorte d’exempter cette société foncière de tous les impôts mais avaient omis la taxe sur l’amélioration des biens-fonds. «Lorsque les honnêtes fonctionnaires du ministère des Finances ont pris la décision de percevoir cette taxe, le ministre Siniora a mis la main sur le dossier et n’a pas autorisé la mise à exécution de cette décision. Tout comme il ne l’a pas communiqué aux départements concernés, notamment les services fonciers et Solidere», a-t-il dit. Selon lui, cette taxe aurait assuré à l’Etat des sommes énormes.