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Actualités - CHRONOLOGIE

Le nobel de littérature sera décerné aujourd'hui


Le prix Nobel de littérature, qui sera décerné aujourd’hui à Stockholm pour la 94e fois depuis 1901, est considéré comme la plus prestigieuse récompense au monde pour un écrivain, mais son attribution en fonction de critères extra-littéraires a écarté nombre de grands auteurs.
Chaque année en octobre, l’Académie royale de Suède désigne un écrivain ayant produit, selon le testament d’Alfred Nobel, «l’œuvre la plus remarquable dans le sens de l’idéalisme». Le lauréat rejoint alors dans l’empyrée les Camus, Beckett, Sartre (qui refusa le prix en 1964), Hemingway, Faulkner, Gide, Mauriac, Hesse, Yeats et Kipling.
Mais plusieurs écrivains importants ont été omis par le jury Nobel dont les choix ne refléteraient que «les variantes du goût dominant», selon une formule du sociologue français Pierre Bourdieu.
Parmi les grands oubliés figurent les Français Marcel Proust, Paul Valéry, Jean Giono et André Malraux, les Anglais Graham Greene, Joseph Conrad et D.H. Lawrence, l’Irlandais James Joyce, le Russe Léon Tolstoï, le Tchèque Franz Kafka, l’Allemand Bertolt Brecht ou encore l’Italien Giuseppe Ungaretti.
Des littératures entières ont également été omises par un jury composé d’écrivains, pour la plupart inconnus hors des frontières de la Suède. L’absence d’auteurs de langues chinoise et portugaise est, à cet égard, criante. Et il a fallu attendre 1986 et le Nigérian Wole Soyinka pour que le continent africain soit représenté.
Les spécialistes remarquent que plusieurs auteurs n’ont pu être récompensés parce qu’ils ont disparu avant que l’académie puisse les distinguer. Le prix Nobel de littérature, qui sera doté cette année du montant record de 7,5 millions de couronnes (un million de dollars), n’a été décerné qu’une seule fois à titre posthume: en 1931, au Suédois Eril Axel Karlfeldt.
«Les prix littéraires reflètent souvent l’air du temps, de sorte qu’il n’est pas surprenant de constater que certains auteurs aient pu être omis», déclare Gillian Beer, professeur de littérature à l’université de Cambridge (Angleterre). «Par exemple, l’œuvre de Proust est toute en nuances et difficile à apprécier», ajoute-t-elle.
Pour Colin Burrow, lecteur à Cambridge, les choix du jury révèlent, au contraire, le souci géopolitique de l’académie de se situer par rapport aux idéologies et aux équilibres économiques. «Si l’on examine la liste des lauréats, il apparaît clairement que de grands écrivains ont été oubliés» relève-t-il en citant l’exemple de Joyce, selon lui «le plus grand prosateur du XXe siècle».
Pour son «Ulysse», «cathédrale de prose» sur la sexualité éditée malgré la censure anglo-saxonne, l’écrivain avait mis en œuvre des moyens linguistiques originaux, utilisant les éléments de nombreuses langues et de toutes les variétés d’anglais pour créer une écriture en métamorphose permanente. «Cette écriture expérimentale lui a valu d’être écarté» par le jury Nobel, accusé par Colin Burrow «de fuir la controverse».
Les spécialistes notent qu’au cours des dernières années, l’académie suédoise a tenté de promouvoir, au-delà des valeurs littéraires, une certaine idée universaliste. Cette extension idéologique du domaine des lettres a amené le jury à couronner, en 1958, le Russe Boris Pasternak, en désaccord avec la poésie soviétique officielle de son époque, et, en 1965, le Soviétique Mikhaïl Cholokhov, défenseur sans concession du réalisme socialiste. (AFP)

Le prix Nobel de littérature, qui sera décerné aujourd’hui à Stockholm pour la 94e fois depuis 1901, est considéré comme la plus prestigieuse récompense au monde pour un écrivain, mais son attribution en fonction de critères extra-littéraires a écarté nombre de grands auteurs.Chaque année en octobre, l’Académie royale de Suède désigne un écrivain ayant produit,...