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Actualités - REPORTAGE

A l'occasion d'un colloque sur les nouvelles technologies de la communication Signature d'une conventin entre l'UL et le centre Georges Pompidou

Une convention portant sur une «coopération bibliothéconomique» (entraînant des possibilités de stages de perfectionnement) a été signée entre la Bibliothèque publique d’information (BPI) du Centre Georges Pompidou, à Paris, et la Chaire de l’UNESCO de l’Université libanaise. Cette signature a eu lieu à l’occasion de la tenue, à partir d’hier, d’un colloque sur les «applications des nouvelles technologies de la Communication à l’information, à la documentation et à l’enseignement supérieur».
Patronné par le ministre de la Culture, M. Faouzi Hobeiche, ce séminaire est organisé par la Chaire de l’UNESCO à l’Université libanaise, en collaboration avec le bureau régional de l’UNESCO au Liban. Il a lieu à l’hôtel Commodore et s’achèvera aujourd’hui.
Le colloque a ouvert ses travaux hier matin en présence de M. Faouzi Hobeiche, de Mme Bahia Hariri, présidente de la commission parlementaire de l’Education, de M. Kassem Bensalah, directeur du bureau régional de l’UNESCO à Beyrouth, et de M. Assaad Diab, recteur de l’Université libanaise. La convention a été signée, du côté français, par Mme Martine Blanc-Montmayeur, représentant la BPI, et du côté libanais, par MM. Assaad el-Naderi, doyen de la faculté d’information et de documentation, et Hachem el-Husseini, cotitulaire de la Chaire.
La convention de «coopération bibliothéconomique» a porté sur les points suivants: la BPI se charge de réserver un accueil personnalisé à tous les professeurs de la faculté d’information et de documentation de l’UL qui le désirent; elle se propose également de former ces professeurs à l’usage des nouvelles technologies, dans le cadre de stages, de séminaires et de colloques. Elle pourra de même assurer des stages de trois ou quatre semaines à des lauréats de la même faculté, ayant une expérience professionnelle de trois ou quatre ans. Des formateurs peuvent aussi être envoyés au Liban. Il faut préciser cependant que cet accord n’a aucune incidence financière, et que ces stages ne sont ni rémunérés, ni pris en charge par la BPI.
L’accord prévoit également un échange de documents entre les deux parties. Sur une suggestion de l’Université libanaise, la BPI enverra régulièrement des copies des nouvelles parutions dans le domaine de l’information et de la documentation. Une organisation commune de séminaires et de colloques scientifiques sur des sujets retenus par les deux parties sont envisagés dans l’avenir. Ce contrat entre en vigueur à partir de sa signature par les deux parties. Sa durée est d’un an, renouvelable annuellement.

Débats du
colloque

C’est après la signature de la convention que le colloque a ouvert ses travaux axés essentiellement sur l’avancée technologique de la communication (notamment au niveau de l’informatique, de l’Internet...) dans les trois domaines de l’information, de la documentation, et de l’enseignement. Au cours des interventions, les conférenciers ne se sont pas contentés de présenter au public les nouvelles technologies sur le marché, mais ont également proposé, dans les débats qui ont suivi leurs conférences, des réflexions sur les conséquences de ces technologies sur le monde et les sociétés, notamment les sociétés libanaise et arabe.
Après la cérémonie d’ouverture, des exposés sur le thème «information, communication et développement: enjeux pour nos sociétés» ont été présentés sous la présidence de M. Kassem Bensalah. M. Raymond Sekel, de la Bibliothèque nationale de France, a exposé les réalisations récentes de la BN, comme l’informatisation des catalogues, les CD Rom documentaires... Il a proposé une réflexion sur le nouveau rôle des bibliothèques à l’ère de l’informatique. Ensuite, M. Youssef Nussair, président du Centre national d’information de Jordanie, a présenté une intervention en quatre points essentiels: la tendance actuelle de la mondialisation, les conditions de cette mondialisation, la bonne utilisation de l’information (qui doit être comprise et analysée), et les conséquences énormes de ces changements sur les facteurs humains. Enfin, M. Hachem Husseini a exposé les avantages et les inconvénients de l’avancée technologique dans les sociétés en voie de développement. D’une part, celle-ci leur assure une meilleure organisation de l’activité économique, et un éventail plus large dans tous les secteurs de l’activité; d’autre part, ces avantages risquent de ne profiter qu’à une partie infime de la population, creusant par là l’écart qui existe entre les citoyens. D’ailleurs, la création d’une infrastructure nationale est coûteuse, et ne figure souvent pas en tête de liste des priorités de ces Etats.
La seconde partie du colloque, présidée par le ministre d’Etat, M. Michel Eddé, a porté sur le thème «les cultures nationales et la mondialisation». Dans son allocution, M. Eddé a insisté sur la nécessité de l’apport technologique dans le processus de mondialisation, qui est «une chance d’ouverture pour les peuples, mais qui devient facteur de domination et d’uniformisation s’il est utilisé dans un but de gains matériels ou un but politique». M. Eddé a donné l’exemple de «l’extrémisme sioniste qui continue de dominer les médias internationaux, et qui ternit l’image des pays arabes aux yeux de l’opinion». Selon M. Eddé, il faut suivre les progrès technologiques pour faire face à des situations pareilles.
Mme Bahia Hariri a pris la parole après M. Eddé pour éclairer les conséquences de la révolution technique sur notre société libanaise orientale. Mme Hariri a volontiers reconnu que les nouvelles technologies «abolissent les frontières et les distances et mettent un plus grand nombre d’informations à la disposition des gens». Mais elle s’est interrogée sur l’influence de ces informations sur les citoyens libanais, notamment les élèves, et a exprimé sa crainte de voir les cultures étrangères «envahir» le pays et lui faire perdre son identité. «Il faut que le citoyen ait pleine conscience de sa culture propre, pour que les idées importées de cultures qui lui sont étrangères ne l’influencent pas de manière négative, a-t-elle ajouté. Au contraire, il sera ainsi plus apte à s’ouvrir aux cultures du monde». Pour éviter de tels pièges, Mme Hariri propose la création d’un comité regroupant des experts qui se chargeront d’étudier les conséquences de la mondialisation sur les citoyens libanais.
Après Mme Hariri, M. Mohammed el-Machnouk, rédacteur en chef d’Eco-Beyrouth, a dénoncé «l’ouverture des frontières qui rend flous les concepts de culture nationale et de culture importée, cette dernière opérant des changements superficiels, alors que la nature profonde reste la même».
M. Machnouk a ajouté: «Revendiquer l’indépendance culturelle équivaut à revendiquer l’indépendance politique et économique, parce que certaines cultures s’imposent par une supériorité technologique que les peuples moins avancés sont obligés d’importer». M. Machnouk a également posé le problème des valeurs face au progrès technologique qui rend les cultures de l’Ouest accessibles. Il a parlé d’une stratégie de la culture nationale, qui se concrétiserait dans des études et des plans préparés par des experts, qui auraient pour but de rendre le citoyen plus critique à l’égard des cultures étrangères, mais aussi plus porté à avoir l’esprit innovateur.
Enfin, M. Salem Ghazali, chef du département des technologies de la langue et arabisation en Tunisie, a fait une intervention dans laquelle il a expliqué comment la langue arabe devait s’adapter aux nouvelles technologies. Selon lui, seuls quelques chercheurs dans le monde arabe tentent des expériences à ce niveau.
Cette troisième partie a été suivie d’une table ronde qui s’est déroulée sur le thème de l’«accès libre à l’information». M. Bassem el-Sabeh, ministre de l’Information, devait présider ces débats, mais il s’est fait représenter par M. Rafic Chlela, directeur de l’Agence nationale d’information. Celui-ci a prononcé une allocution dans laquelle il a insisté sur l’importance de la liberté dans l’information. Il a été suivi par M. Mohammed Baalbacki, président du syndicat de la presse, qui a soulevé le problème de la véridicité des informations, qu’il faut toujours vérifier avant de les présenter au public.
M. Issam Naamane, avocat à la Cour de Beyrouth et ancien député, a lui aussi pris la parole. Il a mis l’accent sur les obstacles que rencontre encore la liberté de la presse. «L’information ne passe pas seulement par l’Etat, mais aussi par les forces politiques et les institutions économiques et sociales, qui ont tendance, pour la plupart, à cacher certaines informations susceptibles de leur nuire». M. Naamane a également fait état du manque de lois qui donnent aux organes étatiques la possibilité de contrôler les actions de ces institutions.
M. Talal Salmane, rédacteur en chef du «Safir», a évoqué les progrès technologiques enregistrés ces dernières années, mettant l’accent sur les difficultés qui subsistent dans le domaine de l’information. Il a aussi critiqué les «dictatures des gouvernants et des institutions». Le directeur du «Nahar», M. Gebran Tuéni, a critiqué l’existence d’un ministère de l’Information, «signe de sous-développement». Le rédacteur en chef du «Liwa», M. Salah Salam, a ouvert le sujet des publicités dans les journaux, et a dénoncé le manque de lois régissant ce domaine.
Cette première journée de séminaire s’est achevée par une série d’interventions sur le thème «les banques nationales de données». MM. Youssef Numeir, Philippe Nabhan, directeur du centre d’informatique juridique de l’UL, et M. Sam Menassa, directeur de MERS Liban, ont eu des interventions sur le thème.

Suzanne BAAKLINI
Une convention portant sur une «coopération bibliothéconomique» (entraînant des possibilités de stages de perfectionnement) a été signée entre la Bibliothèque publique d’information (BPI) du Centre Georges Pompidou, à Paris, et la Chaire de l’UNESCO de l’Université libanaise. Cette signature a eu lieu à l’occasion de la tenue, à partir d’hier, d’un colloque...