Commission d'enquête de la Knesset et froid avec Ottawa Cascade de crises en Isrël après la bavure du Mossad à Amman

Commission d’enquête de la Knesset et froid avec Ottawa
Une fois de plus depuis son élection au poste de premier ministre, Benjamin Netanyahu se trouve en difficulté. En effet, en dernier ressort, c’est lui qui doit donner le feu vert aux opérations du Mossad et la dernière de ces opérations — l’attentat manqué contre un responsable du Hamas à Amman — ayant constitué une «bourde» qui a déstabilisé le service de renseignements et failli déboucher sur une crise avec la Jordanie. L’affaire se double d’une autre crise, avec Ottawa cette fois, les deux agents secrets qui ont attaqué Khaled Mechaal ayant été trouvés porteurs de faux passeports canadiens

Vendredi, le ministre canadien des Affaires étrangères Lloyd Axworthy a confirmé officiellement que les Israéliens étaient impliqués dans la tentative d’assassinat. Les autorités jordaniennes n’ont pas encore désigné le Mossad comme étant derrière la tentative d’assassinat du responsable du Hamas, «mais, selon nos informations, les Israéliens sont impliqués», a déclaré M. Axworthy.
Le ministre a laissé entendre que le Canada pourrait prendre des mesures de rétorsion contre Israël, dont une suspension de la coopération en matière de renseignement, afin de protester contre l’utilisation de faux passeports canadiens par des agents des services secrets de l’Etat hébreu.
Interrogé pour savoir si des mesures de rétorsion pourraient inclure l’expulsion d’un diplomate israélien, M. Axworthy a déclaré: «Je ne sais pas encore. Il est important de connaître exactement les faits».
Le Canada, comme la plupart des pays occidentaux, échange avec Israël des informations en matière de renseignement.

Remous internes

Sur le plan intérieur, les remous continuent d’agiter le monde politique et celui des médias israéliens. Une commission parlementaire chargée de contrôler les services de sécurité et de renseignements va examiner l’affaire.«J’ai demandé une convocation de la commission. Elle va certainement se réunir au cours des prochains jours», a déclaré le député Yossi Sarid, dirigeant du parti d’opposition Meretz.
M. Sarid a rappelé que la même commission s’était réunie en 1985 à la suite du scandale provoqué par la découverte d’un espion dans la marine américaine travaillant pour le compte d’Israël, Jonathan Pollard.
Vendredi, un spécialiste des services secrets, Amir Oren, estimait qu’il s’agissait «vraisemblablement du plus grand désastre de l’histoire du Mossad. Il est certain que ses chefs devront rendre des comptes et il se peut que le premier ministre ne soit pas épargné».
«Quelqu’un va devoir payer pour ce désastre. Il ne serait pas étonnant que le chef du Mossad en personne, Danny Yatom, saute, d’autant qu’il entretient de mauvais rapports avec le premier ministre», estime M. Oren.
Mais M. Netanyahu pourrait également être mis en cause puisqu’en dernier ressort c’est lui qui donne le feu vert à ce genre d’opération.
Pour le commentateur militaire du quotidien «Haaretz», «l’opération avortée révèle des défaillances ahurissantes, aussi bien au niveau de l’exécution que dans sa conception même».
Le commando, chargé de tuer Khaled Mechaal, l’a blessé avec un produit chimique et deux de ses membres se sont faits prendre après une course-poursuite à travers les rues d’Amman.
Ils auraient en outre utilisé la même voiture de marque Hyundaï qui avait été louée par deux gardes de l’ambassade d’Israël, blessés quelques jours plus tôt à Amman, selon la télévision publique. Celle-ci n’exclut pas que les deux hommes aient passé des aveux complets à leurs interrogateurs jordaniens.
Le fait que l’opération se soit déroulée à Amman a aussi failli entraîner une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, selon la même source.
Elle n’a été évité de justesse que par la libération par Israël du fondateur et guide spirituel du Hamas, cheikh Ahmed Yassine, détenu depuis plus de huit ans.