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Actualités - OPINION

Carnet de route Le sprint de Siniora


«Ya mesta’jel, ta’ ta ellak». «Al ’ajalé men el chaytan»: certains proverbes de mon grand-père, comme ceux-ci, me reviennent en mémoire depuis que je m’enracine au Liban. Quel rapport entre mon grand-père sorti du collège des jésuites de Ghazir, soyeux, puis cotonnier, et M. Fouad Siniora, ministre d’Etat chargé des Finances libanaises en 1997? Simplement, hier matin, en lisant le journal, à moitié réveillée il est vrai, j’ai cru comprendre que notre ministre des Finances était très bousculé par le pouvoir. «D’ici là (à peine quarante-huit heures), écrit un journal, M. Siniora devra présenter un rapport sur les nouvelles recettes budgétaires envisagées par l’Exécutif… Le projet de budget devrait être approuvé d’ici la fin de la semaine et transmis au Parlement dans les jours qui suivront». Diable! L’intégrité et la compétence du ministre d’Etat suffisent-elles à en faire un sprinter de l’arithmétique? Vous avez raison, il s’agit sans doute d’un rapport préfabriqué, et le dignitaire n’aura passé deux nuits blanches que pour toiletter son texte. Mais tout de même, quel sentiment d’urgence. Une urgence qui me paraît justifiée, car, une fois que le Législatif aura constaté la maigreur des recettes escomptées par la politique d’austérité, les emprunts seront plus faciles à voter, suivez mon regard. D’autant plus que le FMI, selon le numéro deux de la Banque centrale, M. Saïdi, aurait pour nous les yeux de Chimène… Je n’ai rien contre les manœuvres, quand l’intérêt supérieur de la nation est en jeu, ce qu’on nous affirme.

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Leila Khaled, elle (voir «L’Orient-Le Jour» du 30 septembre), n’est pas pressée. Elle a sa Palestine au cœur; une Palestine qui n’est pas la même que celle de Leila Chahid ou d’Edward Saïd, de Hawatmeh ou de Camille Mansour (1). A vrai dire, l’héroïne de 1969 n’est pas une Dolores Ibaruri, la pasionaria des républicains espagnols, femme politique s’il en fût, rivée à la réalité présente. Les certitudes de Leila Khaled concernent un avenir si lointain qu’il est impossible d’en juger aujourd’hui. Mais son parcours jusqu’ici est sympathique. Et puis, elle est contre «l’implantation»…

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Le système de santé libanais est au plus mal. S.M., résidente en France et donc affiliée à la sécurité sociale, me raconte, de passage ici, qu’elle a fait un séjour de trois semaines dans un des plus grands hôpitaux publics parisiens, à raison de 70 francs par jour (pour une nourriture à la carte) et d’un supplément raisonnable et facultatif pour voir Michel Drucker le soir. A part Drucker, cela fait rêver…
Amal NACCACHE

(1) Respectivement ambassadrice de Arafat en France, professeur de littérature anglaise à l’université de Columbia, chef du FDPLP, intellectuel qui fut l’un des principaux négociateurs entre l’OLP et Washington avant les accords d’Oslo. Ils sont séparés par plus que des nuances dans leur vision d’une patrie.
«Ya mesta’jel, ta’ ta ellak». «Al ’ajalé men el chaytan»: certains proverbes de mon grand-père, comme ceux-ci, me reviennent en mémoire depuis que je m’enracine au Liban. Quel rapport entre mon grand-père sorti du collège des jésuites de Ghazir, soyeux, puis cotonnier, et M. Fouad Siniora, ministre d’Etat chargé des Finances libanaises en 1997? Simplement, hier...