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Actualités - CHRONOLOGIE

Il serait adopté à la fin de cette semaine Le projet de budget élaboré au pas de charge

C’est visiblement au pas de charge que les responsables s’attellent depuis plusieurs jours à l’élaboration du projet de budget pour l’année 1998. L’Exécutif est d’autant plus pressé par le temps que la loi de finances doit être transmise à l’Assemblée dans les tout prochains jours, soit avant l’ouverture de la session ordinaire du Parlement, au début de la seconde quinzaine du mois en cours. La tâche du ministère des Finances est rendue cette année d’autant plus complexe que le pouvoir a enfin pris conscience de la nécessité de juguler et de réduire sérieusement (autant que faire se peut) le déficit budgétaire sans cesse croissant.
Le Conseil des ministres prévu pour ce soir au Palais de Baabda ne parviendra pas, vraisemblablement, à avaliser définitivement le projet de budget (lequel ne serait approuvé qu’à la fin de la semaine). La séance du Cabinet sera consacrée à la présentation d’un rapport détaillé du ministre d’Etat chargé des Affaires financières Fouad Siniora. Ce rapport comportera deux volets: un exposé de la conjoncture économique et financière actuelle; et une série de propositions visant à augmenter les recettes du Trésor (essentiellement l’imposition d’impôts indirects).
M. Siniora mettra notamment l’accent sur la nécessité impérieuse de réduire le déficit budgétaire qui a atteint jusqu’à présent, pour l’exercice en cours, non moins de 53% (alors que les prévisions du budget 97 situaient ce déficit à un niveau théorique de 37%). L’augmentation de la dette publique (estimée à près de 12 milliards de dollars) ainsi que le grave accroissement du déficit budgétaire ont provoqué des signes d’inquiétude au sein des instances financières internationales. La Banque mondiale a notamment manifesté des signes d’impatience sur ce plan, craignant que le Liban ne s’engage sur la même voie que certains pays d’Amérique latine, tels que le Mexique, notamment.
Les organismes économiques n’ont pas manqué de manifester leur inquiétude également, mettant l’accent sur la nécessité de contrôler d’une manière stricte les dépenses publiques afin de réduire le déficit. Les représentants du patronat, appuyés en cela par la centrale syndicale, rejettent, en outre, l’imposition de nouvelles taxes et de nouveaux impôts avant que la collecte des factures et des impôts puisse englober toutes les régions du pays, sans exception. Pour les organismes économiques — qui ont exposé, hier, leur point de vue à ce sujet à la commission parlementaire des Finances — le contrôle des dépenses passe inéluctablement par une refonte radicale de l’Administration publique
L’alerte rouge ayant ainsi été donnée aussi bien par la Banque mondiale que par le secteur privé, le gouvernement se serait fixé comme objectif de réduire de près de 20% le budget de la plupart des ministères, le déficit (théorique) pour le prochain exercice ne devant pas dépasser 40% (contre 37% en 1997). Tard dans la soirée d’hier, le premier ministre Rafic Hariri a tenu à sa résidence de Koraytem une longue réunion de travail avec M. Siniora afin de peaufiner le projet de budget. Cette réunion s’est poursuivie jusqu’à une heure avancée de la nuit.
Auparavant dans la soirée, le chef du gouvernement avait conféré avec successivement le ministre de la Santé Sleiman Frangié et le ministre des Déplacés Walid Joumblatt. M. Frangié, rappelle-t-on, s’est opposé à la réduction du budget de son ministère, soulignant qu’une telle réduction ne manquerait pas de se répercuter sur les soins médicaux couverts par le ministère de la Santé. L’entrevue que M. Frangié a eue hier soir avec M. Hariri aurait permis de trancher ce problème. M. Frangié aurait, de fait, obtenu satisfaction sur ce plan. Non seulement son budget ne sera pas réduit, mais il sera même augmenté: il aurait été porté à 290 milliards de LL, alors que pour l’exercice 97 il était de près de 95 milliards de LL. Cette forte augmentation, si elle se confirme, serait due principalement à la volonté du gouvernement de verser les dettes dues aux hôpitaux privés (et qui n’ont pas été honorées par l’Etat depuis plus de deux ans).
En tout état de cause, l’épisode de l’élaboration du projet de budget aura permis de mettre en évidence les tiraillements politiques qui se manifestent de plus en plus entre les pôles du pouvoir. Dans sa déclaration faite en soirée à l’issue de sa rencontre avec le premier ministre, M. Frangié a fait allusion à cette tension politique, soulignant que la population ne devrait pas en faire les frais...
Ces tiraillements politiques sont apparus clairement dans les propos tenus hier par M. Joumblatt. Ce dernier a ainsi souligné que le programme du retour des déplacés pourrait être révisé, à la lumière des coupes budgétaires, du fait que «les secteurs chrétiens ont été les principaux bénéficiaires de l’opération de retour des déplacés»! Plus saugrenue encore est la déclaration faite en soirée par M. Joumblatt qui a prôné la «fermeture de plusieurs ambassades à l’étranger», dans le cadre de la politique d’austérité actuellement en gestation...
C’est visiblement au pas de charge que les responsables s’attellent depuis plusieurs jours à l’élaboration du projet de budget pour l’année 1998. L’Exécutif est d’autant plus pressé par le temps que la loi de finances doit être transmise à l’Assemblée dans les tout prochains jours, soit avant l’ouverture de la session ordinaire du Parlement, au début de la...