Pan Pan La petite bête

Dans toutes les facultés ou presque de presque toutes les universités du presque privé — de bon sens — on vous demande, pour vous inscrire (après vous avoir admis):
1) - Avant tout, avant de dire bonjour sinon c’est adieu tout de suite, une bonne centaine de dollars. Au titre, très peu gratuit de «welcome to the club», privé on vous dit, comme si on postulait pour une key à Playboy. Un droit d’entrée, en somme, cette arnaque des «frais d’inscription» (justifiable à la rigueur en première année) se répétant, comme dans les écoles, pour chaque degré du cursus.
2) - Un extrait d’état-civil individuel date récente ou une photocopie certifiée par le moukhtar, conforme à la date d’aujourd’hui.
3) - Une photocopie de la carte de sécurité sociale de l’année précédente.
4) - Deux photos passeport authentifiées.
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L’Amérique, qui est un continent incontinent (il y pleut beaucoup du côté de Niagara) ne s’embarrasse jamais d’un tel formalisme bureaucratique, encore plus stupide dans le privé que dans le public. On peut y passer toute son existence, se déplacer partout, en n’ayant pratiquement besoin que de son numéro de sécurité sociale et d’un permis de conduire. Et d’une green card quand on est Depardieu. Nous sommes ici, visiblement, les dignes héritiers de l’Ottomanie et de la Francomanie, et nous progressons très logiquement au même rythme tortuesque et tortueux que ces deux ex-empires coloniaux.
On dira que face au grandiose dossier de l’enseignement, aux problèmes énormes sur lesquels tout le monde se casse la tête, évoquer les menus tracas des formalités d’entrée ou de rentrée, c’est vraiment chercher la petite bête sans honte.
Ouais, mais quand il faut se taper la trotte jusqu’à Bécharré ou jusqu’à Zahlé, plutôt deux fois qu’une, pour extraire l’état-civil des petits princes, qu’il faut de plus se préparer à casquer autant qu’à Princeton, on peut dire que cette petite bête-là, c’est la petite bête qui monte, qui monte…

J.I.