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Actualités - CHRONOLOGIE

Mise en garde américaine à l'Iran après les raids en territoire irakien

Les Etats-Unis ont fait savoir à Téhéran que des vols iraniens au-dessus de la zone d’exclusion aérienne, dans le sud de l’Irak, peuvent «présenter des risques pour leurs pilotes», a déclaré hier le porte-parole du Pentagone, Kenneth Bacon.
«Nous avons fait savoir très clairement à l’Iran que leurs vols dans la zone sud d’exclusion aérienne (de l’Irak) compliquent notre mise en application de la zone d’exclusion aérienne... et peuvent présenter des risques pour leurs pilotes», a souligné le porte-parole lors d’un point de presse.
Kenneth Bacon réagissait aux raids aériens iraniens annoncés lundi par Bagdad. Des opposants iraniens soutenus par le régime irakien ont affirmé que deux de leurs bases avaient été touchées.
«Nous pourrions avoir des difficultés à faire la distinction» entre des avions irakiens et des avions iraniens dans cette zone d’exclusion aérienne, a poursuivi le porte-parole, en ajoutant que la détermination des Etats-Unis à faire respecter cette zone était intacte.
Bagdad, pour sa part, s’est plaint au secrétaire général des Nations Unies de ce que l’Iran exploite les interdictions de vol imposées à l’Irak pour lancer des raids aériens contre son territoire, a rapporté l’agence officielle INA.
Dans un message adressé à M. Kofi Annan par le vice-premier ministre irakien Tarek Aziz, Bagdad accuse l’Iran d’avoir «exploité les difficiles circonstances nées de l’embargo injuste qui lui est imposé pour mener son attaque», a indiqué INA captée dans la nuit de lundi à mardi par les services d’écoute de la BBC reçus à Dubaï.
D’après Bagdad, l’aviation iranienne a mené des raids lundi dans deux provinces frontalières de l’Iran, où des opposants iraniens soutenus par Bagdad ont affirmé que deux bases avaient été touchées.
A Téhéran, un porte-parole militaire iranien a confirmé une attaque aérienne contre «une base» des Moudjahidine du peuple en Irak.
Selon M. Aziz, l’Iran, et «un autre pays» — allusion à la Turquie dont les forces opèrent dans le nord de l’Irak —, ont «exploité le maintien des zones d’exclusion aérienne imposées par les Etats-Unis».
«Le maintien des zones d’interdiction de vol (...) constitue une menace pour la souveraineté de l’Irak et sa sécurité non seulement de la part des Etats-Unis et de ceux qui l’aident à imposer l’interdiction de vol, mais aussi de la part de l’Iran et d’autres pays», ajoute la lettre de M. Aziz.
«La poursuite des agressions contre l’Irak signifie que l’engagement des Nations Unies à préserver la souveraineté de l’Irak n’existe que sur le papier», a déclaré M. Aziz.
Le porte-parole du département d’Etat James Rubin a déclaré lundi que l’Irak devait respecter les zones d’interdiction «quelles que soient les circonstances».

Une manœuvre
de Saddam

L’Irak, qui tente de jouer la carte de la menace iranienne pour se trouver des alliés comme il l’a fait dans les années 80, ne réussira pas cette fois, ont estimé hier des experts dans le Golfe.
L’Irak demande la levée des interdictions de vol imposées à son aviation dans le nord et le sud du pays pour se défendre contre des raids aériens lancés par l’Iran.
Il avait réussi pendant sa guerre contre l’Iran (1980-88), à se faire financer par les pays du Golfe et armer par l’Occident, inquiets des dangers d’exportation de la révolution iranienne.
Le président irakien «Saddam Hussein parie sur l’hostilité des Occidentaux à l’égard de l’Iran, mais je doute qu’il puisse en tirer profit», a estimé mardi le directeur du centre des Emirats arabes unis pour les études stratégiques à Abou Dhabi, Jamal Sanad al-Suaidi.
Selon M. Suaidi, Saddam Hussein «ne pourra pas obtenir un assouplissement de la position de l’Occident, surtout celle des Etats-Unis».
«Les Irakiens veulent tirer argument de cette attaque pour soutenir leur demande de levée des sanctions», a estimé Terry Taylor, directeur adjoint de l’Institut international d’études stratégiques à Londres. «Mais ils ne s’attendent pas sérieusement à la levée de la zone d’interdiction aérienne», a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne interdisent à l’aviation irakienne de voler au nord du 36e parallèle et au sud du 33e parallèle, qui passe au sud de Bagdad. Ces mesures ont été prises à l’origine pour protéger les populations kurdes du nord et chiites du sud du pays contre des bombardements irakiens.
«Saddam Hussein peut essayer de convaincre le monde de la menace iranienne. Mais ce n’est pas très convaincant», a poursuivi M. Taylor, en relevant que Bagdad avait tenté également de se réconcilier avec Téhéran.
Mais que Téhéran lance une telle attaque «montre qu’il se passe quelque chose de plus grave, quelque chose qui inquiète Téhéran».
L’Iran a expliqué avoir lancé ces raids «en représailles aux actions terroristes» menées ces derniers jours en territoire iranien par les Moudjahidine du peuple qui ont tué et blessé «de nombreux civils iraniens». (AFP)
Les Etats-Unis ont fait savoir à Téhéran que des vols iraniens au-dessus de la zone d’exclusion aérienne, dans le sud de l’Irak, peuvent «présenter des risques pour leurs pilotes», a déclaré hier le porte-parole du Pentagone, Kenneth Bacon.«Nous avons fait savoir très clairement à l’Iran que leurs vols dans la zone sud d’exclusion aérienne (de l’Irak) compliquent...