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Actualités - ANALYSE

Efforts multiples pour un compromis...

Comme il est hors de question de faire sauter un gouvernement qui malgré son auto-blocage ne veut pas partir de lui-même, les cercles politiques s’efforcent actuellement de parvenir à un compromis. Et c’est tout naturellement le président de la Chambre, M. Nabih Berry, qui déploie le plus de contacts dans ce sens car il sait que le Parlement, tout comme le gouvernement, risque de se retrouver englué dans ses propres contradictions, quand il sera amené à se saisir du problème, à travers le débat sur le projet de budget 98. Les députés ne peuvent en effet que critiquer le plan gouvernemental, ou du moins les vues du tandem Hariri-Siniora (puisque le gouvernement en tant que tel est divisé), sans pour autant être en mesure d’aller au bout de leur logique, de voter la défiance ou de rejeter le projet de budget.
Mais le replâtrage est a priori assez difficile. Au stade actuel en effet, le président du Conseil n’en démord pas et ne renonce pas à son idée de base: compter essentiellement sur une hausse substantielle de la taxe-essence (au moins 3.000 L.L. les 20 litres) pour financer l’emprunt de huit cents millions de dollars qu’il veut contracter pour équilibrer un peu les finances publiques et, s’il en reste, pour donner des sous aux régions déshéritées ainsi qu’au ministère des Déplacés.
Quoi qu’il en soit, procédure prévisible, après M. Hariri c’est M. Berry qui est allé demander Conseil à Damas. Il en est revenu avec l’impression qu’il s’agit aujourd’hui d’aider le gouvernement à surmonter ses difficultés, ses divisions et ses complexes. Avec la quasi-assurance que le gouvernement, condition sine qua non évidente, consentirait pour commencer à s’aider lui-même, en faisant montre de souplesse face aux propositions médianes que les conciliateurs lanceraient sur le marché.

«Oui, mais...»

Les ministres opposants (ils sont plus de la moitié comme on sait) répètent pour leur part qu’ils ne sont pas contre le principe de base du plan de développement de M. Hariri, qu’ils en approuvent les objectifs et les projets, mais qu’ils ne peuvent accepter la flambée de l’essence, qui entraînerait sans nul doute une inflation de tous les prix. Ils ajoutent que la mesure serait d’autant plus intolérable qu’elle frapperait bien plus les contribuables désarmés que les nantis. Et ils redisent qu’ils auraient à la limite avalé toutes les couleuvres si le plan dans son ensemble n’était pas visiblement le fruit d’une improvisation brouillonne donnant une impression de panique face au trou béant-géant du Trésor, à l’heure où il s’agit d’établir le budget de l’an prochain.
Autrement dit les ministres opposants soupçonnent MM. Hariri et Siniora de vouloir consacrer les huit cents millions de dollars à enjoliver le budget 98 et à rien d’autre, sans se soucier ni de la charge que cette dette pourra ensuite représenter pour le pays, ni des retombées sociales que la surtaxation prévue provoquerait. Ces ministres exigent donc qu’on leur dise d’abord avec exactitude comment chaque cent des huit cents millions de dollars va être dépensé, et qui va contrôler cette dépense. L’un d’eux, M. Nadim Salem ministre de l’Industrie, souligne ainsi la nécessité d’un plan scientifique et détaillé. Il ajoute, comme beaucoup de ses collègues, que pour la question essentielle sur le plan national du retour des réfugiés, l’on a dépensé à ce jour plus de 500 millions de dollars, sans trop d’effets visibles sur le terrain, les variations d’estimations (allant de 5% selon certains à 60% selon d’autres!) étant effarantes par elles-mêmes et prouvant que le pouvoir navigue là à l’aveuglette...
M. Salem, approuvé par le ministre Talal Arslane, note également dans le vague, côté projets et que le devis de 150 millions de dollars a été lancé d’une manière fantaisiste, sans étude sérieuse...
On le voit: la confiance règne. Et l’on comprend dès lors que M. Berry et d’autres s’inquiètent: si le gouvernement est divisé à ce point, comment l’attaquer et comment le soutenir?...

Ph. A.-A.
Comme il est hors de question de faire sauter un gouvernement qui malgré son auto-blocage ne veut pas partir de lui-même, les cercles politiques s’efforcent actuellement de parvenir à un compromis. Et c’est tout naturellement le président de la Chambre, M. Nabih Berry, qui déploie le plus de contacts dans ce sens car il sait que le Parlement, tout comme le gouvernement, risque...