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Actualités - CHRONOLOGIE

L'ancien premier ministre juge le projet Hariri Hoss : une fuite en avant qui prouve l'échec de la politique du gouvernement

M. Sélim Hoss, ancien premier ministre, a prononcé un véritable réquisitoire contre les orientations socio-économiques du gouvernement, estimant que le projet d’emprunt de 800 millions de dollars constitue une fuite en avant et prouve l’échec de la politique menée depuis des années par le président Rafic Hariri.
Lors d’une conférence de presse organisée à son domicile, M. Hoss a proposé des solutions de rechange susceptibles, selon lui, de juguler la crise. Ces solutions passent par la réduction des dépenses publiques, l’arrêt du gaspillage, la suspension des projets adjugés de gré à gré et une meilleure perception des impôts.
«La décision d’emprunter une somme de cette importance constitue une fuite en avant, a déclaré l’ancien premier ministre. Alors que l’inquiétude face à l’augmentation de la dette publique ne cesse de croître dans le pays, voilà que le gouvernement exprime son intention de contracter de nouveaux prêts. A la fin du mois d’août, la dette publique s’élevait à 12,6 milliards de dollars, soit un peu plus que le produit national brut. Ce volume d’endettement n’est pas sain. Nous avons franchi la ligne rouge et il suffit de savoir que les pays signataires de l’accord de Maastricht ont imposé aux Etats désirant adhérer à l’Union européenne une condition essentielle: leur dette ne doit pas être supérieure à 60% du produit intérieur».
Selon l’ancien chef de gouvernement, le projet de nouvel emprunt est une preuve de l’échec de la politique du gouvernement.
«Le fait de contracter des prêts de cette importance, conjugué aux impôts supplémentaires que l’Exécutif se propose de lever, ne figurait pas dans la déclaration ministérielle qui a permis au gouvernement d’obtenir la confiance du Parlement, a indiqué M. Hoss. De même qu’il n’en est pas fait mention dans le budget de 1997 ni dans les lois de finances qui se sont succédé depuis 1992. La vérité est que le Cabinet, après avoir constaté l’échec de sa politique, l’augmentation du déficit et de la dette, a décidé de choisir la méthode la plus facile pour réduire le déficit, celle qui consiste à augmenter les taxes».

Priorités

Dénonçant l’absence de priorités dans les orientations de l’Exécutif, M. Hoss a déclaré: «Où est le prétendu plan de développement? On nous dit par exemple que 200 millions de dollars sont consacrés au retour des déplacés. Tout le monde sait que jusqu’à présent, le gouvernement a dépensé 500 millions de dollars pour ce dossier, auxquels il faut ajouter les 300 millions déboursés par la société Solidere. Le résultat est que moins de 20% des déplacés sont rentrés chez eux. A quoi vont servir les 200 millions de dollars? Où est le plan global et détaillé comportant une estimation approximative du coût du processus de retour? Où est le calendrier? Où est le programme de développement des régions les plus déshéritées? Quand on faisait état d’une crise dans le pays, les responsables le niaient. Et puis, qu’est-il advenu des promesses de la Conférence des amis du Liban et des trois milliards de dollars qui avaient été promis?»
Soulignant que le gouvernement a toujours critiqué les opposants à sa politique en affirmant qu’ils ne possédaient pas de solutions de rechange, M. Hoss a avancé quelques propositions susceptibles, selon lui, de juguler la crise qui secoue le pays. «La solution est le contraire de la politique suivie actuellement par l’Exécutif, a-t-il dit. C’est une politique d’austérité, de réduction des dépenses, d’arrêt du gaspillage, dont les responsables reconnaissent l’existence. Il faut aussi éviter d’adjuger des projets de gré à gré et élaborer un programme de développement global et équilibré, avec des priorités bien définies. Pour accroître ses recettes, l’Etat doit percevoir tous les impôts (...). Par ailleurs, les citoyens, notamment ceux qui ont des revenus limités, n’ont pas les moyens de payer des impôts supplémentaires alors que le pays traverse une crise sociale aiguë. S’il faut à tout prix augmenter les taxes, ce sont les produits de luxe, comme les boissons alcoolisées, qui devraient être touchés. Le projet d’emprunt du gouvernement aurait provoqué une flambée des prix des produits de consommation».
M. Hoss s’est d’autre part déclaré opposé à la modification de l’indice d’exploitation pour permettre la construction d’un étage supplémentaire dans les immeubles afin de financer le retour des déplacés, affirmant qu’un tel projet porte atteinte aux principes les plus élémentaires de l’urbanisme.
l De son côté, le chef du Parti national libéral, M. Dory Chamoun, a écarté l’éventualité d’une chute du gouvernement. «Les propos concernant une hypothétique démission sont ridicules, car la démission de M. Hariri impliquerait le sabordage du projet «Solidere», a-t-il dit.
M. Chamoun a fait cette déclaration au terme d’un entretien avec le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, qui présidera aujourd’hui, à Bkerké, une réunion extraordinaire de l’Assemblée des évêques avant de se rendre dimanche à Rome pour participer aux travaux du synode consacré à l’Asie.
l Le ministre d’Etat pour les Relations avec le Parlement, M. Elias Hanna, a indiqué que «le projet Hariri fait l’objet d’une unanimité certaine mais que le différend porte sur les moyens de le financer».
M. Hanna a ajouté: «La majorité des ministres ont refusé le principe d’une augmentation de la taxe sur les carburants, seul moyen envisagé pour réduire le déficit budgétaire et assurer le service de la dette qui devra être contractée au terme de ce projet».
M. Sélim Hoss, ancien premier ministre, a prononcé un véritable réquisitoire contre les orientations socio-économiques du gouvernement, estimant que le projet d’emprunt de 800 millions de dollars constitue une fuite en avant et prouve l’échec de la politique menée depuis des années par le président Rafic Hariri.Lors d’une conférence de presse organisée à son domicile,...