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Actualités - INTERVIEWS

Des ministres lui auraient proposé de reporter de deux mois son nouveau plan fiscal Mon projet finira par passer, assure Hariri

Des ministres lui auraient proposé de reporter de deux mois son nouveau plan fiscal

«Je ne démissionnerai pas. Le projet de nouvelles taxes passera. Il ne peut pas en être autrement. Les élections municipales auront lieu au printemps. Il n’est pas question qu’elles soient ajournées. J’assure que le mandat du chef de l’Etat ne sera pas prorogé. Mes relations avec le président Berry sont bonnes...». Quelques heures après le rejet en Conseil des ministres de son projet d’emprunt de 800 millions de dollars, le chef du gouvernement a, semble-t-il, voulu mettre les points sur les «i» et tenter de balayer tous les doutes qui pèsent depuis quelque temps sur le sort de son équipe et l’opportunité de son action.
Quatre heures de débat en Conseil des ministres pour convaincre une équipe ministérielle réticente du bien-fondé de son nouveau plan fiscal, suivies de quatre autres heures de débat télévisé en soirée, M. Hariri n’a pas lésiné, hier, sur les moyens visant à rallier à ses vues une opinion publique de moins en moins acquise au programme économique appliqué depuis 1992 et par conséquent à lui faire avaler la pilule des nouvelles taxes. Il a notamment minimisé l’importance de la rebuffade qu’il a essuyé en Conseil des ministres, estimant que l’Etat n’a pas d’autre choix pour aller de l’avant dans l’exécution de son programme de développement tout en cherchant à réduire le déficit budgétaire et à améliorer l’état des finances de l’Etat.
Selon M. Hariri, un remaniement ministériel ne se décide pas à la lumière de positions prises par les ministres, lors d’une seule réunion du gouvernement. «Le maintien du premier ministre au pouvoir est tributaire de la confiance que lui a accordée le Parlement. Son départ est la conséquence soit de sa propre décision de démission, soit de la démission du quart des ministres ou du retrait de la confiance du Parlement», a-t-il dit.
Au cours de l’interview télévisée, M. Hariri a reconnu qu’il y a «un problème de confiance entre le pouvoir et le peuple mais pas au point de croire les propos d’un ministre qui suppose que 75% de la population est hostile au gouvernement. Personnellement, le jour où j’aurai ce sentiment je démissionnerai. Je ne resterai pas au pouvoir par la force».
Il a qualifié de «bonnes» ses relations avec le chef du Législatif avant de faire remarquer que certaines circonstances font qu’ils adoptent des positions qui ne sont pas nécessairement convergentes.
Réfutant l’un des arguments de ses détracteurs, M. Hariri a déclaré que les hommes au pouvoir agissent dans des circonstances exceptionnelles et on ne peut donc les juger comme si le pays était souverain et le Liban-Sud libéré de toute occupation.
En réponse à une question, M. Hariri a affirmé que les municipales ne doivent pas être reportées. Il a reconnu qu’il a été à l’origine de leur report il y a moins d’un an craignant un déséquilibre au niveau de la représentation des chrétiens au sein de certaines municipalités.
Evoquant la prorogation du mandat du président de la République, M. Hariri s’est dit en mesure d’affirmer que le président Elias Hraoui a déjà arrêté une position claire à ce sujet. «Il rejette catégoriquement toute idée de renouvellement de son mandat», a-t-il affirmé.
Par ailleurs, il s’est dit opposé à toute idée d’amendement de la politique fiscale du gouvernement, par allusion aux propositions faites par certains ténors de l’opposition au sujet d’un relèvement des impôts sur les bénéfices des sociétés opérant à partir du Liban.
Selon lui, la proportion des 10% imposée aux sociétés ne doit en aucun cas être majorée. Elle porterait atteinte à la crédibilité de l’Etat et découragerait les investisseurs à venir s’établir dans le pays. Il a réaffirmé sa volonté d’assurer les garanties et les facilités nécessaires aux investisseurs afin qu’ils développent leurs opérations au Liban. «Les fondements de la politique fiscale ne sont pas faux, c’est le processus de collecte des impôts et taxes qui est défaillant», a-t-il estimé.
M. Hariri a jugé que le fait de recourir à une surimposition des secteurs productifs de l’économie libanaise relevait de l’amateurisme. «Imposer de nouvelles charges au secteur bancaire qui a enregistré une croissance sensible ces dernières années, ferait inévitablement fuir les capitaux. Si l’on cherche à faire du Liban un paradis fiscal et à accroître les investissements des étrangers dans ce pays, on ne peut se permettre de modifier notre politique fiscale tous les trois à quatre ans», a-t-il souligné.
M. Hariri s’est dit fier de ses réalisations au cours de ces cinq années passées au pouvoir affirmant que le taux d’inflation est aujourd’hui aux alentours de 10% alors qu’il avait atteint les 128% au moment de sa désignation à la tête du gouvernement.
Il a réaffirmé qu’il était persuadé de «la justesse de ma politique fiscale», accusant ses détracteurs de ne pas proposer de solutions de substitut.
Le premier ministre a rappelé le tollé suscité par les lois-programme présentées il y a deux ans pour le financement de projets de développement dans le pays. «Ces lois ont été qualifiées d’anticonstitutionnelles et aujourd’hui, le projet d’emprunt de huit cents millions de dollars est dévié», a-t-il dit. Selon le chef du gouvernement, l’opposition au relèvement du prix de l’essence est d’ordre plus politique qu’économique. Il a indiqué que certains ministres parmi les détracteurs du projet redoutent plus que tout la rentrée scolaire et lui ont suggéré, durant la réunion du Conseil des ministres, d’ajourner de deux mois le projet. «Mais est-ce que je peux faire attendre autant la loi de finances?», s’est-il exclamé, précisant que c’est lorsqu’il a proposé de baisser la taxe prévue sur l’essence de deux mille livres — de 5000 L.L. à 3000 L.L.— et que les ministres ont quand même dit «non» qu’il a «réalisé» que leur opposition revêtait un caractère politique.
M. Hariri a toutefois assuré que son projet passera. «Non pas que je suis obstiné mais il ne peut pas en être autrement. Il faut que des rentrées soient assurées au Trésor», a-t-il dit, estimant qu’il parviendra à convaincre son équipe de l’opportunité de son plan. Le président du Conseil a nié tout lien entre l’objection des membres de son gouvernement et les informations des derniers jours au sujet d’un éventuel remaniement ministériel. Il a accusé les médias d’être à l’origine des «rumeurs» concernant un changement ministériel et de «mal rapporter» la teneur de ces conversations avec le président de la République lorsqu’il lui arrive d’évoquer avec lui le cas d’un ministre. A la question de savoir pourquoi le gouvernement ne table pas, pour le renflouement du Trésor, sur les taxes qu’il peut percevoir grâce à la mise en application du texte relatif aux infractions à la loi sur les biens-fonds maritimes, il a répondu en accusant le Parlement de retarder l’approbation du projet de loi en question «qui lui a été soumis depuis deux ans». Quand aux raisons de ce retard, il les a attribuées à «des conflits d’intérêts».
Le chef du gouvernement s’est aussi déclaré résolument opposé à tout projet de réduction du compte 36 (le compte de l’Etat auprès de la Banque du Liban), expliquant qu’il sert essentiellement à parer à tout imprévu et à résoudre les problèmes de liquidité sur le marché monétaire. Selon lui, ceux qui appellent l’Etat à puiser dans ce compte pour financer les projets de développement «veulent ainsi laisser le pays sans défense».
M. Hariri a enfin vivement nié toute intention de l’Etat de rééchelonner ses dettes. «Sommes-nous donc incapables de les rembourser?», a-t-il lancé, avant d’insister sur la solvabilité du Liban et sur la nécessité que toutes les échéances soient respectées.
Des ministres lui auraient proposé de reporter de deux mois son nouveau plan fiscal«Je ne démissionnerai pas. Le projet de nouvelles taxes passera. Il ne peut pas en être autrement. Les élections municipales auront lieu au printemps. Il n’est pas question qu’elles soient ajournées. J’assure que le mandat du chef de l’Etat ne sera pas prorogé. Mes relations avec le...