Les islamistes frappent à Amman : deux gardes de l'ambassade israélienne blessés par balles Un acte terroriste très grave, affirme Tel-Aviv (photos)

«Un acte terroriste très grave», affirme Tel-Aviv
Deux Israéliens, responsables de la sécurité à l’ambassade de l’Etat hébreu à Amman, ont été blessés par balles, lundi, par des inconnus. Tel-Aviv a qualifié de «très grave» cet «acte terroriste» et les responsables jordaniens, le roi Hussein en tête, ont multiplié les condamnations, les deux parties s’accordant à reconnaître que l’affaire n’était pas de nature à affecter leurs relations.
De Beyrouth, un mouvement islamiste inconnu jusque-là a revendiqué l’attentat. Réaction d’Amman: «Cette revendication n’est pas crédible et nous n’y attachons aucune importance».
Dans un communiqué dactylographié, en arabe, parvenu au bureau d’une agence internationale à Beyrouth, «la Résistance islamique jordanienne» affirme que «le commando du moujahid (combattant de l’islam) Ahmad Dakamseh a mitraillé à 8h30 heure locale à Amman une voiture appartenant aux bandes du (premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu, y faisant des victimes».
«Notre action est une riposte aux agissements de l’ennemi sioniste contre les peuples de Jordanie, de Palestine et du Liban», ajoute le texte.
Ahmad Dakamseh, un soldat jordanien, est l’auteur d’un attentat anti-israélien, le 13 mars dernier à la frontière jordano-israélienne, au cours duquel sept écolières israéliennes avaient été tuées. Il a été condamné en juillet par un tribunal militaire à la prison à perpétuité avec travaux forcés.Le communiqué a en outre «appelé les membres de l’ambassade israélienne à quitter la Jordanie dans un délai d’un mois, à partir de ce jour, sinon nous poursuivrons notre action militaire contre la présence sioniste sur notre terre».
Il a également adressé une mise en garde aux touristes israéliens se rendant en Jordanie. «La mort vous attend dans notre pays et nous appelons le gouvernement à stopper toute forme de normalisation avec l’ennemi sioniste».

Statut diplomatique

«Deux inconnus, circulant à bord d’une voiture, ont tiré en direction du véhicule dans lequel se trouvaient les deux Israéliens, blessant légèrement l’un au bras, l’autre à la jambe», a indiqué le ministre jordanien de l’Information Samir Motaweh.
L’attentat a eu lieu à 7h50 heure locale, dans la région de Jebel Amman, à quelques kilomètres du siège de l’ambassade d’Israël, a-t-il ajouté.
Les deux Israéliens, Moshe Lévine (27 ans) et Ikham Khadar (24 ans), qui étaient armés, ont riposté, blessant au moins l’un des deux assaillants qui circulaient à bord d’une voiture coréenne de type Hyundaï, de couleur crème, selon des responsables jordaniens.
Le porte-parole de l’ambassade d’Israël en Jordanie, M. Roy Gillad, a indiqué que les deux Israéliens, ayant le «statut diplomatique», avaient été hospitalisés à Amman.
Ikham Khadar a été opéré «après avoir reçu des balles dans les deux jambes», selon le Dr Daoud Hanania, directeur de l’hôpital Arab Center où il a été admis.
Les blessures du second, soigné à la Cité médicale al-Hussein, «sont légères et il pourra quitter l’hôpital très bientôt», a indiqué l’établissement.
Les assaillants «ont immédiatement pris la fuite» après l’attaque et la «police les recherche après avoir entendu des témoinages de passants qui ont donné des informations sur la voiture et ses occupants», a indiqué M. Motaweh.
Le roi Hussein a qualifié de «navrant et dégradant» l’attentat. Le souverain jordanien, qui visitait les deux blessés à la Cité médicale al-Hussein, s’est déclaré convaincu que les auteurs de l’attentat seraient vite identifiés.
«Je suis persuadé que nous connaîtrons bientôt l’identité des responsables de cet attentat et leurs intentions», a déclaré le roi Hussein à la presse.
Il a estimé que «de telles actions sont contraires aux valeurs morales des Jordaniens», et qu’il était «navré» qu’une telle attaque «dégradante» ait eu lieu dans son pays.
Le gouvernement jordanien a affirmé, dans un communiqué, son engagement à combattre «le terrorisme et à l’extirper d’où qu’il vienne» et s’est dit déterminé à «frapper d’une main de fer tous ceux qui cherchent à porter atteinte à la stabilité du pays, la sécurité de ses citoyens et de ses hôtes».
La sûreté générale jordanienne a promis une «récompense financière substantielle» à toute personne susceptible de lui fournir des informations sur les auteurs de l’attentat ou sur le véhicule.
Le vice-premier ministre par intérim, Abdallah Nsour, a reçu l’ambassadeur d’Israël Oded Eran et lui a exprimé la «ferme dénonciation de la Jordanie et ses regrets pour cet acte lâche».
Un haut responsable jordanien a affirmé, sous couvert de l’anonymat, qu’il s’agissait d’un «acte isolé».
Tout en estimant que l’attentat ne remettait pas en cause les relations entre les deux pays, le ministre israélien de la Défense Yitzhak Mordehaï a qualifié de «très grave» cet «acte terroriste». «Je suis convaincu que les services de sécurité jordanien agiront fermement contre le terrorisme», a-t-il commenté.
L’ambassade d’Israël s’est installée en décembre 1996 à Tlaa el-Ali, un quartier résidentiel d’Amman, après avoir occupé des locaux exigus dans un grand hôtel de la capitale jordanienne pendant vingt mois. Un important dispositif de sécurité entoure le siège de la chancellerie.