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Actualités - CHRONOLOGIE

Party favors : l'atmosphère sordide de l'Ottawa politique

Emois dans le monde politique canadien: un livre anonyme esquisse le portrait peu flatteur de la capitale canadienne qui, sous des apparences anodines, se repaît d’une atmosphère sordide et scandaleuse, lourde de luttes sourdes entre politiciens puissants.

«Party Favors» («Faveurs politiques» dans son édition francophone) se veut la version canadienne du best-seller américain «Primary Colors», roman à clefs qui anima la chronique électorale aux Etats-Unis.
«Ottawa est une petite ville triste et déplaisante où beaucoup de choses sont dites, mais très peu sont faites», explique le personnage principal de «Party Favors», un jeune et talentueux journaliste d’investigation.
«Même si elle prétend à une certaine grandeur, la ville ne sera jamais rien d’autre qu’un ancien camp de bûcherons maintenant peuplé de centaines de mégalomanes sans âme».
L’auteur de «Party Favors» se cache sous le pseudonyme de Pierre Untel. Et personne ne sait si Untel est Unetelle, francophone ou anglophone, responsable politique ou critique, laissant la voie libre à une multitude de théories.
«Primary Colors», qui se déroule dans le Washington de Bill Clinton, avait également donné lieu à une traque à l’identité de son auteur. Il avait fallu plusieurs semaines avant que Joe Klein, commentateur politique influent, ne se dévoile.
A la différence de son devancier, «Pierre Untel» accorde des entretiens par le biais de forums de discussions sur Internet vers lesquels ses attachés de presse orientent les journalistes.
Pourquoi se retrancher derrière l’anonymat? «D’aucuns disent que c’est un outil de marketing. Pour moi, c’est le pur plaisir d’entendre réagir les gens», répond «Pierre Untel» dans une entrevue «en-ligne» accordée à Reuter. «La plupart des gens, surtout les critiques littéraires, ont réagi au livre avec dédain», reconnaît-il.
Mais les ventes du roman sont bonnes, même si certains de ses passages, peuplés de journalistes perfides et de personnalités sans envergure de la Colline parlementaire, échappent aux lecteurs non initiés aux arcanes du pouvoir fédéral canadien.
«Ottawa est le Hollywood du Canada et les gens aiment en entendre parler», explique «Pierre Untel».

Le réel

Dans «Party Favors», on croise un ministre des Finances suave, ambitieux et possédant de très bonnes relations, que rien ne pourrait stopper dans sa quête du poste de premier ministre. De son cabinet feutré fusent des rumeurs de fuites sur le budget, de relations sexuelles «opportunistes», de corruption et même de meurtres.
Le premier ministre fictif, Bobby Laurier, est un politicien au grand cœur, un peu campagnard et bourru, mais aussi rusé qu’un renard, décrit comme «un personnage aux drôles d’allures, avec ses oreilles immenses et son sourire de guingois», une sorte «d’oncle Bobby qui prépare des hamburgers sur le barbecue en racontant de mauvaises blagues aux enfants».
Parfaite description de… Jean Chrétien, véritable premier ministre canadien. Et décalque à peine voilé de son ministre — réel — des Finances, Paul Martin, qui fut son adversaire malheureux dans la course à la direction du Parti libéral, en 1990.
Paul Martin est considéré comme un premier ministre-bis au sein du gouvernement libéral et certaines rumeurs le disent déjà en campagne secrète pour succéder à Chrétien.
Plus discret que «Primary Colors» sur la vie sexuelle de ses dirigeants de fiction, «Party Favors» relate bien quelques aventures d’alcôve, mais «oncle Bobby» n’est jamais impliqué. «La politique canadienne n’est pas nécessairement plus monotone (que la politique américaine). Elle est simplement, voyons, différente», hésite «Pierre Untel». «Le nombre de conspirateurs dans les antichambres est proportionnel, je crois! Vous savez, c’est une des dispositions de l’ALENA (l’Accord de libre-échange nord-américain), nous devons avoir une quantité proportionnelle de scandales, de trahisons et de malhonnêteté». (Reuter)
Emois dans le monde politique canadien: un livre anonyme esquisse le portrait peu flatteur de la capitale canadienne qui, sous des apparences anodines, se repaît d’une atmosphère sordide et scandaleuse, lourde de luttes sourdes entre politiciens puissants.«Party Favors» («Faveurs politiques» dans son édition francophone) se veut la version canadienne du best-seller américain...