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Actualités - BIOGRAPHIE

Lâché par la Havane sous la pression de Moscou


La mort d’Ernesto Che Guevara n’est pas le fruit de sa prétendue disgrâce auprès des autorités cubaines mais de la pression qu’exerça Moscou sur La Havane, affirme l’historien mexicain Jorge Castaneda dans une biographie qui paraît à l’occasion du trentième anniversaire de son exécution en Bolivie.
Spécialiste des mouvements de gauche latino-américains, Castaneda conteste la théorie répandue d’une «mission impossible» qu’aurait confiée Castro à Guevara pour se débarrasser de son ancien compagnon d’arme, devenu gênant.
La thèse qu’il défend dans «Companero: vie et mort de Che Guevara», explore la piste soviétique. Selon Castaneda, l’arrivée de l’Argentin en Bolivie pour y ouvrir un nouveau front révolutionnaire, un second Vietnam, contrecarrait la politique de détente avec les Etats-Unis que recherchait alors la direction soviétique.
Moscou aurait alors contraint La Havane à lâcher Che Guevara et ses hommes. Les relations spéciales qui liaient le géant soviétique à l’île castriste offraient à Moscou un instrument de pression incomparable.
«Je suis persuadé que Fidel l’a envoyé en Bolivie pour le sauver plutôt que pour le tuer», résume Jorge Castaneda dans un entretien accordé à Reuter. Explications: l’objectif prioritaire d’Ernesto Guevara était de retourner en Argentine, sa patrie, pour y combattre la junte au pouvoir. Or, deux ans plus tôt, Jorge Masetti, un autre révolutionnaire argentin, avait disparu lors d’une mission semblable à celle dont rêvait le Che.
En l’envoyant en Bolivie, en 1966, Castro voulait épargner la vie de son ancien bras droit à l’époque de la Sierra Maestra, poursuit Castaneda.
Mais l’opération tourne très vite au naufrage. Affaiblie par la faim et la maladie, par les trahisons, sans soutien réel de la population, la colonne de Guevara se retrouve rapidement sans contact avec La Havane et traquée par l’armée bolivienne.

«Castro savait»

Le 9 octobre 1967, près de Vallegrande, Che Guevara est abattu après avoir été fait prisonnier. Il a trente-neuf ans.
Se fondant sur des documents d’archives récemment accessibles du Foreign Office britannique et de l’ex-Union soviétique et de longs entretiens avec d’anciens compagnons du Che et de dirigeants communistes cubains et soviétiques aujourd’hui à la retraite, Jorge Castaneda tente de démonter deux «contre-vérités».
La Havane, assure-t-il tout d’abord, savait parfaitement ce qui se passait en Bolivie. «Castro a toujours tenté de donner l’impression qu’il n’avait pas su réellement ce qui arrivait, et c’est faux», selon lui.
«La seconde contre-vérité, poursuit-il, c’est la raison pour laquelle personne ne fut envoyé en renfort. Ce n’est pas parce que ce n’était pas possible, mais parce que le gouvernement soviétique a menacé La Havane: ‘Aidez-le, et c’est terminé’.» (Reuter)
La mort d’Ernesto Che Guevara n’est pas le fruit de sa prétendue disgrâce auprès des autorités cubaines mais de la pression qu’exerça Moscou sur La Havane, affirme l’historien mexicain Jorge Castaneda dans une biographie qui paraît à l’occasion du trentième anniversaire de son exécution en Bolivie.Spécialiste des mouvements de gauche latino-américains, Castaneda...