Réformes, budget : nations désunies

Les dirigeants de 185 pays se retrouvent à partir de lundi au siège des Nations Unies, à New York, et devraient s’affronter sur les projets de réforme et les finances chancelantes de l’ONU, selon les diplomates.

Les Etats-Unis devaient être la principale cible de la plupart des pays européens et des pays en développement pour leur refus de payer sans condition leur dette de 1,5 milliard de dollars qui met en péril les finances des Nations Unies.
Une centaine d’autres pays, généralement parmi les plus pauvres, doivent également 1,1 milliard de dollars à l’ONU.
La persistance des conflits en Afrique et la situation toujours trouble en Bosnie vont , par ailleurs, être discutées lors de deux réunions ministérielles, dont une réunion OTAN-Russie, en marge de la 52e session de l’Assemblée générale.
Celle-ci sera ouverte lundi matin par le président américain Bill Clinton, qui évoquera la question des arriérés de paiement des Etats-Unis, selon la Maison-Blanche.
Washington a proposé de payer sa dette, mais en partie seulement — quelque 900 millions de dollars —, et réclame en contrepartie une réduction de son barème de contributions de 25% à 20% en l’an 2000.
Le Congrès à majorité républicaine exige de l’ONU de substantielles économies avant de donner son feu vert au paiement de la dette.
Le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright s’efforcera de convaincre les principaux partenaires des Etats-Unis d’accepter les conditions posées par le Congrès, en avertissant que cela était pratiquement à prendre ou à laisser.
Mme Albright, ancienne représentante des Etats-Unis à l’ONU, passera deux semaines à New York.
Cette position rend furieux les Européens, qui contribuent pour près de 40% au budget des Nations Unies et qui ont jusqu’à présent comblé le trou financier.

«Délinquance»

«Il est impossible d’accepter un tel chantage», a de son côté affirmé l’ambassadeur canadien, Robert Fowler.
De nombreux pays en développement y voient aussi une marque d’arrogance des Etats-Unis.
Un diplomate latino-américain a même accusé Washington de «délinquance financière».
Le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan craint en tout cas que la querelle financière et la question hautement conflictuelle de l’élargissement du Conseil de Sécurité «empoisonnent» les débats sur ses projets de réforme de l’organisation.
«Ces deux questions peuvent devenir très conflictuelles, empoisonner l’atmosphère et nous empêcher d’aller de l’avant», a-t-il dit.
Il a proposé un paquet de mesures, dont la création d’un poste de vice-secrétaire général, qui visent à rendre l’ONU plus souple et plus efficace, et qu’il voudrait voir adopté rapidement.
En marge de l’Assemblée, les ministre des Affaires étrangères des quinze pays membres du Conseil de Sécurité devaient aussi tenir jeudi une réunion sur l’Afrique. Ils devaient réaffirmer, en termes généraux, leur souci d’y voir instaurer la paix et le développement.
Vendredi, après une réunion du groupe de contact sur la Bosnie, les seize pays de l’OTAN et la Russie devaient tenir la première réunion ministérielle du Conseil conjoint OTAN-Russie.
Cette réunion devait être largement consacrée à la situation en Bosnie. Moscou s’est plaint récemment de ne pas être suffisamment consulté par les Occidentaux sur cette question.
D’innombrables rencontres bilatérales, notamment sur le Proche-Orient, auront également lieu pendant les deux premières semaines.
Un total de 183 pays (sur 185 membres de l’ONU), représentés par une trentaine de chefs d’Etat et une vingtaine de premiers ministres, ont demandé à prendre la parole au cours de cette session de l’Assemblée générale. (AFP)