La Turquie rassure l'Egypte sur le caractère pacifique de ses manoeuvres avec Israël Moubarak propose ses bons offices entre Damas et Ankara

La Turquie rassure l’Egypte sur le caractère
pacifique de ses manœuvres avec Israël
La Turquie a rassuré l’Egypte hier sur le caractère pacifique de ses prochaines manœuvres navales avec Israël, à quatre jours d’une réunion de la Ligue arabe consacrée en partie à la coopération militaire entre Ankara et l’Etat hébreu.
«Au début, ces exercices paraissaient très suspects et tous les pays arabes étaient très inquiets car ils étaient organisés à un moment critique», en raison de la crise du processus de paix au Proche-Orient, a déclaré le président égyptien Hosni Moubarak après avoir rencontré son homologue turc Suleyman Demirel à Alexandrie, sur les bords de la Méditerranée.
«Mais le président Demirel m’a rassuré sur le fait que ces manœuvres seront limitées à des opérations humanitaires et de secours et qu’elles n’étaient dirigées contre aucun pays arabe, et nous l’en remercions», a poursuivi le chef de l’Etat égyptien au cours d’une conférence de presse conjointe, ajoutant qu’il allait proposer ses bons offices pour résoudre les différends qui existent entre la Syrie et la Turquie, notamment concernant le parti séparatiste kurde (PKK) et l’eau de l’Euphrate.
Ces exercices, organisés en vertu d’un accord militaire signé par la Turquie et Israël en février 1996, doivent avoir lieu du 15 au 25 novembre en Méditerranée orientale avec la participation de la marine américaine.
«Nos relations avec Israël ne sont pas dirigées contre des pays tiers», a affirmé pour sa part M. Demirel. «Personne ne doit avoir d’inquiétudes, la Turquie est un pays pacifique et nous n’avons aucun problème avec les pays arabes», a-t-il poursuivi.
Le président turc a également souligné que ces manœuvres ne devaient pas être interprétées «comme un encouragement» à Israël de ne pas faire de concessions dans ses négociations avec les Arabes.
Rassuré, M. Moubarak n’a pas pour autant accepté l’invitation que lui a faite M. Demirel de se joindre aux manœuvres. «Nous n’allons pas participer à des exercices avec Israël jusqu’à ce que des progrès soient réalisés dans le processus de paix», a-t-il affirmé.
Il a également exprimé l’espoir que la Turquie puisse utiliser sa coopération avec Israël afin d’agir en «médiateur» entre l’Etat hébreu et l’Autorité palestinienne.
Le Conseil ministériel de la Ligue arabe qui se réunit ce week-end a inscrit à son ordre du jour la question des manœuvres israélo-turques, à la demande de la Syrie qui s’estime particulièrement menacée par une alliance militaire entre son voisin turc du nord, et son «ennemi» israélien au sud.
M. Moubarak a proposé ses bons offices pour résoudre les différends existant entre la Turquie et la Syrie.
Le chef de l’Etat égyptien, qui doit rencontrer jeudi le président syrien Hafez el-Assad, a indiqué qu’il allait évoquer avec lui les relations tendues entre Damas et Ankara.
«Je vais rencontrer le président el-Assad dans deux jours et je vais lui transmettre ce que j’ai entendu du président Demirel», a dit M. Moubarak.
«J’espère que les Syriens voudront vraiment discuter de tout le problème avec la partie turque», a-t-il poursuivi.
Outre la coopération militaire israélo-turque, la Syrie et la Turquie sont en désaccord sur deux autres dossiers principaux, la question kurde et celle de l’eau.
Ankara accuse Damas d’être un sanctuaire pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène en Turquie des actions armées, ce que dément la Syrie.
Damas reproche de son côté à Ankara d’avoir réduit le débit sur l’Euphrate par une série de barrages construits en Anatolie.
Enfin sur le plan bilatéral, M. Demirel a déclaré souhaiter doubler les échanges entre les deux pays, qui s’élèvent actuellement à 500 millions de dollars par an.