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Actualités - ANALYSE

Réforme administrative : beaucoup de bonnes intentions mais rien de concret

Publiée l’an dernier avec la formation du nouveau Cabinet Hariri, la déclaration ministérielle a insisté sur des réformes administratives conditionnées notamment par une libération de l’Administration de toutes les ingérences politiques et par une levée de l’immunité des fonctionnaires. L’objectif était de moderniser l’Administration et d’augmenter son efficacité.
A l’époque, en réponse aux critiques formulées par un certain nombre de députés qui estimaient impossible une réforme dans ce domaine avant une réforme politique, le président du Conseil avait dit: «Je crois qu’il est possible de procéder à une réforme de l’Administration si l’intention y est, en collaboration avec l’Assemblée nationale et les leaderships politiques». Pour réaliser ce but, le chef du gouvernement avait alors préconisé la levée de l’immunité et le renforcement des organismes de contrôle.
Où en est-on aujourd’hui de la réalisation de ces promesses? Le gouvernement a pris des mesures louables dans ce sens. Il a ainsi redoré le blason du Conseil de la fonction publique en consacrant son immunité. Le Conseil des ministres a en outre décidé de muter de leur poste tous les fonctionnaires de première catégorie établis depuis plus de trois ans. On pensait éradiquer de ce fait l’esprit de routine qui ralentit considérablement le travail de l’Administration. Qu’est-il donc advenu depuis et pourquoi ces mesures ont-elles échoué?

Les ingérences
politiques

En réalité, le gouvernement n’a pas pu muter de leur poste les fonctionnaires de première catégorie susmentionnés en raison des interventions de certains responsables politiques.
D’autre part, s’il est vrai que le Conseil de la fonction publique prend désormais ses décisions sans craindre les représailles politiques, en revanche, la plupart des ministres ne tiennent pas compte des suggestions de l’organisme précisé. En effet, celui-ci a élaboré un plan d’action destiné à lutter contre la corruption au sein de l’Administration. Le Conseil de la fonction publique avait proposé une série de mesures dont aucune n’a encore été appliquée.
Quant au Conseil de discipline, son rôle est pratiquement gelé pour les deux raisons suivantes:
— L’un des membres du comité supérieur du Conseil mis à la retraite n’a pas été remplacé jusqu’à présent, et pour cause: un différend oppose des responsables sur l’identité et l’origine de ce haut fonctionnaire qui, selon certains, devrait être du Nord, et de Beyrouth, selon d’autres...
— L’inspection centrale est toujours sans chef depuis l’élection au Parlement du ministre Fawzi Hobeiche. D’où, une fois de plus, paralysie d’un organisme de contrôle. Comment, dans ces conditions, mettre un terme à la corruption? Force est de se poser des questions quant à la bonne volonté du Conseil des ministres concernant la lutte contre la corruption.
Pour en revenir au Conseil de discipline, celui-ci est supposé jouer un rôle majeur du moment qu’il jouit presque des mêmes prérogatives que le ministre des Finances. Or ce Conseil a été parfois l’objet de pressions politiques qui l’ont contraint à démettre un fonctionnaire alors que rien dans le dossier de celui-ci ne justifiait une telle mesure. Le Conseil a pris durant les deux dernières années plus de 300 décisions dont 200 environ à caractère disciplinaire.
De toute évidence, certains responsables craignent une réforme administrative qui viendrait remettre en question par exemple des adjudications, des transactions et des commissions juteuses dont ils sont friands. Ce qui laisse croire que les réformes seront sans doute une fois de plus repoussées aux calendes grecques.

E.K.
Publiée l’an dernier avec la formation du nouveau Cabinet Hariri, la déclaration ministérielle a insisté sur des réformes administratives conditionnées notamment par une libération de l’Administration de toutes les ingérences politiques et par une levée de l’immunité des fonctionnaires. L’objectif était de moderniser l’Administration et d’augmenter son...