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Actualités - CHRONOLOGIE

La paix dans les trois mois en cas de retrait, reaffirme Hariri à Paris

Le blocage du processus de paix au Proche-Orient, la récente dégradation au Liban-Sud et, naturellement, le dossier des relations bilatérales privilégiées entre la France et le Liban ont été au centre des deux entretiens que le premier ministre Rafic Hariri a eus dans la journée d’hier à Paris, avec successivement le président Jacques Chirac et, en soirée, avec le chef de la diplomatie française, M. Hubert Védrine. Il s’agit de la première visite officielle de M. Hariri à Paris depuis la victoire de la gauche aux dernières élections législatives françaises.
Au cours de sa rencontre avec le premier ministre libanais, le président Chirac devait souligner qu’en dépit du changement de gouvernement intervenu à la suite des législatives françaises de mai dernier, la politique de la France à l’égard du monde arabe et du Liban, en particulier, n’avait pas changé. De son côté, M. Hariri a repris devant le chef de l’Etat français les propos qu’il avait tenus en début de semaine, à savoir que «le Liban et la Syrie sont prêts à signer une paix avec Israël dans les trois mois» si l’Etat hébreu montre sa disposition à se retirer du Liban-Sud et du Golan.
Dans les milieux du premier ministre, on affirme que cette position transmise au président Chirac reflète non seulement l’attitude du pouvoir libanais, mais également celle de Damas. Quant au chef de l’Etat français, il a informé le premier ministre de la teneur de l’entretien téléphonique qu’il a eu il y a quelques jours avec le chef du gouvernement israélien, M. Benjamin Netanyahu, au sujet de la situation au Liban-Sud. Cet entretien téléphonique a été axé sur la nécessité de calmer le jeu au Sud.
C’est peu avant 13 heures (14h, heure de Beyrouth) que le chef du gouvernement a été reçu par le président Chirac sur le perron de l’Elysée. MM. Chirac et Hariri ont aussitôt eu un tête-à-tête avant d’être rejoints par le ministre français des Affaires étrangères. Cette entrevue a été suivie d’une réunion de travail élargie à laquelle ont pris part, côté français, le conseiller du président Chirac, M. Bernard Aymé, et l’ambassadeur de France à Beyrouth, M. Daniel Jouanneau, et, côté libanais, l’ambassadeur du Liban à Paris, M. Nagi Abi Assi, le secrétaire général de la présidence du Conseil, M. Hicham Chaar, et le conseiller de M. Hariri, M. Basile Yared.
Cette séance de travail s’est poursuivie au cours du déjeuner offert par le président Chirac en l’honneur de M. Hariri. Vers 15h30, le chef de l’Etat et M. Hariri sont sortis dans la cour intérieure de l’Elysée afin de s’adresser à la presse.
Le président Chirac a d’abord déclaré qu’il s’est réjoui de «rencontrer une fois de plus le premier ministre libanais en voyage officiel en France», soulignant que «les relations entre la France et le Liban étaient naturellement excellentes» et rappelant que M. Hariri était «un ami» personnel.
«Je voulais surtout dire au premier ministre, et à travers lui à tous les Libanais, que la politique de la France à l’égard du monde arabe en général, du Moyen-Orient et surtout du Liban n’avait naturellement pas du tout changé à la suite du changement de gouvernement», a dit M. Chirac.
«J’ai cru comprendre que le premier ministre du Liban était satisfait de cette situation», a-t-il ajouté.
Le président français a présenté comme «une procédure exceptionnelle» le fait que le premier ministre français, le socialiste Lionel Jospin, signe avec M. Hariri le protocole financier pour 1997. Il a estimé que cela était destiné à «marquer la permanence de l’amitié et de la relation privilégiée» entre la France et le Liban.
«A l’occasion de ses entretiens avec notre premier ministre et de la signature de nos accords (...), le premier ministre Hariri aura l’occasion de voir effectivement que ce que je viens de lui indiquer est bien confirmé dans les faits», a déclaré M. Chirac. «La nature de nos relations, la politique suivie par la France à l’égard du Liban et donc celle du Liban à l’égard de la France restent exactement les mêmes», a assuré le président français (c’est aujourd’hui, vendredi, que MM. Jospin et Hariri signeront le protocole financier, d’un montant de 250 millions de FF).
Abordant, d’autre part, la conjoncture présente au Proche-Orient, le président Chirac a souligné l’attachement de la France «à lutter contre toutes les formes de terrorisme qui sont liées à la situation de non-paix».
«Nous sommes convaincus que pour faire la paix, il faut que chacun soit assuré de ne pas être l’objet du terrorisme, et convaincus aussi que la sécurité ne sera réellement assurée que lorsqu’il y aura la paix», a-t-il dit.
M. Chirac a indiqué avoir dit à M. Hariri «combien nous étions inquiets de la dégradation et même de la mise en cause profonde du processus de paix».
Réaffirmant l’attachement de la France au «processus tel qu’il avait été engagé par l’ancien gouvernement (travailliste) d’Israël», M. Chirac a notamment souligné l’importance du «principe de l’échange de la terre contre la paix».
La France, a-t-il dit, souhaite «participer, avec l’Europe, avec naturellement les Américains qui ont un rôle essentiel, à relancer ce processus de paix et à faire en sorte que la sécurité soit assurée car c’est vital, mais également faire en sorte que la paix avance».
«Il n’y a pas de paix sans sécurité, c’est vrai, mais il n’y aura pas naturellement de sécurité tant qu’il n’y aura pas la paix», a réaffirmé M. Chirac.
De son côté, M. Hariri a déclaré:
«J’ai indiqué au président français Jacques Chirac que le Liban et la Syrie étaient prêts à signer un accord de paix dans les trois mois avec Israël, si le gouvernement israélien se montrait disposé à se retirer du Liban et du plateau syrien du Golan jusqu’à la frontière de juin 1967».
Le premier ministre a cependant indiqué qu’il ne pensait pas qu’Israël «souhaite réellement se retirer» du Liban car si tel était le cas il aurait, selon lui, déjà «appliqué la résolution 425» du Conseil de Sécurité.
En réponse à une question, M. Hariri a indiqué que le secrétaire d’Etat, Mme Madeleine Albright, n’avait pas «jusqu’à présent demandé de venir au Liban». Notons à ce sujet qu’un responsable américain a maintenu l’incertitude autour d’une possible escale libanaise du secrétaire d’Etat lors de sa tournée régionale. Le responsable US a notamment souligné à ce sujet que Mme Albright ne profiterait pas de son passage à Damas pour faire une escale au Liban, mais il n’est pas exclu, a-t-il indiqué, qu’elle se rende à Beyrouth avant la fin de son périple au Proche-Orient.
Signalons, enfin, que M. Hariri a eu hier soir à Paris un entretien de quarante-cinq minutes avec le chef de la diplomatie française. La rencontre a eu lieu en présence de l’ambassadeur de France à Beyrouth et de MM. Abi Assi, Chaar et Yared. Aucune déclaration n’a été faite à l’issue de cette entrevue.
Le blocage du processus de paix au Proche-Orient, la récente dégradation au Liban-Sud et, naturellement, le dossier des relations bilatérales privilégiées entre la France et le Liban ont été au centre des deux entretiens que le premier ministre Rafic Hariri a eus dans la journée d’hier à Paris, avec successivement le président Jacques Chirac et, en soirée, avec le chef de...