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Actualités - ANALYSE

Albright devant un test-clé : concilier des priorités contradictoires

Réflexe aussi classique que traditionnel: chaque fois qu’un émissaire américain se pointe dans la région, tout se focalise autour de son passage et on y rattache automatiquement les espérances ou les intentions des différentes parties en présence, comme si une pareille démarche devait nécessairement, inévitablement, changer le cours de l’histoire...
Ainsi aujourd’hui à Beyrouth encore plus qu’ailleurs, car on n’y est pas maître de sa destinée, une même question vole de lèvre en lèvre: Madeleine Albright va-t-elle réussir à ressusciter le processus de paix que Netanyahu a enterré?
Le secrétaire d’Etat U.S., on le sait, va axer ses efforts sur la question de la sécurité chère au gouvernement israélien.
Mais cela ne doit pas échapper à Washington: cette sécurité primordiale il n’est pas possible d’y parvenir sans progrès sur la voie diplomatique de la paix. C’est là une équation de bon sens élémentaire, de logique primaire, et pour peu qu’on ait les yeux en face des trous on voit clairement qu’on ne peut endiguer la violence contestataire du Hamas ou obtenir une suspension des opérations de la résistance au Liban-Sud en se contentant de balbutier de vagues promesses sur une éventuelle relance des pourparlers de paix, comme le souhaite Netanyahu. Pour parler vraiment sécurité, il faut donc aussi parler mécanismes — et dates — de reprise des négociations.
Le fait est que si l’on calmait le jeu pour de bon dans les territoires comme au Sud sans redémarrage du processus Netanyahu se retrouverait dans une position assez avantageuse pour essayer d’imposer ses propres conditions négociatoires. Il ferait alors très exactement ce qu’il veut des clauses des accords d’Oslo qui restent à appliquer, n’en retenant que ce qui lui convient, éliminant ou modifiant le reste. Il cesserait évidemment de vouloir se retirer du Sud, puisque ses soldats ne seraient plus exposés et du même coup les Syriens ne pourraient plus mettre la question du Golan sur le tapis, car là aussi il ferait le mort, si l’on ose dire.
Donc la carte de la sécurité, ou si l’on préfère de l’action sur le terrain, est bien la seule que le camp arabe peut encore brandir face à Netanyahu pour tenter d’engager la région sur les rails de la paix de Madrid. Une carte, contradiction connue, qui profite non pas aux parties qui prennent les risques sur le terrain, ou en subissent directement le contrecoup, mais à celles qui se tiennent en retrait côté action sur les deux fronts ouverts, les territoires et le Liban-Sud.

Perspectives

Toujours est-il que selon les parties arabes, qui s’accordent grosso modo sur ce point, Albright doit s’efforcer d’obliger Netanyahu à appliquer telles quelles les clauses restantes des accords d’Oslo car c’est le meilleur moyen de rassembler le gros des Palestiniens autour de la ligne suivie par Arafat qui se retrouverait alors en mesure d’éliminer les intégristes activistes, de les jeter en prison. Pour disposer face à son opinion, d’un prétexte solide de répression, Arafat doit pouvoir exciper de quelque chose de concret obtenu en échange. C’est même une condition indispensable, du moment que ce quelque chose n’est rien d’autre que la réalisation des droits légitimes — et du reste minimaux — consignés dans les accords d’Oslo.
En ce qui concerne la question du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest, plus complexe et embrouillée à vrai dire, la position arabe, évidemment fidèlement calquée sur celle du Liban même, veut qu’Israël applique la 425... En principe cela devrait mettre automatiquement un terme à l’activité d’une résistance qui n’aurait plus lieu d’être. Et une fois le retrait israélien total achevé, l’Etat libanais ne manquerait pas de frapper lui aussi les intégristes si d’aventure ils devaient continuer leurs opérations en portant leurs coups en Galilée. En attendant, il n’est pas question pour le Liban de neutraliser une résistance tout à fait légitime qui reste, tant que l’occupation perdure, un droit consacré par la charte des Nations Unies.
En pratique, Beyrouth estime que si Netanyahu songe sérieusement, comme il le laisse entendre, à restituer au Liban l’enclave frontalière occupée ainsi que Jezzine, il devrait soumettre à Albright un calendrier-programme de retrait que le secrétaire d’Etat U.S. discuterait à son tour avec les autorités libanaises. C’est alors qu’on pourrait envisager de négocier des garanties frontalières sécuritaires, le cas échéant avec la participation de la Syrie... Les choix qui pourraient s’offrir à ce sujet sont vastes: déploiement de l’armée libanaise le long de la frontière avec ou sans la FINUL; mise sur pied d’une nouvelle force-tampon multinationale pour la prise en charge du no man’s land; caution syrienne avec ou non présence physique sur le terrain etc... Il est évidemment trop tôt pour en parler car tout doit commencer par une proclamation israélienne d’intention de retrait.
Réflexe aussi classique que traditionnel: chaque fois qu’un émissaire américain se pointe dans la région, tout se focalise autour de son passage et on y rattache automatiquement les espérances ou les intentions des différentes parties en présence, comme si une pareille démarche devait nécessairement, inévitablement, changer le cours de l’histoire...Ainsi aujourd’hui à...