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Actualités - ANALYSE

Le plan du milliard : Hariri ne veut pas en démordre ...

Refusant de renoncer, de baisser les bras après la rebuffade essuyée en Conseil des ministres, le président Rafic Hariri n’a cessé de plaider ces derniers jours pour son plan dit du milliard (de dollars) devant ses visiteurs, ministres, députés, banquiers, hommes d’affaires et autres artistes de haute volée... Il soutient globalement que le seul moyen d’écarter le spectre d’une débâcle économique c’est d’emprunter ce milliard de dollars qui, sur le papier, doit ensuite être injecté aux trois quarts dans des projets de développement dans les régions déshéritées (Baalbeck-Hermel et Akkar), les 250 millions restants devant être affectés au retour des déplacés dans leurs villages et foyers d’origine...

Grosso modo les arguments du chef du gouvernement, et les remarques de ses contempteurs, se résument comme suit:
— Le remboursement de cette dette d’un milliard de $ s’étalerait sur une bonne trentaine d’années, ce qui laisse de la marge au pays pour souffler. Tous les pays du monde contractent des dettes. Il n’y a pas de quoi s’alarmer, la situation financière du Liban est saine, malgré ses dettes.
— Mais en réalité, répondent les opposants, et si l’on met complètement de côté les intérêts à verser, le remboursement du capital prendrait chaque année 33,3 millions de dollars soit à peu près 2,7 millions par mois: où les trouver, quand le Trésor est déjà accablé de dettes... Et puis les aides étrangères étant bloquées, les 3 milliards de dollars promis le 16 décembre 1996 lors du forum les «Amis du Liban» organisé par les USA restent lettre morte. C’est sur le marché commercial du crédit qu’il faudra s’approvisionner... à des conditions qui n’auront rien de privilégié. Pourquoi ne pas attendre, concluent ces opposants, que la situation régionale se décrispe un peu et que les «Amis du Liban» commencent à tenir leurs promesses...

Optimisme

Toujours est-il que dans cette affaire le président du Conseil peut apparemment compter sur l’appui du président de la Chambre. On note en effet que l’un des bras droits du président Nabih Berry, le député ancien ministre, Mohammed Abdel Hamid Beydoun, partage l’avis optimiste de M. Hariri sur la bonne santé économique du pays. Il souligne à son tour qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter et que les appréhensions exprimées à ce sujet tiennent de la psychose injustifiée. M. Beydoun, au sortir d’un entretien avec le président Hariri, a confirmé que le chef du gouvernement tient absolument à faire passer sa proposition d’endettement (supplémentaire) car à son avis il n’y a pas moyen de faire autrement.

Nouvelles ressources pour le trésor

M. Beydoun ajoute que le président Hariri s’efforce parallèlement de trouver des entrées de ressources nouvelles pour le Trésor, à part la hausse de la taxe sur l’essence qui soulève un tel refus populaire qu’il faut y renoncer. D’autant, indique le parlementaire, que les autorités ont eu confirmation du fait qu’une telle mesure entraînerait inéluctablement une forte inflation des prix des denrées de consommation courante comme des services, ce qui ralentirait encore plus la production nationale.
— A signaler qu’au sujet de l’éventail des ressources «hors taxe» si l’on peut dire, un politicien se demande «pourquoi l’on n’ouvre toujours pas le dossier, potentiellement très rentable, des amendes, des pénalités, des sanctions financières qui doivent frapper les innombrables infractions à la nu-propriété de l’Etat en matière de biens domaniaux maritimes. Autrement dit pourquoi on ne fait pas cracher au bassinet les exploitants qui ont fait main basse sur d’immenses portions du littoral qui est bien public pour y construire des complexes balnéaires. Ou encore, si on ne veut punir personne, pourquoi ne pas retenir l’idée de M. Michel Murr qui serait de légaliser les acquisitions ou les locations, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, ce qui rapporterait entre 250 et 400 millions de dollars au Trésor. Comment s’explique à cet égard la remarquable pudeur des services de M. Fouad Siniora, si prompts par ailleurs à s’enflammer pour l’essence et les autres postes fiscaux indirects qui pénalisent le contribuable moyen, tandis que les impôts directs (sur le revenu et les bénéfices) sont allégés pour le plus grand bonheur des nantis...».
A dire vrai, des haririens indiquent que le chef du gouvernement a effectivement envie d’organiser la revente de nombre de biens domaniaux, mais qu’il hésite parce que de telles opérations occasionnent généralement — faute d’organismes de contrôle ou d’effectifs qualifiés en nombre suffisant — beaucoup de fuites de fonds «en cours de route», ce qui fait qu’elles rapporteraient très peu au Trésor.
Des parlementaires, qui notent que déjà la valeur des biens de l’Etat est dévaluée (200 dollars le mètre carré à Beyrouth dans des zones où le mètre atteint facilement dans le secteur privé les 3000$), s’opposent à une telle revente et soulignent qu’à leur avis l’Etat pour se renflouer doit améliorer la perception générale et surtout faire cesser gaspillage, gabégie et corruption hémorragique. Autant dire la quadrature du cercle...
Ph. A.-A.
Refusant de renoncer, de baisser les bras après la rebuffade essuyée en Conseil des ministres, le président Rafic Hariri n’a cessé de plaider ces derniers jours pour son plan dit du milliard (de dollars) devant ses visiteurs, ministres, députés, banquiers, hommes d’affaires et autres artistes de haute volée... Il soutient globalement que le seul moyen d’écarter le spectre...