En raison de sa vie limpide et resplendissante Mère Teresa sera sanctifiée rapidement, selon le Vatican

Mère Teresa, qui aura des obsèques nationales à Calcutta samedi, sera sanctifiée rapidement mais il n’y aura pas de mesures exceptionnelles pour accélérer la procédure, a affirmé hier au Vatican le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi.
L’acclamation, une procédure permettant au pape de désigner lui-même un saint sans procès en béatification, «n’est plus prévue par l’Eglise», a dit Mgr Ratzinger en marge d’une conférence de presse pour présenter la version en latin du nouveau catéchisme.
«Je pense cependant que, dans le cas de Mère Teresa, le procès ordinaire se tiendra rapidement en raison de sa vie aussi limpide», a ajouté le cardinal.
L’acclamation n’a pas été utilisée par le Vatican depuis 1588, date de la fondation de la congrégation pour les causes des saints. Avant 1588, les papes n’ont célébré directement qu’une vingtaine de canonisations. Le procès en béatification, étape nécessaire sur la voie de la sanctification, intervient au minimum cinq ans après la mort de la personne afin d’éviter tout fanatisme et précipitation.Le pape est «très respectueux» des règlements, a précisé Mgr Ratzinger. «Un procès (en béatification) est nécessaire aussi pour des motifs de justice envers tous les autres (candidats à la béatification) et parce qu’il est bien d’évaluer et d’examiner tous les aspects d’une vie», a ajouté le prélat. «Dans le cas de Mère Teresa ce ne sera pas un long procès, sa vie ayant été si resplendissante», a conclu Mgr Ratzinger.
Depuis le début de son pontificat, en 1978, le pape Jean-Paul II a battu tous les records de béatification et de canonisation dans l’histoire de l’Eglise. Il a procédé à la canonisation de 278 saints et à 770 béatifications individuelles ou collectives.
La majorité de ces béatifications ont concerné des personnes décédées lors des 150 dernières années. Sous son pontificat, la personne à accéder le plus rapidement au stade de bienheureux a été Josemaria Escriva de Balaguer, fondateur de l’Opus Dei, né en 1902 et mort en 1975, qui a été béatifié dix-sept ans après sa mort, en 1992.
A Calcutta, mendiants, sans-abri, lépreux et orphelins, représentants des laissés-pour-compte auxquels Mère Teresa avait consacré sa vie, accompagneront sa dépouille mortelle samedi à Calcutta (est) lors de ses obsèques nationales, ont annoncé hier les organisateurs.
Au nombre d’une cinquantaine, ils prendront part, avec des sœurs et frères des Missionnaires de la Charité, à une procession qui conduira le corps du prix Nobel de la paix d’une église de Calcutta où elle repose depuis dimanche, au stade où aura lieu la cérémonie funèbre, puis à sa dernière demeure.
Alors que se poursuivaient les préparatifs de ces obsèques exceptionnelles, des dizaines de milliers de personnes ont continué hier de rendre hommage à la «sainte de Calcutta», défilant devant le cercueil de verre où elle repose en l’église Saint-Thomas, au centre de la ville.
En trois jours, selon l’Eglise catholique, 150.000 personnes ont ainsi pu brièvement se recueilir devant le corps de Mère Teresa, enveloppé dans son traditionnel sari blanc bordé de bleu, entouré de religieuses.
Par moments, la file des gens attendant de pouvoir entrer dans l’église — située dans l’enceinte du couvent Loreto où Mère Teresa avait entamé son œuvre de religieuse en Inde — atteignait près de trois kilomètres de long, en dépit de pluies de mousson persistantes sur Calcutta noyée dans la grisaille.
Mère Teresa aura samedi des obsèques avec tous les honneurs militaires, ce qui est généralement réservé aux présidents et premiers ministres en Inde.
L’épouse du président américain Bill Clinton, Hillary, sera présente aux funérailles, de même que la reine Sofia d’Espagne, le président albanais, Rexhep Meidani (Teresa est née de parents d’origine albanaise), le président italien, Oscar Luigi Scalfaro, et le chef de l’Eglise catholique d’Irlande, l’archevêque Sean Brady. Le pape Jean-Paul II sera représenté par le cardinal indien Simon Lourdusany. (AFP, Reuter).