Selon les observateurs, si le chef du gouvernement israélien peut aisément se prévaloir du fait qu’aucun Etat au monde n’est à l’abri d’actes terroristes pour plaider son impuissance face aux attentats de Jérusalem, en revanche, il lui sera difficile d’expliquer la perte de prestige de son armée après le débarquement avorté sur le rivage de Sarafand.
En toute logique, ces mêmes milieux estiment que Netanyahu est confronté à l’un des deux choix suivants: soit il accepte de reprendre les négociations avec les autorités palestiniennes sur base des accords d’Oslo, d’une part, avec la Syrie et Liban à partir des principes énoncés à la conférence de Madrid, d’autre part, soit il décide de pratiquer la politique de la fuite en avant. En d’autres termes, il continuerait dans ce dernier cas à jouer la carte de l’intransigeance en donnant des instructions fermes aux forces armées de son pays en vue de poursuivre sans relâche les extrémistes palestiniens à l’intérieur même des territoires autonomes. Le premier ministre israélien s’attellerait aussi à poursuivre la lutte contre les combattants de la résistance libanaise au Sud quitte à remettre en question l’accord d’avril et à provoquer de nouveaux tirs de Katioucha sur la Galilée. On imagine les répercussions négatives qu’une politique d’offensive israélienne tous azimuts aurait sur la mission de Mme Albright au Proche-Orient.
Veto américain
Les observateurs susmentionnés sont toutefois persuadés que les Etats-Unis s’opposent d’ores et déjà à toute confrontation militaire dans la région ou même à une escalade de la violence de part et d’autre.
De ce fait, il semble que le secrétaire d’Etat américain axera ses pourparlers sur les questions de sécurité en demandant d’abord aux autorités palestiniennes d’arrêter les éléments qui perturbent le processus de paix par des actes de violence et des attentats-suicide. En contrepartie, il devrait exiger une reprise des négociations pour la mise en application des accords d’Oslo. Par ailleurs, Mme Albright réclamera sans doute du Liban et de la Syrie le gel des opérations de la résistance au Sud et la réalisation d’une trêve en prévision d’une relance des pourparlers pour arriver au moins à un retrait par étapes de l’armée israélienne du Liban.
On estime dans ce cadre que le chef de la diplomatie mettra à profit le sentiment de crainte que nourrissent les différentes parties concernées à l’idée d’un échec de sa médiation pour imposer un plan de règlement définitif. En effet, après les événements sanglants dont les Israéliens ont été victimes à Jérusalem et au Liban-Sud, M. Netanyahu ne jouit plus de la position de force dans laquelle il s’était trouvé jusqu’alors. D’où l’éventualité d’une attitude plus souple de la part du premier ministre israélien.
Les autorités palestiniennes adopteraient sans doute une position similaire par rapport à Mme Albright du fait qu’elles souffrent de plus en plus des conséquences du blocus que leur impose l’Etat hébreu.
Le Liban, quant à lui, n’est plus en mesure de supporter plus longtemps les pertes humaines et matérielles causées par les réactions israéliennes aux opérations de la résistance.
Enfin, la Syrie ne peut que craindre l’échéance des manœuvres militaires conjointes que doivent entreprendre prochainement les forces turques, israéliennes et américaines non loin de Lattaquieh. Elle serait donc bien disposée à l’égard des propositions de Washington à condition, bien sûr, que celles-ci aboutissent à une paix juste et globale dans la région.
En fin de compte, toutes les factions concernées étant lasses de la situation actuelle qui leur pèse de plus en plus, le timing de la tournée d’Albright semble évidemment opportun.
Reste l’inconnue Netanyahu. Dans quelle mesure l’opposition israélienne pourra-t-elle inciter à l’organisation d’élections anticipées dont les résultats seraient en défaveur du Likoud? Sinon, pourra-t-elle au moins imposer à la partie adverse la formation d’un Cabinet de coalition apte à reprendre les négociations de paix?
E.K.
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