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Actualités - CHRONOLOGIE

Déchirure en Israël : Faut-il ou non sortir du Liban ? Netanyahu : pas question d'un retrait sans garanties sérieuses Lévy : nous aspirons, plus que jamais, à évacuer les territoires occupés

L’année 1997 est d’ores et déjà la plus meurtrière pour l’armée israélienne au Liban-Sud, depuis son retrait partiel de 1985. Les lourdes pertes en vies humaines enregistrées cette année dans les rangs des officiers et soldats israéliens (plus d’une trentaine de tués, en huit mois, dans des attentats et des opérations militaires au Sud) ainsi que le traumatisme provoqué par le fiasco du débarquement héliporté de vendredi à Ansariyé ont relancé plus que jamais la controverse en Israël sur l’opportunité d’une présence armée dans la «zone de sécurité». Mais le premier ministre Benjamin Netanyahu, appuyé en cela par la majorité des membres de son gouvernement ainsi que par le président Ezer Weizman et même par certains cercles travaillistes, est toujours opposé à un retrait unilatéral et inconditionnel du Liban-Sud.
Dans la journée d’hier, le bilan des pertes israéliennes s’est encore alourdi avec la mort d’un officier en bordure de la «zone de sécurité» (l’opération d’Ansariyé, rappelle-t-on, avait fait douze tués parmi les membres du commando marin qui avait débarqué, dans la nuit de jeudi à vendredi, à vingt kilomètres au sud de Saïda). L’officier, le lieutenant Abraham Bouk (22 ans), a été tué lorsque des combattants du «Hezbollah» ont attaqué tôt le matin, à 6 heures 15, à l’arme automatique et à la roquette antichar, la position israélienne de Dabché, à la périphérie du secteur central de la «zone de sécurité».
Selon un communiqué du «Hezbollah», l’attaque, qui a été suivie par des tirs de mortiers sur la position israélienne, «a fait de nombreuses victimes dans les rangs ennemis».
En riposte, l’artillerie israélienne a tiré plus de 70 obus de gros calibres sur des fiefs du Hezbollah jouxtant le secteur central de la «zone de sécurité».
La chasse israélienne a en outre survolé pendant vingt minutes, à basse altitude, la ville de Nabatiyeh.
La situation au Liban-Sud a été au centre de la réunion du gouvernement israélien, hier, à Jérusalem. Plusieurs ministres ont soulevé publiquement au cours des dernières quarante- huit-heures la question de la présence militaire au Sud.
Le chef de la diplomatie, David Lévy, a ainsi affirmé hier qu’Israël «aspire à évacuer les territoires qu’il occupe au Liban». «Le peuple et le gouvernement israéliens aspirent à sortir du Liban, nous n’avons aucune revendication territoriale sur ce pays et notre seul but est d’assurer la sécurité des localités du nord d’Israël», a affirmé M. Lévy à la radio.
«Plus que jamais, le gouvernement doit procéder à un examen en profondeur de notre politique au Liban», a ajouté le chef de la diplomatie israélienne.
De son côté, le ministre des Infrastructures nationales Ariel Sharon, connu pour son intransigeance, a posé la question du retrait israélien.
«Si nous avions le choix entre un accord avec la Syrie, qui nous transformerait en otage du Hezbollah, et un retrait unilatéral du Liban, la seconde alternative serait préférable», a-t-il affirmé. M. Sharon a estimé que la marge d’action de «Tsahal (l’armée israélienne) est limitée par les accords (avec le Hezbollah) consécutifs à l’opération Raisins de la colère» d’avril 1996, épargnant les civils de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise.
Faute d’autre choix réel dans l’immédiat, il a cependant appelé ses compatriotes à «l’endurance dans la guerre d’usure au Liban» et indiqué, à l’instar du chef d’état-major le général Amnon Shahak, qu’elle a «un prix».

Pas de retrait unilatéral

Le premier ministre semble avoir tranché le débat lancé par les membres de son propre gouvernement. Il a affirmé ainsi que la politique «d’opérations défensives menées au Liban pour protéger notre frontière nord serait poursuivie» tout en soulignant que le type d’opérations à mener devait «faire l’objet d’un réexamen».
M. Netanyahu a en outre réaffirmé hier en Conseil des ministres que «la polémique publique ne peut qu’encourager les terroristes du Hezbollah à poursuivre leurs opérations».
Le ministre de la Défense, Yitzhak Mordehaï, est sur la même longueur d’ondes: «En l’absence d’une autorité sérieuse au Liban qui puisse garantir qu’il n’y aura pas d’activités terroristes, il serait totalement irresponsable de sortir du Liban», a souligné son porte-parole, Avi Benayahu.
Le chef de l’Etat israélien Ezer Weizman a lui aussi estimé qu’un «retrait est impossible sans accord préalable de la Syrie».
Cette polémique fracture tout autant le parti travailliste (opposition). Une de ses colombes, le député Yossi Beilin, a annoncé la création d’un mouvement en faveur d’un retrait «dans la paix» du Liban. «Nous ne pouvons pas attendre de conclure un accord avec la Syrie pour évacuer nos soldats», a souligné cet ancien ministre chargé du processus de paix. M. Beilin a précisé qu’il entendait rallier à son initiative «le maximum possible d’Israéliens, indépendamment de leurs filiations ou sympathies politiques».
Selon lui, la majorité des membres de l’état-major de l’armée soutiennent ce projet et estiment qu’Israël pourrait parfaitement assurer la défense de ses agglomérations en Galilée à partir de sa frontière avec le Liban.
Un autre responsable travailliste, le député Uzi Baram, exclut, par contre tout retrait unilatéral. «Une telle décision serait interprétée comme un signe de faiblesse par les pays arabes et le Hezbollah», selon lui.
Le chef du parti travailliste, Ehud Barak, a proposé une voie médiane en suggérant que les troupes se retirent progressivement de la «zone de sécurité» où seraient déployées des «forces internationales et de l’armée libanaise» avec une garantie syrienne.
Au sein de l’opinion publique, les partisans d’un retrait unilatéral semblent l’emporter largement. Selon un sondage réalisé par la télévision après l’annonce de la mort des 12 soldats, 52% des Israéliens juifs interrogés y sont favorables, 34% hostiles et 14% sont sans opinion.
Mais ce résultat pourrait être le résultat de l’émotion, car un autre sondage effectué fin août faisait apparaître une majorité d’Israéliens opposés à l’idée d’un retrait unilatéral.
Il reste que pour beaucoup d’Israéliens, «la sale guerre» du Liban évoque le Vietnam», où les Américains s’étaient embourbés. Mais le premier ministre a écarté la comparaison. «Le Vietnam se trouve à des milliers de kilomètres des Etats-Unis, alors que le Liban-Sud jouxte notre frontière nord. Nous ne pouvons pas prendre le risque d’exposer nos agglomérations de Galilée au terrorisme», a souligné M. Netanyahu.
L’année 1997 est d’ores et déjà la plus meurtrière pour l’armée israélienne au Liban-Sud, depuis son retrait partiel de 1985. Les lourdes pertes en vies humaines enregistrées cette année dans les rangs des officiers et soldats israéliens (plus d’une trentaine de tués, en huit mois, dans des attentats et des opérations militaires au Sud) ainsi que le traumatisme...