Pan Pan Bus stop

Marilyn Monroe, encore une chrysalide devenue papillon de nuit, encore une mite devenue mythe. L’un de ses films les plus mouvementés c’était paradoxalement le Bus Stop de Logan tourné en 1956. Elle y jouait avec beaucoup de naturel une femme de rodéo et de mauvaise vie, l’un n’allant pas sans l’autre comme le savent toutes les montures de race.
Souvenirs souvenirs, une façon de se consoler car ici côté bus c’est le stop intégral, le «bass ba’a» à la Merched Zakhia. Rien aux arrêts qui indique le numéro, de quelle ligne il s’agit et encore moins les horaires. L’horaire totale, c’est un cadre BCBG d’un établissement hospitalier qui la raconte. Ce digne citoyen, sensible à la campagne officielle «laissez-votre-voiture-prenez-les-transports-en-commun», décide un soir de rentrer à Beit-Méry tout seul comme un grand, sans son chauffeur. Il attend une demi-heure, rien. Des connaissances de passage le prennent — en stop! — à Mkalles. Là, pas de bus qui monte, mais plein qui redescendent. C’est en taxi (syrien, 7.000LL) qu’il regagne son domicile. Et en route il doit subir les jérémiades du bonhomme qui se plaint de «la-concurrence-déloyale-des-jahchs-el-dawlé;»! Il y aurait même eu du coup de poing au rond-point…
Le lendemain notre ami, sans voiture, part sans ce décourager à la recherche d’un bus. Pas d’abribus, il faut attendre sur la grand place. Mais des autocars, il y en a qui montent, pas qui redescendent! Explication: le soir, ces braves bestioles, services public et privé confondus, regagnent l’écurie pour le long dodo de la nuit et le matin elles repartent vaillamment aux champs, un aller-retour leur prenant apparemment toute une journée ouvrable…
Moralité toute simple: les transports en commun ont tout de la blague, du mauvais tour pendable. Et la voiture reste indispensable.

J.I.