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Actualités - DISCOURS

Lors d'une cérémonie à Baalbeck pour le 19e anniversaire de la disparition de Moussa Sadr Appel de Berry à un dialogue franc ouvert à tous les courants Chamseddine critique implicitement les propos de Sfeir sur l'armée syrienne (photos)

CHAMSEDDINE CRITIQUE IMPLICITEMENT LES
PROPOS DE SFEIR SUR L’ARMÉE SYRIENNE
Le chef du Parlement Nabih Berry a lancé hier un appel à un dialogue sur l’ensemble des questions de politique intérieure entre tous les courants politiques du pays et exhorté le gouvernement à hâter l’exécution des projets de développement des régions pauvres du pays.
M. Berry s’exprimait lors d’une cérémonie à Baalbeck pour le 19e anniversaire de la disparition de l’imam Moussa Sadr, l’ancien président du Conseil supérieur chiite (CSC), enlevé lors d’un voyage en Libye en 1978.
Plusieurs orateurs sont intervenus à la tribune, notamment le successeur de l’imam Sadr à la tête du CSC, cheikh Mohammad Mehdi Chamseddine, le cheikh Akl druze cheikh Bahjat Ghaith, ainsi que des représentants du mufti de la République et des patriarches maronite et grec-catholique.
Assistaient à la cérémonie, les ministres Ghazi Seifeddine (représentant le premier ministre Rafic Hariri), Assaad Hardane, Yassine Jaber, Mahmoud Abou Hamdane et Ali Harajli, le vice-président de la Chambre Elie Ferzli, ainsi que les députés Hussein Yatim, Hassan Alaouiyé, Ali Osseirane, Antoine Haddad, Ismaïl Succariyé, Ali el-Khalil, Anouar el-Khalil, Ibrahim el-Sayed, Ibrahim Bayane, Rabiha Keyrouz, Ali Hassan Khalil, Omar Moussaoui, Robert Ghanem, Ghazi Zeaiter, Mahmoud Awad, Marwan Farès, Pierre Daccache, Abdellatif Zein, Sleiman Kenaan, Mohammad Raad, Assem Kanso, Mohammad el-Meiss, Yeghia Djerejian, Nazih Mansour, Mohammad Abdel Hamid Beydoun, Zaher el-Khatib, Samir Azar et Hassan Hajj Hassan.
La cérémonie a été une nouvelle fois l’occasion pour la plupart des orateurs de condamner Israël et sa politique à l’égard du Liban et de rendre hommage au rôle joué dans le pays par la Syrie.
A ce propos, cheikh Chamseddine a implicitement critiqué les déclarations faites récemment par le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, qui avait estimé que la liberté de décision du Liban était «hypothéquée» par la présence de l’armée syrienne dans ce pays et souligné que Jezzine était «pris entre deux feux», celui d’Israël et celui de la résistance.
Cheikh Chamseddine s’est déclaré «surpris par le recours de temps en temps à certaines expressions qui sèment le doute dans les esprits, et notamment par ce que nous avons entendu ces jours derniers». Selon lui, «ces prises de position ne sont pas propices à la défense de la cause première du Liban, qui commande de libérer le sol libanais de l’occupation israélienne sans devenir l’otage d’Israël, ni propices à la consolidation de la stabilité politique et de la sécurité».
Le dignitaire chiite a ajouté que «la Syrie de Hafez el-Assad et l’armée arabe syrienne ont constitué et constituent toujours un grand soutien pour le Liban dans son entreprise visant à consolider son unité, sa sécurité et sa cohésion face à l’occupation israélienne».
Pour lui, s’il fallait «montrer de la complaisance» à l’égard de «telles expressions» (comme celles utilisées par le patriarche maronite), le Liban pourrait connaître un sort «comparable à celui de ce qu’on appelle les zones d’autonomie palestiniennes».

Le discours de Berry

M. Berry, pour sa part, dans son discours, a appelé à faire «de ce jour-commémoration de l’imam Moussa Sadr le début d’un nouveau chapitre dans la vie de la nation».
«J’avais déjà lancé un appel à une trêve intérieure et à un dialogue autour des principaux thèmes qui intéressent l’avenir du pays, dans le but de parvenir à la gestion des accords et des désaccords sous un toit protégeant l’immunité et la force de notre nation», a dit M. Berry.
«Aujourd’hui, je renouvelle cet appel à un dialogue franc et ouvert sur les craintes qui sont à l’origine de l’affaiblissement de la participation politique, ainsi que sur les droits et devoirs des citoyens», notamment en matière de revendications sociales, a-t-il indiqué.
Ce dialogue, selon lui, doit être «clair et profond et porter sur les politiques internes et sur le rôle des institutions». Il doit également «être concentré sur les lois électorales, touchant aux législatives, aux municipales et aux régionales, ainsi que sur les projets de développement», a-t-il ajouté.
«Il faut ouvrir la porte à une grande participation à ce dialogue, qui doit pouvoir regrouper tous les courants politiques, les médias et les institutions culturelles et de la société civile», a-t-il poursuivi.
«L’objectif de cet appel n’est pas de gagner du temps en faveur des responsables, ni de faciliter la mission de l’Etat au détriment de l’opposition, ni non plus de donner à l’opposition une tribune supplémentaire pour qu’elle attaque la politique du gouvernement. Le but est d’ouvrir la voie à la participation générale à l’adoption des choix et des politiques de l’Etat libanais, et de redonner aux divergences politiques leur dimension naturelle».
M. Berry s’en est ensuite pris à la nouvelle stratégie financière mise au point par M. Hariri et au sujet de laquelle le Conseil des ministres a renvoyé la décision à une date ultérieure.
«Je félicite le Conseil des ministres pour avoir refusé lors de sa dernière séance de décréter sans examen préalable des majorations sur les prix de l’essence ou sur les tarifs douaniers et de donner son aval à l’emprunt d’un milliard de dollars», projeté par le chef du gouvernement, a déclaré M. Berry, dévoilant ainsi publiquement son opposition au plan de M. Hariri.
«Je crois que la décision du Conseil des ministres rend un grand service au gouvernement et à son chef, mais aussi et en premier lieu à l’ensemble du peuple libanais», a-t-il estimé.

Le sort de la Békaa

Se trouvant à Baalbeck, théâtre principal de la «révolte des affamés» lancée par le chef intégriste cheikh Sobhi Toufayli, le chef du Parlement était naturellement porté à consacrer une grande partie de son discours au mouvement revendicatif, jouant habilement des mots pour à la fois trouver des justifications à l’action de cheikh Toufayli et défendre les «acquis» du gouvernement.
Il a notamment pris la défense des agriculteurs de la Békaa, qui ont dû abandonner «gratuitement» la culture des stupéfiants «alors qu’en Turquie et au Maroc des milliards de dollars ont été offerts» pour l’éradication de ces plantes, «et sans résultat».
Tout en reconnaissant que le gouvernement a consacré des crédits pour le développement de la Békaa, du Akkar et d’autres régions pauvres, et qu’il a même par la suite consenti à augmenter ces crédits, M. Berry a souligné que ce qui manquait encore, c’était un «début d’exécution» de ces projets. «L’eau est dans le réservoir alors que moi, j’ai soif», a-t-il lancé.
Il a réclamé du Conseil du développement et de la reconstruction d’établir immédiatement un calendrier-programme pour l’exécution des projets en question et proposé au gouvernement de mettre au point «un programme de trois ans pour sortir les régions déshéritées comme la Békaa et le Akkar de leur pauvreté».

«Comme nous avions fait pression pour obtenir des mesures en faveur du Liban-Sud, nous n’hésiterons pas à faire pression de la même façon, et peut-être encore plus pour la Békaa», a-t-il proclamé, se demandant «si, à chaque fois qu’il y aura un mouvement de revendication», le gouvernement répondra par «des mandats d’arrêt et considérera les habitants de la Békaa comme des personnes recherchées, mortes ou vives».
Tout en affirmant refuser «toute tentative de séparer l’armée du peuple», M. Berry a affirmé qu’une «victime innocente est tombée à Magné». Il faisait référence à l’opération menée mercredi par l’armée dans la région de Baalbeck contre des voleurs de voitures et au cours de laquelle un homme, Mohammad Mokdad, a trouvé la mort.
Selon l’armée, Mokdad a été tué par les soldats «après sommation, alors qu’il tentait de prendre la fuite».
«Nous ne protégeons pas les voleurs de voitures», a lancé M. Berry, indiquant tout de même qu’il allait attendre les conclusions de l’enquête. «Je demande aux habitants de la Békaa d’attendre ces résultats avec moi, sans faire preuve entre-temps d’aucun esprit de haine contre l’armée», a-t-il dit.
Sur un autre plan, le chef du Parlement a réaffirmé ses positions connues au sujet d’Israël et de la Syrie, et souligné que l’«unité nationale était la plus importante méthode de résistance contre l’ennemi israélien».

Cheikh Bahjat Ghaith

Parmi les autres interventions, l’une des plus remarquées était celle du chef de la communauté druze, cheikh Bahjat Ghaith, qui s’est littéralement déchaîné contre la politique du premier ministre et a même lancé quelques flèches, quoique moins pointues, en direction de M. Berry, assis en face de lui.
Accusant les responsables de «sauter par-dessus les lois et la Constitution», le cheikh Akl druze a noté que «le chef du gouvernement trouve toujours plus facile d’amender des lois plutôt que de revenir sur l’un de ses projets, même si cela devait coûter très cher».
A l’intention de M. Berry, la dignitaire a indiqué que l’imam Moussa Sadr «reprocherait certainement au chef du Parlement, au nom de l’estime qu’il lui devrait, de ne pas utiliser l’arme du contrôle (du Parlement sur le gouvernement) et de ne pas chercher à rectifier le cours des choses».
Pour cheikh Ghaith, «au point où en sont les choses, et étant donné les menaces qui pèsent sur le présent et l’avenir du pays, on ne peut reprocher à personne d’élever la voix et de réclamer la chute de ce gouvernement».
«Alors, monsieur le président de la Chambre, hâtez-vous de réaliser les vœux des gens et œuvrez pour mettre un terme à l’oppression, à l’injustice, à la corruption, au gaspillage des ressources et aux combines de toutes sortes», a-t-il conclu.
Enfin, l’évêque grec-catholique de Baalbeck, Mgr Cyrille Bustros, représentant le patriarche grec-catholique Maximos V, a réclamé le retrait d’Israël du Liban-Sud et le retour à la convention d’armistice de 1949 entre les deux pays, «sans rompre la concomitance des volets libanais et syrien des négociations de paix, et en attendant la conclusion d’une solution de paix définitive avec Israël».
«D’ici là, il n’est pas permis que le Liban-Sud et la Békaa-Ouest, et que Jezzine et Saïda, demeurent un exutoire pour les désaccords en Israël ou entre Israéliens et Palestiniens», a-t-il fait valoir.
CHAMSEDDINE CRITIQUE IMPLICITEMENT LES PROPOS DE SFEIR SUR L’ARMÉE SYRIENNELe chef du Parlement Nabih Berry a lancé hier un appel à un dialogue sur l’ensemble des questions de politique intérieure entre tous les courants politiques du pays et exhorté le gouvernement à hâter l’exécution des projets de développement des régions pauvres du pays.M. Berry s’exprimait lors...