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Actualités - ANALYSE

Remaniement ministériel : au-delà des rumeurs, l'habituelle lutte d'influence...

Chaque fois que le président Hraoui rencontre le président Assad, on se remet à parler de changement ou de remaniement ministériel... Cet automatisme, ce réflexe conditionné à la Pavlov se justifie peut-être par la fréquence effective des démarches antérieures du chef de l’Etat libanais effectuées pour larguer l’équipe ministérielle en place. Autrement dit, M. Hraoui a souvent demandé par le passé à Damas d’autoriser un changement de Cabinet. Des fois il a obtenu gain de cause et des fois non.
Mais aujourd’hui la situation ne se prête pas à un tel sujet. Et l’on se demande dès lors quelle partie au juste orchestre les bruits en coulisses. Serait-ce Baabda, serait-ce Koraytem? Et comment se fait-il que rien ne se décide et qu’on en reste au stade de simples rumeurs?
En fait, chaque fois que des journaux publient des «scoops» attribués à des sources non identifiées, les hraouistes pensent que les haririens sont derrière le coup et vice-versa... Et les deux camps se rejoignent pour démentir tout projet de changement ministériel. Le président du Conseil répète même dans ce contexte que les Trente resteront en place jusqu’à la fin du mandat du président de la République en novembre de l’année prochaine et qu’ils superviseront donc les prochaines présidentielles.

Non-application

Cependant des sources informées affirment que «les deux hommes, M. Hariri autant que M. Hraoui, souhaitent en réalité modifier le paysage ministériel mais ne sont évidemment pas du même avis quant à la sélection à retenir. Ainsi le chef de l’Etat voudrait se débarrasser de ministres chrétiens dont la représentativité ainsi que l’efficacité lui paraissent douteuses et qui, de plus, sont classés parmi les fidèles de M. Hariri ou d’autres pôles mahométans. Dès lors le président de la République voudrait obtenir le droit de choisir lui-même des ministres qui représenteraient une large base chrétienne et dont la présence active renforcerait son régime, lui ouvrant peut-être la voie d’une nouvelle prorogation. En tout cas, le remodelage tel que le souhaite Baabda permettrait de rétablir un peu l’équilibre rompu au sein du pouvoir et constituerait de la sorte un premier pas vers la réalisation d’une véritable entente nationale, comme le veut Taëf. Et si M. Hraoui devait quitter le pouvoir, il le ferait après s’être renforcé personnellement sur le plan chrétien, tout en permettant à ce camp d’obtenir quelques-unes de ses revendications sur le plan de la représentation au sein du gouvernement comme pour ce qui est de l’application des accords de Taëf...».
La source citée insiste ensuite sur ce point précis en affirmant que «la clause la plus importante de ces accords, l’entente nationale, est restée lettre morte comme le prouvent amplement la mise sur pied des gouvernements qui se sont succédé et des assemblées, bien plus parachutées qu’élues, depuis l’émergence de la nouvelle République. Les dosages, çà et là, n’ont été respectés que pour la forme. Beaucoup de ceux qui représentent soi-disant les chrétiens au gouvernement ou à la Chambre sont inféodés en réalité à des leaderships mahométans, dont ils défendent en tout premier lieu les intérêts, aux dépens de leurs communautés respectives. On pourrait croire que les déséquilibres volontaires sont possibles au niveau du gouvernement, où après tout il y a désignation, mais pas à celui de la Chambre où il y a élection. Mais là aussi la manipulation fausse tout le jeu: quand les vrais leaderships sont emprisonnés, exilés, marginalisés de force, quand il leur arrive de se présenter aux élections ou quand, conscients de la triche de base ils refusent de se prêter à ce jeu, il est évident que ce qui reste en lice vaut rarement grand chose sur le plan de la représentativité communautaire réelle... Donc les rares figures de proue qui surnagent sont cantonnées dans une opposition aussi stérile que vaillante, alors que les autres communautés sont dignement représentées dans toutes les institutions et à tous les niveaux. Comme le dit Karim Pakradouni, vice-président des Kataëb, le pouvoir est chrétiennement nu, c’est-à-dire sans couverture chrétienne véritable. Cette liquidation de Taëf, s’est faite en trois étapes: l’assassinat du président René Moawad; la mise en déroute de Michel Aoun puis l’arrestation de Samir Geagea. Partant de là, ajoute Pakradouni, les chrétiens se sont sentis lésés, exclus. Le président Hraoui va s’efforcer, conclut cette source, de réparer cette injustice...»
Peut-il y parvenir? Cela dépend uniquement, comme nul ne l’ignore, des décideurs. Et pour le moment, selon leurs proches, ils ont d’autres chats à fouetter, ce qui fait qu’ils conseillent qu’on ne touche à rien sur la scène locale, ni au gouvernement ni a fortiori à ce qu’on appelle Taëf...
E.K.
Chaque fois que le président Hraoui rencontre le président Assad, on se remet à parler de changement ou de remaniement ministériel... Cet automatisme, ce réflexe conditionné à la Pavlov se justifie peut-être par la fréquence effective des démarches antérieures du chef de l’Etat libanais effectuées pour larguer l’équipe ministérielle en place. Autrement dit, M. Hraoui...