Chirac a salué en lui la référence et le guide Jean-Paul II à Paris : donner aux jeunes des raisons d'espérer (photos)

Le pape a immédiatement retrouvé hier, à son arrivée aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Paris, son contact privilégié avec les jeunes, qui lui ont réservé un accueil exubérant et qu’il a exhortés à s’engager fermement dans tous les chantiers de la société.
Une foule multicolore de 500.000 jeunes, selon les estimations de la préfecture de police, brandissant des milliers de drapeaux du monde entier, attendait Jean-Paul II sur le Champ de Mars, devant la Tour Eiffel.
Accueilli dans la matinée sous une chaleur lourde à l’aéroport d’Orly par le président Jacques Chirac et le ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, Jean-Paul II paraissait las mais heureux d’être revenu à Paris, pour ce rassemblement international de jeunes catholiques auquel il se préparait depuis des mois, selon son proche entourage.
Lors d’un entretien à l’Elysée, le président Chirac a salué en lui «une référence» et «un guide» pour de nombreux jeunes du monde entier. Il a souligné le malaise social que connaissent beaucoup de ces jeunes, relevant «les problèmes qui se posent à eux avec acuité», «précarité de l’emploi, conflits fratricides, pauvreté extrême», ainsi que «chômage, violence, suicide, drogue».
Le pape a aussi mis l’accent sur la dimension sociale de l’engagement chrétien, dès la première étape de son programme de quatre jours en France. Il s’est rendu sur l’esplanade du Trocadéro pour rendre hommage au père Joseph Wresinski, un prêtre engagé au côté des exclus, fondateur du mouvement international Aide à Toute Détresse — Quart-Monde, mort en 1988. Il a récité avec dix jeunes du Quart-Monde une prière composée jadis par le père Joseph «pour les millions d’enfants sans raisons de croire ni d’exister».
Dans l’après-midi, Jean-Paul II a de nouveau mis l’accent sur cette dimension de l’engagement chrétien en s’adressant aux jeunes rassemblés au Champ de Mars, en qui il a salué «l’espérance du monde».

Ambiance survoltée

Pendant les heures d’attente, dans l’ambiance festive d’une immense rencontre entre peuples, la foule avait écouté dans des dizaines de langues et décliné sur tous les rythmes le «chant du Bouvier», retenu comme hymne des JMJ, et des négro spirituals.
L’arrivée du pape a été marquée par d’interminables ovations, «alleluias» et «vivas», et les milliers de drapeaux de 130 pays agités ensemble avant d’être présentés un à un au pape et à la foule.
Dans une ambiance survoltée, le programme a pris un tel retard que le pape n’a pas prononcé la «méditation» prévue. Dans ce texte, qui a néanmoins été diffusé, Jean-Paul II a évoqué le désarroi d’une partie de la jeunesse occidentale et du tiers-monde «qui n’a ni la possibilité, ni les moyens de vivre dignement».
Il a invité les jeunes à accomplir leur existence quotidienne «avec lucidité et espérance, mais sans amertume ou découragement» et a souligné que «l’amour et le service donnent du sens à notre vie et la rendent belle».
Le pape a demandé aux jeunes d’aller «jusqu’à l’extrême de l’amour, dans le don et le désintéressement».
Il n’a pas abordé de front les questions concernant la morale dans les domaines de la sexualité, de la natalité et du mariage, qui sont les plus souvent contestés jusque dans les rangs de la jeunesse catholique européenne. Il y a fait une simple allusion dans un message qui devait être lu lors d’une grande veillée organisée devant Notre-Dame de Paris sur les vocations religieuses.
«Dans la chasteté parfaite», dit-il aux jeunes qui ont l’intention de se consacrer au sacerdoce, «vous voulez rappeler que Dieu est préférable à tout sans pour autant supprimer la valeur d’autres engagements humains». (AFP-Reuter)