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Actualités - CHRONOLOGIE

Nouveau pas vers l'ouverture économique entre le Liban et la Syrie Formation d'une commission ministérielle conjointe chargée d'unifier les taxes douanières (photo)

Le Liban et la Syrie ont franchi hier un nouveau pas vers l’ouverture de leurs marchés l’un sur l’autre en décidant de procéder «progressivement» à la libéralisation des échanges de leurs produits agricoles et industriels. Une commission ministérielle conjointe doit établir dans les prochaines semaines une étude pour unifier les tarifs douaniers de ces produits.

Ces décisions ont été prises à l’issue d’une réunion à Damas groupant les premiers ministres des deux pays, MM. Rafic Hariri et Mahmoud Zohbi, avec la participation de plusieurs ministres libanais et syriens. Premier résultat concret de ces entretiens: le prix de la tonne de bananes libanaises importée par les commerçants syriens a été fixée à 85 dollars, la Syrie ayant réduit au minimum la taxe imposée à ce produit.
Le renforcement des relations économiques entre le Liban et la Syrie est une vieille revendication de Beyrouth qui déplore le fait que le niveau des rapports économiques entre les deux pays soit bien en deçà des liens politiques étroits qui les unissent. M. Hariri a une nouvelle fois soulevé cet argument hier en indiquant que les relations politiques entre Beyrouth et Damas sont «excellentes alors que les rapports économiques le sont moins».
Le chef du gouvernement était arrivé lundi soir à Damas où il a été reçu par le vice-président Abdel-Halim Khaddam avec qui il a eu cinq heures d’entretiens axés sur les récents développements au Liban, notamment le massacre perpétré par la milice du Sud contre les civils à Saïda.
M. Hariri a été rejoint hier matin par les ministres de l’Economie, Yassine Jaber, des Ressources hydrauliques et électriques, Elie Hobeika, de l’Industrie, Nadim Salem et le ministre d’Etat chargé des Finances, Fouad Siniora, ainsi que par le secrétaire général de la présidence du Conseil, M. Hicham Chaar. Le secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien, M. Nasri Khoury, se trouvait déjà dans la capitale syrienne.
Après un bref tête-à-tête entre MM. Hariri et Zohbi, les délégations des deux pays ont entamé vers 11h les entretiens auxquels ont participé du côté syrien le vice-premier ministre pour les Services, Rachid Akhtari, le vice-premier ministre pour l’Economie, Sélim Yassine, et les ministres de l’Economie et du Commerce extérieur, Mohammed Imadi, de l’Irrigation, Abdel Rahmane Madani, des Finances, Khaled Mahayni, de l’Agriculture et de la Réforme agraire, Assaad Moustapha, de la Planification, Abdel Rahmane Sibaï, des Communications, Radouane Martini, de l’Industrie, Ahmed Nizameddine, des Transports, Moufid Abdel Karim, de l’Electricité, Mounib Saëb el-Dahr et des affaires de la présidence du Conseil, Muslim Hawwa.

Le procès-verbal

A la fin du premier round d’entretiens, M. Zohbi a offert un déjeuner dans un grand restaurant damascène en l’honneur de ses hôtes libanais. Les discussions ont repris dans l’après-midi.
Le procès-verbal signé par les deux délégations et publié par l’agence de presse syrienne Sana précise que M. Zohbi a mis l’accent au début des entretiens sur la nécessité de «renforcer la coopération dans tous les domaines, notamment sur le plan économique, conformément aux instructions du président Hafez el-Assad». Le premier ministre syrien a aussi «souligné l’importance de la consolidation des liens économiques afin qu’ils atteignent le niveau des relations politiques entre les deux pays».
Le procès-verbal ajoute que la discussion qui a suivi a porté sur les points suivants:
1) Echange des produits agricoles et industriels nationaux:
Les deux parties libanaise et syrienne ont décidé de libérer progressivement les échanges des produits agricoles et industriels et une commission ministérielle conjointe établira une étude pour unifier les taxes douanières imposées aux matières premières. Cette étude sera élaborée progressivement secteur par secteur.
2) Dans le but d’encourager l’exportation des bananes libanaises vers la Syrie, le prix de la tonne de ce fruit a été fixé à 85 dollars.
3) Le certificat d’origine:
Afin de vérifier l’authenticité des certificats d’origine des produits agricoles et industriels, les deux parties ont décidé de mettre en application les critères européens concernant les sanctions prises à l’encontre des entreprises coupables d’avoir publié des certificats erronés.
4) Echange de savoir-faire pour simplifier les formalités administratives:
Les deux parties ont décidé de renforcer l’échange de savoir-faire dans le domaine de la simplification des formalités et de la suppression des tracasseries administratives dans tous les domaines. Cette question sera examinée par toutes les commissions conjointes.
5) Les projets communs dans le domaine de la coopération électrique ont été passés en revue. Il a été décidé de fournir au Liban 50 mégawatt d’énergie électrique pour la station de transformation de Anjar (Békaa) par le biais des câbles de liaison récemment réhabilités.
La commission ministérielle conjointe sera formée des ministres de l’Economie, des Finances, de l’Agriculture et de l’Industrie des deux pays. Elle devrait remettre son premier rapport dans les semaines à venir et une autre réunion groupera MM. Hariri et Zohbi pour faire le point des progrès réalisés sur la voie de la libéralisation des échanges.

Les produits syriens

Le ministre Siniora a déclaré que la question des produits syriens qui inondent le marché libanais sera examinée par la commission conjointe. M. Hariri a de son côté déclaré après la fin des entretiens «que de nombreux détails seront réglés par la commission. «Nous nous attendons à voir dans les semaines ou les mois à venir des choses qui servent les intérêts des deux pays», a-t-il dit. Il a ajouté que la libéralisation des échanges des produits agricoles et industriels sera examinée lors de la réunion du Conseil supérieur qui doit se tenir dans les deux prochaines semaines.
M. Zohbi a pour sa part assuré que «la décision politique du renforcement des relations économiques entre nos deux pays a déjà été prise en Syrie». «Nous demandons aux services gouvernementaux dans chacun des deux Etats d’activer la coopération dans tous les domaines économique, industriel et commercial, a-t-il dit. Dans le passé, d’importants progrès ont été réalisés sur ce plan. Et lors de chaque réunion, nous avons un ordre du jour très riche. Nous avons évoqué les points qui pourraient être examinés par le Conseil supérieur et par le Haut comité de coordination entre les deux pays. Nous pensons que d’ici à trois semaines, la commission ministérielle pourra soumettre son premier rapport à la lumière de laquelle nous entamerons la libéralisation des échanges des produits agricoles et industriels. De cette manière, les produits libanais seront considérés en Syrie comme des produits syriens. Nous avons aussi réduit au minimum possible la taxe imposée aux bananes libanaises. Cette décision entre en vigueur immédiatement».
Dans l’absolu, la libération des échanges pourrait être bénéfique pour le Liban. Il s’agit d’une revendication soulevée aussi bien par le pouvoir politique, que par le président de l’Association des industriels, M. Jacques Sarraf et par les agriculteurs qui se plaignent de la concurrence des produits syriens introduits au Liban en contrebande. La libéralisation des échanges ouvrira au Liban un marché de plusieurs millions de consommateurs, ce qui permettra à moyen terme de relancer la production. Mais certains secteurs pourraient être affectés par cette mesure en raison de la concurrence des produits syriens dont le coût de fabrication est moins élevé.
Le Liban et la Syrie ont franchi hier un nouveau pas vers l’ouverture de leurs marchés l’un sur l’autre en décidant de procéder «progressivement» à la libéralisation des échanges de leurs produits agricoles et industriels. Une commission ministérielle conjointe doit établir dans les prochaines semaines une étude pour unifier les tarifs douaniers de ces produits.Ces...