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Actualités - ANALYSE

Sur un simple claquement de doigts, tout rentre dans l'ordre...

Un parallèle parfait: la vague chaude a simultanément reflué de la Békaa et du Sud, sur un simple claquement de doigts de Damas en ce qui concerne Toufayli et sur un fort freinage de Washington en direction de l’Israélien, très agressif après l’attentat de Jérusalem pernicieusement attribué par Arafat au Hezbollah... Le pouvoir local respire, soulagé. Jusqu’à nouvel ordre...
L’on entend ainsi le président Rafic Hariri soutenir que l’on avait médiatiquement trop gonflé les choses, tant par rapport à l’escalade militaire au Sud qu’en ce qui a trait à la «révolte des affamés» dans la Békaa. A l’en croire, «tout dans la région reste sous contrôle». Les Etats-Unis, à son avis, ne permettront jamais à Israël de provoquer une guerre car ce n’est pas par ce moyen qu’on peut aboutir à une paix globale. Et la Syrie de son côté, laisse-t-il entendre, ne permettra jamais une anarchisation de la scène intérieure, les revendications légitimes que l’on soulève çà ou là ne pouvant être traitées que dans le respect des lois, sans atteinte à l’autorité de l’Etat libanais.
Pour ce qui est du Sud, des sources informées confirment que Washington a multiplié les démarches d’apaisement auprès de Tel-Aviv comme avec les autorités de Beyrouth en faisant valoir qu’il fallait calmer le jeu pour ne pas perturber la mission Ross.
D’un autre côté, selon les mêmes sources, Damas aurait prié Toufayli de mettre une sourdine à ses appels à la désobéissance civile et lui aurait fait comprendre que tout débordement se verrait sévèrement réprimé, aucune couverture ne pouvant être assurée à des actions illégales. Un message dont les responsables syriens auraient informé de suite le ministre de l’Intérieur M. Michel Murr. C’est donc fort de cet appui qu’il a pu adresser au Conseil des ministres une note détaillant les mesures à prendre sur le terrain pour rétablir la pleine autorité de la loi dans la zone agitée. Mesures approuvées par le Conseil et dont l’exécution a aussitôt commencé sur le terrain, comme on sait.
Cependant, comme on est au Liban, pays du compromis, il a été décidé que sur le plan pratique, on tenterait d’éviter un bras de fer avec les rebelles en suivant la méthode d’une application progressive du plan au pas à pas. Il n’y a donc pas eu une offensive-éclair, des rafles massives, des villages investis et perquisitionnés de nuit, comme cela a été fait parfois ailleurs...
Mais un déploiement, des patrouilles, des contrôles routiers fixes, bref un acte de présence, une reprise en main en douceur. Bien endoctriné, Toufayli lui-même a fait écho en faisant mine de s’apercevoir que «le climat d’escalade est en rapport avec l’ennemi sioniste qui poursuit ses agressions et tente des raids héliportés jusque dans notre région». Et les partisans du cheikh ont réservé un bon accueil à la troupe.
A partir de quoi il a été possible d’adoucir le programme des réjouissances sur le terrain, de ménager les susceptibilités et les équilibres, de laisser ouvertes les options politiques, l’essentiel étant que l’Etat, grâce au déploiement de l’armée, regagne un peu de prestige et cesse de se laisser bafouer en gardant les bras croisés...

A pas de loup

Les mandats judiciaires, dans cette procédure hésitante, se limitent dans un premier temps à la collecte d’informations sur les faits (rassemblements et autres) qui ont donné lieu à des délits. Plus tard, en principe, ces mandats demanderont l’interpellation aux fins d’interrogatoire de tel ou tel agitateur, à la lumière des recommandations de la commission de suivi judiciaire et sécuritaire...
Toufayli s’est mis en congé d’activité, dit-il, jusqu’au 13 septembre prochain. Le pouvoir local de son côté traite donc toute cette affaire uniquement sous son angle politique et laisse de côté la loi qu’il prétend rétablir. Et sur cette base assez étrange, le gouvernement, indique un de ses membres, «va laisser le test courir pendant un mois et si Toufayli ne bouge plus ensuite, on en resterait à ce qui a été fait...». C’est-à-dire à pas grand chose côté arrestations.
Mais pour sa part, c’est un tout autre air, bien plus rigoureux, que M. Murr entonne. Il affirme en effet que les mesures prises en Conseil des ministres seront toutes strictement appliquées car tout laxisme à cet égard représenterait une menace pour le règne de la loi et pour l’existence même de l’Etat, qui céderait la place à l’anarchie, ce qu’aucun Libanais ne peut admettre. Mais on ne sait pas si dans la pratique M. Murr a des chances d’être suivi, côté rigueur, par M. Rafic Hariri, les deux hommes n’étant plus sur la même longueur d’ondes depuis quelque temps, à cause notamment de l’affaire de la réforme des FSI et du commandement de la gendarmerie...
Cependant a priori, le ministre de l’Intérieur, partisan de la sévérité, bénéficie du soutien de Baabda. On sait en effet que le président de la République a souligné en substance que «quiconque en vient à menacer l’Etat sert Israël». Il a précisé qu’en cherchant à faire appliquer la loi à tous, pour barrer la route à l’anarchie, il n’est contre aucune communauté ou parti.
Explicitant la position du chef de l’Etat, un hraouiste déclare qu’un «Etat fort et juste doit appliquer la loi à tous sans discrimination. Il doit frapper quiconque porte atteinte à son autorité et au règne de la loi. Tout coupable doit être poursuivi et traduit en justice. De même qu’on a jugé et emprisonné Samir Geagea, de même qu’on a exécuté les assassins de cheikh Nizar Halabi, il faut prendre soin de ne pas laisser des délits ou des crimes impunis, surtout quand il s’agit d’actes subversifs de rébellion contre l’Etat. Si on devait fermer les yeux, on commettrait une injustice à l’encontre de ceux qui pour leur part ont reçu leur châtiment. Et l’on paraîtrait faible devant le fort et fort devant le faible, ce qui est le contraire de ce que doit être un véritable Etat».
Du côté des haririens, on indique que le restant de l’été va être tranquille, malgré l’ouverture d’une session extraordinaire de la Chambre, l’essentiel étant que les fronts de Baalbeck et du Sud soient maintenant refroidis. En septembre, rappelle-t-on, la république sera en voyage: M. Hraoui au Brésil, M. Berry en Europe et M. Hariri en Australie.
Oui vraiment, tout est rentré dans l’ordre...

E.K.
Un parallèle parfait: la vague chaude a simultanément reflué de la Békaa et du Sud, sur un simple claquement de doigts de Damas en ce qui concerne Toufayli et sur un fort freinage de Washington en direction de l’Israélien, très agressif après l’attentat de Jérusalem pernicieusement attribué par Arafat au Hezbollah... Le pouvoir local respire, soulagé. Jusqu’à nouvel...