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Actualités - ANALYSE

Netanyahu et Arafat, deux dilemmes différents mais d'importance égale


Selon un diplomate occidental qui aime bien les équations simples, même «Netanyahu est aujourd’hui aussi ennuyé qu’Arafat et se retrouve dans l’impasse par rapport au processus de paix».
Comme si ce processus avait une quelconque importance pour le premier ministre israélien... Passons, ce diplomate ajoute que «Netanyahu n’a devant lui, pour aboutir à la paix, que la fuite en avant, par la guerre, pour imposer ses conditions. Mais il peut aller droit dans le mur car aucune des nombreuses guerres livrées par l’Etat hébreu ne lui a apporté la paix ni même la sécurité. Donc, il faut qu’il retourne à la table des négociations, en se soumettant aux principes de Madrid et aux résolutions du Conseil de sécurité. Mais s’il le faisait, il trahirait ses engagements électoraux et exposerait son gouvernement à la chute, à cause de l’opposition assurée de son aile radicale...».
«Quant à Arafat, poursuit cette source occidentale, son dilemme est que, s’il devait traquer les intégristes palestiniens du Hamas que les Israéliens lui enjoignent de neutraliser parce que leurs opérations «terroristes» menacent la paix bilatérale, il se retrouverait avec une guerre civile sur les bras. Et s’il ne s’y résout pas, le blocus économique israélien étoufferait son territoire qui éprouve déjà beaucoup de difficultés à surnager sur ce plan-là».
Ce diplomate souligne ensuite ce qui lui semble une évidence: «Si Dennis Ross devait revenir bredouille à Washington, ce n’est pas de si tôt qu’on verrait Madeleine Albright, qui a d’ailleurs pris son temps, dans la région... Le nouveau secrétaire d’Etat ne veut pas se déplacer pour rien, comme son prédécesseur et la mission de Ross est de lui préparer le terrain. S’il n’y réussit pas, les Américains laisseraient filer les choses une nouvelle fois, en laissant les Européens et les Arabes (Jordaniens ou Egyptiens) continuer leurs démarches conciliatrices. Et quand ces initiatives auront fait chou blanc à leur tour — il n’y a pas de raison que Moratinos réussisse là où Ross aura échoué — alors il faudra que le Palestinien ou l’Israélien cède... la première hypothèse étant naturellement plus probable que la seconde. Faute de quoi la situation deviendrait explosive dans la région et serait ouverte à toutes les éventualités».
Retour à la case, c’est-à-dire aux Américains; «ils ont changé de cap, souligne ce diplomate qui n’est pas très tendre pour Washington. Aux principes fondateurs de Madrid, ils préfèrent visiblement leur alliance «organique» avec l’Etat hébreu et s’alignent sur lui, même si ses positions ne concordent pas du tout avec leur processus. A vrai dire, ils ont bien essayé d’amener le Likoud à composition en lui demandant même de partager le pouvoir avec les travaillistes plus modérés. Mais comme ils n’ont pas réussi, ils ont décidé de laisser du fil à Netanyahu, de le soutenir dans un premier temps pour qu’ensuite, donnant donnant, il se rallie à leur ligne. Ainsi Dennis Ross annonce que la priorité, comme le clame Netanyahu, va effectivement à la «sécurité». C’est un peu primaire, car encore faut-il savoir pourquoi la question de la sécurité se pose. N’est-ce pas à cause de la reprise d’une politique d’implantation de colonies juives visant à la judaïsation de Jérusalem, tout à fait en porte-à-faux par rapport au projet de paix. De plus, tous les prétextes sont bons pour geler l’application des accords d’Oslo dont la principale partie reste à exécuter. Les USA pressent l’Autorité palestinienne de tout mettre en œuvre pour empêcher les actes hostiles à Israël, mais ils s’abstiennent d’inviter les Israéliens à cesser les provocations évidentes, très violentes dans leur contenu, qui suscitent de telles réactions. Les Palestiniens n’ont dès lors aucune garantie d’obtenir l’application des accords d’Oslo, qui sont déjà un minimum par eux-mêmes et vu l’attitude de Washington ils ne peuvent raisonnablement plus lui faire confiance pour défendre leurs droits légitimes. Les USA, même si leur intention finale est d’influer positivement sur la position israélienne, n’ont pas le droit de jouer avec les accords d’Oslo, qui, il ne faut pas l’oublier, ont un caractère international autant que bilatéral, après avoir été contresignés par plusieurs Etats témoins ou garants».
E.K.
Selon un diplomate occidental qui aime bien les équations simples, même «Netanyahu est aujourd’hui aussi ennuyé qu’Arafat et se retrouve dans l’impasse par rapport au processus de paix».Comme si ce processus avait une quelconque importance pour le premier ministre israélien... Passons, ce diplomate ajoute que «Netanyahu n’a devant lui, pour aboutir à la paix, que la...