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Actualités - CHRONOLOGIE

Le dignitaire chiite reporte au 13 septembre la 4e étape de la révolte des affamés Hraoui : celui qui a mis Geagea en prison fera de même avec Toufayli Nous ne défendrons pas les voyous au sein des communautés, ajoute le président

Se dirige-t-on vers une confrontation entre les autorités et le mouvement de cheikh Sobhi Toufayli? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que quelques heures seulement nous séparent des mesures que le parquet compte prendre à l’encontre des personnes ayant appelé à la désobéissance civile. Dans des propos rapportés par des journalistes qui l’ont rencontré, le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, a déclaré que «celui qui a mis (le chef du parti dissous des Forces libanaises) Samir Geagea en prison va faire de même avec Toufayli. Nous ne défendrons pas les voyous au sein des communautés», a-t-il ajouté.

Pour sa part, le chef de la «révolte des affamés» qui avait appelé samedi ses partisans à prendre les armes en leur recommandant d’appuyer sur la gâchette d’abord et de demander ensuite «qui va là» a fait un pas en arrière hier (VOIR PAGE 3). Il a affirmé qu’il avait reporté au 13 septembre la quatrième étape de la révolte initialement prévue le 31 août. «A la demande de certains amis et ulémas, a-t-il dit, nous avons pris cette décision. Mais nous réaffirmons qu’il est interdit de payer une piastre d’impôts ou des factures d’eau, de mécanique ou d’électricité».
Concernant les constructions illicites, cheikh Toufayli a précisé qu’il était opposé à l’édification de bâtiments sans permis sur les biens publics. «L’Etat doit punir ceux qui profitent de la révolte des affamés pour construire sur les biens domaniaux, a-t-il dit. Mais nous ne permettrons pas aux autorités de toucher à ceux qui construisent sur leurs propres terrains».
Pendant ce temps, la tension entre M. Hraoui et les responsables de la communauté chiite, provoquée par les propos attribués au chef de l’Etat est tombée. M. Hraoui est entré en contact hier avec le chef du Parlement, M. Nabih Berry, et avec le président du Conseil supérieur chiite, l’imam Mohammed Mehdi Chamseddine, pour leur dire que le propos rapportés par la presse sont dénués de tout fondement et que les vives critiques qu’il avait formulées lors du Conseil des ministres de mercredi dernier ne visaient pas la communauté chiite, mais cheikh Toufayli. Le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, a aussi contribué à désamorcer cette crise en s’entretenant samedi soir à Baabda avec le chef de l’Etat après avoir évoqué cette question avec M. Berry.
M. Hraoui ne s’est d’ailleurs pas montré tendre envers cheikh Toufayli. Lors d’une discussion avec un groupe de journalistes, en marge du dîner offert vendredi soir en son honneur par le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr à Bteghrine (Metn), le chef de l’Etat n’a pratiquement laissé aucune porte de sortie à l’ancien secrétaire général du Hezbollah. «Nous ne défendrons pas les voyous au sein des communautés», a-t-il dit. M. Hraoui s’est déclaré «surpris» par les prises de position de certaines personnalités chiites au sujet des propos qui lui ont été attribués sur cette communauté. Démentant avoir critiqué les chiites, le président de la République a indiqué que ses paroles visaient «Toufayli et sa clique, ainsi que d’autres groupes non chiites». Mais pourquoi alors les mesures prises par le Conseil des ministres concernent-elles seulement la banlieue-sud de Beyrouth et la Békaa, plus particulièrement la région de Baalbeck-Hermel? «Y a-t-il des vols de voitures dans le Kesrouan, a répondu M. Hraoui. Soyons sincères. Tout le monde sait comment les voitures sont volées et transportées dans la Békaa. Et là-bas, les tractations commencent. Les véhicules sont soient rendus à leurs propriétaires moyennant une somme d’argent, soit revendus une deuxième fois. Des mesures ont été prises dans le passé dans d’autres régions sans qu’elles ne provoquent des réactions similaires à celles que nous entendons au sujet de la banlieue-sud et de la Békaa».
Le chef de l’Etat a déclaré avoir évoqué lors du Conseil des ministres de mercredi dernier «ceux qui appellent à la désobéissance civile et qui menacent de détruire le régime. Nous ne défendrons pas les voyous au sein des communautés. Je m’attendais à ce que Ayoub (Hmayed, ministre des Affaires sociales et membre du Mouvement Amal) me réponde. Mais c’est Yassine Jaber (ministre de l’Economie) qui l’a fait. Ayoub m’a pour sa part félicité pour avoir dit la vérité».
Répondant aux questions des journalistes, M. Hraoui a ajouté: «Lorsque j’ai parlé il y a deux mois d’un Toufayli par ci et d’un Toufayli par là, menaçant la sécurité de l’Etat, je voulais attirer l’attention sur la nécessité de mettre un terme à ces agissements afin qu’ils ne se reproduisent par dans d’autres régions que Baalbeck et Hermel. Sont-ils (les dignitaires chiites) aujourd’hui avec Toufayli après m’avoir appuyé au début et après être venus se plaindre chez moi (...) Toufayli nous a tous traités de bandits et a parlé d’une République de gangsters. J’ai pris la défense de l’Etat en Conseil des ministres et mes propos visaient Toufayli et sa clique et non pas la communauté chiite». Le président de la République a accusé un ministre «non musulman» d’avoir rapporté les propos qui ont provoqué le malentendu avec les dignitaires chiites.
M. Hraoui a indiqué que Toufayli «n’en fait qu’à sa tête et veut détruire le pays. Faut-il rester inactif face à ses agissements à un moment où il apparaît clairement que le but d’Israël, qui vit une crise aiguë dans les territoires occupés, est de fomenter des troubles dans les régions libérées». Le chef de l’Etat n’a pas nié l’existence de parties chrétiennes hostiles à l’Etat, mentionnant la réunion tenue récemment à Paris de groupuscules des Forces libanaises dissoutes. «Lorsque j’ai fait état de la rencontre entre le général Michel Aoun et un officier supérieur israélien, est-ce qu’un patriarche ou un évêque m’a répondu», s’est-il interrogé.
Mais cheikh Toufayli ne dénonce-t-il pas une corruption qui existe réellement dans le pays? «Le mot corruption est très général et la corruption sévit beaucoup plus ailleurs que chez nous, a précisé M. Hraoui. Voyez ce qu’il est advenu du parti démocrate chrétien en Italie à cause de la corruption dont il a été accusé».
Le chef de l’Etat a déploré que les services de sécurité n’aient pris aucune mesure contre le mouvement de cheikh Toufayli il y a deux mois. «Ils prétendent être pauvres et ils demandent des permis de construire, a-t-il ajouté. Cela veut dire qu’ils ont de l’argent. De plus, des affamés n’égorgent pas des moutons en l’honneur de cheikh Sobhi Toufayli à Baalbeck».
M. Hraoui a encore dit: «Lorsque Samir Geagea a été emprisonné, est-ce que quelqu’un a contesté cela? Celui qui a mis Samir Geagea en prison va faire de même avec Toufayli. Si nous gardons les bras croisés face à ces phénomènes, c’est comme si nous encouragions des tendances partitionnistes pour la création de mini-Etats confessionnels. Un Etat maronite, un Etat chiite, un Etat sunnite, un Etat druze etc. Et Israël sera le policier de la région». Accuse-t-il cheikh Toufayli d’exécuter un plan israélien? «Non, je n’ai pas dit cela, a précisé M. Hraoui. Je crois qu’Israël tire profit de tout mouvement négatif au Liban car son but est d’édifier des cantons confessionnels dans notre pays».
Mais la région de la Békaa n’est-elle pas la seule qui subisse la «punition»? De quelle punition parlez-vous, a rétorqué le chef de l’Etat. Vous êtes venus ici (à Bteghrine). Dites-moi. Est-ce que les routes que vous avez empruntées sont en meilleur état que celles de la Békaa»?
A la question de savoir pourquoi l’Etat ne ferme pas la base du Front populaire pour la libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) à Naamé, M. Hraoui a répondu: «Le cas de cette base est similaire à celui des camps palestiniens. Si nous décidons aujourd’hui de pénétrer dans ces camps alors que l’occupation israélienne n’a pas cessé, nous serons victimes d’une campagne dans le monde musulman nous accusant de tuer et de chasser les Palestiniens. Nous pénétrerons dans ces camps après la fin de l’occupation israélienne. Nous adresserons aux habitants un ultimatum leur demandant de remettre leurs armes dans les 48 heures, sans quoi nous donnerons l’assaut». M. Hraoui a accusé les hommes de M. Yasser Arafat de provoquer des troubles dans les camps palestiniens et peut-être même avec les autorités libanaises.
Le chef de l’Etat a enfin critiqué les attaques lancées par le ministre Walid Joumblatt contre l’armée libanaise, affirmant que les remarques au sujet de l’institution militaire doivent être formulées en Conseil des ministres.




Se dirige-t-on vers une confrontation entre les autorités et le mouvement de cheikh Sobhi Toufayli? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que quelques heures seulement nous séparent des mesures que le parquet compte prendre à l’encontre des personnes ayant appelé à la désobéissance civile. Dans des propos rapportés par des journalistes qui l’ont rencontré,...