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Actualités - ANALYSE

Liban-sud : toujours la même histoire depuis vingt ans...

Il y a une vingtaine d’années, Elias Sarkis se plaignait, lors d’un sommet arabe, de ce que le Liban-Sud était la seule région à supporter le poids du conflit israélo-arabe et il invitait les Arabes à ouvrir tous les fronts ou à les fermer tous, le Sud compris... Rien depuis lors n’a changé et le Liban-Sud continue à payer le prix fort pour tous les Arabes, tous les «frères», en restant la seule lice de confrontation avec Israël.
Des victimes, des destructions, et tout cela, si l’on y regarde bien, uniquement pour les autres. Car ce sont les autres — avec il est vrai un assentiment des officiels libanais, qui ne date que de Taëf — qui ont rendu la 425 indissociable de la 242... On sait en effet qu’Israël a toujours été obligé de reconnaître qu’il n’a pas de droits ni de visées au Liban, agressé et envahi sans déclaration de guerre contrairement au Golan et à la Cisjordanie conquis après une guerre en bonne et due forme. Et pour justifier son occupation du territoire libanais, l’Etat hébreu n’avance qu’un prétexte de sécurité frontalière. Le contentieux est donc très facile à régler sur le papier. Mais pas du tout en pratique, dans la mesure où personne ne veut voir le Sud libéré avant le Golan, ce dont Israël est le premier à se réjouir, comme on peut s’en douter...
D’ailleurs, tout a directement commencé avec les autres, en l’occurrence les Palestiniens qui, après 67, puis après leur balayage de Jordanie en septembre 70, ont afflué au Sud et surtout au Arkoub dont ils ont fait un royaume baptisé Fathland. De là, les Fedayines montaient des opérations contre les Israéliens qui, pour les neutraliser, ont envahi le territoire libanais une première fois en 1978 et une deuxième fois en 1982. Parallèlement, à la faveur de la guerre domestique provoquée au départ en 1975 par leur présence, les Palestiniens se sont déployés à l’intérieur parvenant à créer un Etat dans l’Etat. Dans la foulée des Israéliens qui les ont chassés de Beyrouth en 82, les Syriens le sont remis au pas en les expulsant du Nord, pour ne rien laisser de la carte libanaise.
Mais la maladroite présence d’une force multinationale occidentale au milieu des années quatre-vingts a été un prétexte en or pour l’émergence d’une redoutable force de frappe intégriste soutenue par l’Iran. Les opérations aux explosifs des fondamentalistes ont réussi à bouter hors du pays les Occidentaux et obligé les Israéliens à se replier sur une enclave frontalière plutôt étroite au Sud, après le torpillage commun israélo-arabe du tout aussi maladroit accord du 17 mai concocté par Shultz l’Américain. Après quoi «grâce» si l’on peut dire au maintien de l’occupation israélienne qui leur a permis de se distinguer dans la résistance, les intégristes ont pu devenir une force qui compte dans un pays toujours tiré vers le fond, sur tous les plans (socio-économique aussi bien que politique) par le lourd boulet du problème qu’est le Sud.
La volonté nationale libanaise est certes unanime pour réclamer la libération du Sud. Mais à bien y regarder, pénible paradoxe, les défenseurs les plus directement impliqués du dossier, aussi bien l’Etat actuel que le Hezbollah ou le mouvement Amal, ne veulent pas de cette libération inconditionnelle qu’ordonne la 425.
Face aux conditions posées par l’occupant, qui ne reconnaît pas cette résolution, ils posent d’abord une même contre-condition: tout doit être réglé de pair avec la question du Golan. Puis chacun à son tour pose des contre-conditions bien à lui: l’Etat ne veut pas reprendre du jour au lendemain, sans préparation de relève, Jezzine et a fortiori l’ensemble du territoire occupé. Et certaines franges de résistants ne veulent pas qu’on garantisse à Israël qu’il n’y aurait plus un coup de feu tiré sur la Galilée après le retrait israélien, en laissant entendre que la lutte doit se poursuivre jusqu’à la récupération de Jérusalem, voire jusqu’à la disparition de l’Etat hébreu, comme l’a ordonné l’ayatollah Khomeyni...
On sait quelle effroyable série de malheurs le Sud et ce pays ont subi pour la cause arabe. Et jamais un geste de solidarité, jamais une aide, malgré mille engagements. Des milliards de dollars ont été promis à Fez en 79 comme à Ryad où dix ans plus tard on a créé un fonds qui est resté lettre morte.
A dire vrai, là n’est pas le plus important car la souveraineté et l’intégrité territoriale, qui passent avant toute chose, n’ont pas de prix...

E.K.
Il y a une vingtaine d’années, Elias Sarkis se plaignait, lors d’un sommet arabe, de ce que le Liban-Sud était la seule région à supporter le poids du conflit israélo-arabe et il invitait les Arabes à ouvrir tous les fronts ou à les fermer tous, le Sud compris... Rien depuis lors n’a changé et le Liban-Sud continue à payer le prix fort pour tous les Arabes, tous les...