«Si M. Netanyahu continue à s’en prendre à la population palestinienne, il devra s’attendre à une gigantesque explosion que personne ne pourra arrêter», avait déclaré jeudi M. Arafat dans une interview publiée par le quotidien israélien «Yediot Aharonot».
«Nous ne considérons pas ces propos comme utiles», a affirmé le porte-parole du département d’Etat James Rubin, qui a aussi rejeté toute comparaison entre M. Arafat et le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. «Nous considérons (Arafat) comme un partenaire» alors que Kadhafi est «un hors-la-loi international», a-t-il déclaré.
M. Netanyahu avait qualifié mercredi l’Autorité palestinienne de M. Arafat de «régime soutenant le terrorisme», la comparant à l’Iran ou à la Libye.
M. Rubin a réaffirmé que le prochain voyage du médiateur américain Dennis Ross au Proche-Orient serait «exclusivement centré sur la sécurité» et en particulier une relance de la coopération entre services de sécurité israéliens et palestiniens pour combattre le terrorisme.
Interrogé sur la suggestion faite mercredi par le secrétaire d’Etat Madeleine Albright d’accélérer les négociations sur le statut final des territoires palestiniens, il a précisé que dans l’esprit de Mme Albright, cette accélération devait «être combinée avec l’application de l’accord intérimaire» sur l’autonomie palestinienne.
Les négociations sur le statut final doivent en principe être conclues en 1999, mais «c’est un délai trop long», a souligné M. Rubin. Les Etats-Unis souhaitent «un délai nettement plus court», a-t-il expliqué sans autre précision.
Il a rejeté l’idée que Mme Albright ait voulu faire ainsi une concession à M. Netanyahu, qui avait le premier proposé il y a quelques mois une accélération des négociations sur le statut final. «Ce n’était pas son intention», a-t-il affirmé.
Malgré cette mise au point, Netanyahu a cru bon d’estimer que «la proposition américaine d’accélérer les négociations a été avancée il y a plusieurs mois par le gouvernement israélien». Il a estimé en outre que «le scénario mis au point à Oslo pour les accords d’autonomie ne crée pas la confiance mais, au contraire, la détruit».
Enfin, le chef du gouvernement israélien a souligné qu’il y avait accord «sur presque tous les points entre Israël et les Etats-Unis concernant le processus de paix».
Rééquilibrage nécessaire
Le rééquilibrage dans l’attitude de l’administration Clinton — traditionnellement plus favorable à Israël qu’aux Palestiniens — est très net et semble à l’évidence destiné à favoriser un succès des nouveaux efforts US.
Reflet (même indirect) de cette révision: l’influent «Washington Post», dans un éditorial qui tranche avec la position habituelle des grands médias américains, estime que les Etats-Unis devraient se prononcer formellement en faveur de la création en Cisjordanie et Gaza d’un Etat palestinien démilitarisé (VOIR PAR AILLEURS).
Les inquiétudes des USA et leur souci de ne rien faire qui pourrait attiser le feu s’explique par la montée du ton de part et d’autre. En réponse aux propos tenus par M. Arafat, les dirigeants israéliens ont riposté en maintenant la plupart des sanctions décrétées à la suite du double attentat du 30 juillet. Et aussi en s’en prenant au président de l’Autorité palestinienne.
«Nous ne voyons absolument rien (dans ce que fait M. Arafat). Au contraire, nous entendons de lui des déclarations extrêmement belliqueuses», a affirmé M. David Bar-Illan, porte-parole du premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le chef de l’aile dure de la droite israélienne, M. Ariel Sharon, s’en est violemment pris au président palestinien.
«M. Arafat est un meurtrier, un criminel de guerre avec lequel il n’y a aucun moyen de parvenir à la paix», a déclaré M. Sharon aux journalistes.
Pour sa part, un ministre palestinien a exprimé l’espoir que le secrétaire d’Etat américain fasse preuve de la même réceptivité aux besoins des Palestiniens qu’elle en a manifesté pour les impératifs de sécurité des Israéliens.
«C’était presque poétique», a déclaré Mme Hanane Achraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, en commentant le discours prononcé mercredi par Mme Albright.
«J’espère qu’elle sera aussi sensible lorsqu’elle parlera des droits des Palestiniens lorsqu’elle viendra dans la région», en principe à la fin du mois d’août, a déclaré Mme Achraoui au cours d’une conférence de presse à Ramallah.
«Je mets en garde (les Etats-Unis) contre l’adoption des priorités israéliennes qui visent à mettre la sécurité des Israéliens au cœur du processus de paix, à l’exclusion des autres questions», a affirmé Mme Achraoui.
«Cela ne signifie pas un sauvetage du processus de paix, mais sa fin», a-t-elle ajouté.
Si l’émissaire américain Dennis Ross «vient seulement pour parler de la sécurité, alors nous lui présenterons une longue liste d’exigences quant à la sécurité des Palestiniens, à tous les niveaux, personnel, économique et humanitaire», a dit le ministre.
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