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Actualités - ANALYSE

Le sud sert encore une fois de bouc émissaire ...

Avec une sorte de magnanimité, malgré leur double programme de vacances et de sempiternelles querelles de ménage, les responsables prêtent attention aux graves développements qui se produisent au Sud-Liban et dans la Békaa-Ouest où Israël se déchaîne, violant par ses pilonnages les accords d’avril. Une escalade inquiétante qui prend un caractère de vengeance aveugle, après les attentats palestiniens dans la partie juive de Jérusalem. Encore une fois le Liban sert donc d’exutoire et compte ses morts et ses blessés sans que la communauté internationale ou les bons amis, Arabes et autres, ne s’en émeuvent...
Les Israéliens, pour se justifier, laissent entendre que les auteurs de l’attentat de Jérusalem seraient non pas des Palestiniens mais des membres du Hezbollah libanais. Selon eux, le commando aurait quitté Beyrouth avec de faux passeports pour une capitale occidentale où il serait resté jusqu’au 20 juillet avant de gagner Israël. Les Israéliens insinuent également que ces indications leur ont été fournies par des S.R. et confirmées à les en croire par les services de sécurité palestiniens. Une manière peut-être de semer la zizanie entre Arabes. A moins que les Palestiniens n’aient effectivement servi cette histoire aux Israéliens pour se dédouaner eux-mêmes de l’accusation d’avoir laissé le Hamas ou le Jihad islamique commettre l’attentat. Une hypothèse que confortent les déclarations d’Arafat. Rencontrant la presse lors de sa visite en Jordanie, Abou Ammar (on croirait entendre un Libanais!) s’est exclamé: «Pourquoi faut-il que notre peuple doive toujours payer le prix...» Et il a affirmé que «les services israéliens savent, tout comme les nôtres, que les auteurs de l’attentat sont venus de l’extérieur et non pas de l’intérieur».
Ce n’est donc plus de la coopération entre Israéliens et Palestiniens d’Arafat, c’est de la complicité... Il est tellement commode pour ces deux parties, au niveau politique, de tout rejeter sur une proie aussi facile que le Liban plutôt que de s’entre-déchirer; et dans ce cadre, faut-il le rappeler, elles ont toutes les deux beaucoup d’expérience...
Cependant leur scénario, ahurissant de synchronisation et de rapidité, tient mal debout. A part des tirs de katiouchas sur la Galilée, jamais les intégristes libanais n’ont opéré en Israël même et a fortiori ils n’ont jamais organisé d’attentats-suicide à la bombe en plein cœur de Jérusalem. Leur politique déclarée épargne les civils et évite les actions mal ciblées. De plus, pour qu’une première tentative de cette importance réussisse, quand la base de départ est aussi éloignée et qu’on manque de permanences-connexions actives sur place, il faut une infrastructure et des moyens que seuls peuvent avoir de grands services secrets.
Parfaitement conscients de ces objections, les officiels israéliens ont pour leur part précisé que les informations sur l’implication du Hezbollah, couleuvre qu’il est difficile de faire avaler à l’opinion publique, restent à vérifier.
Mais alors on se demande pourquoi, sans attendre les résultats d’une telle enquête, ils ont ordonné une vaste opération sanglante de représailles au Sud-Liban. La réponse réside sans doute dans le fait qu’à cause des provocations continues de Netanyahu à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, la contestation palestinienne est actuellement bien mieux comprise en Occident que le Hezbollah qui reste la bête noire de Washington mais aussi de nombre de puissances européennes. Dès lors Netanyahu, et bien évidemment Arafat aussi, préfère se retourner contre les Libanais que sévir contre le Hamas. Pour les deux compères, c’est plus facile sur le plan intérieur... L’Israélien joue au foudre de guerre pour donner à ses compatriotes l’illusion qu’il est un homme fort qui peut les protéger par le fusil. Et le Palestinien évite de se retrouver entre l’enclume de ses adversaires de l’intérieur, Hamas en tête, et le marteau israélien, surtout à un moment où il est affaibli par la démission collective de son gouvernement à cause d’un vaste scandale de corruption...
Mais la solution retenue offre un risque de dérapage régional certain. En effet, pour atteindre son objectif d’intimidation musclée, Israël devrait pousser encore plus loin ses opérations guerrières, notamment dans la Békaa où selon lui le Hezbollah a ses bases principales. Or il est évident, relèvent des rapports diplomatiques, que des raids multipliés peuvent déboucher sur des accrochages israélo-syriens, ce qui pourrait mettre le feu aux poudres dans la région. A moins que, comme toujours, les Américains n’interviennent pour calmer le jeu...

Ph. A.A.
Avec une sorte de magnanimité, malgré leur double programme de vacances et de sempiternelles querelles de ménage, les responsables prêtent attention aux graves développements qui se produisent au Sud-Liban et dans la Békaa-Ouest où Israël se déchaîne, violant par ses pilonnages les accords d’avril. Une escalade inquiétante qui prend un caractère de vengeance aveugle,...