Pan Pan Gommons la gomina

Julio Iglesias. Ancien gardien de but du Real Madrid, crooner de charme. Voix de velours, jamais puissante mais toujours musicale. Un vrai sirop pour mal de gorge. Costume sombre sans revers, pantalon un peu trop court, peau grenelée d’ex-acnéique variolé, cheveux bien plus touffus derrière que devant, tempes comme tondues, cils clignotants, gestuelle minaudière de danseur mondain, une manière bien à lui, très gracieuse ma chère, de triturer le micro dans ses battoirs de goal-keeper, de l’écarter brusquement comme si une crise d’épilepsie s’annonçait puis de joindre les phalanges (on est espagnol ou on ne l’est pas) en une suppliante prière au dieu des languides frémissements d’un cœur intarissable. Bref l’idole parfaite pour les millions et les millions des lectrices des collections Harlequin couleur rose bonbon.
Et c’est ce grand artiste qui nous fait faux bond.
Parce que ses acolytes, sortis d’on ne sait quel capharnaüm, refusent, en tapant de leurs petits pieds zapateados tout mignons-mignons sur le parquet en bois d’une scène sévillane, de renoncer à cette étoile jaune de gloire éternelle qu’est le visa de l’Etat hébreu sur leur passeport apposé.
Entêtement puéril? Bon, intrusion dans les variétés d’une mentalité issue d’un constant lavage de cerveau qui subordonne tout au culte, par lui-même, du peuple élu.
D’aucuns seraient tentés de dire qu’on peut laisser passer, tout comme les Pyramides voient défiler des cohortes de descendants de Joseph, qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat dans la gorge aussi populaire qu’Iglesias le chéri de ces dames.
Mais on serait très mal venu de se compromettre avec d’évidents prosionistes quand on a refoulé à Masnaa les athlètes de Saddam...
J.I.