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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Au séminaire de la commission épiscopale pour l'émigration de l'APECL Boueiz : la nationalité libanaise aux emigrés sous certaines conditions Mgr Chekrallah Harb réclame avec insistance l'annulation du décret sur les naturalisations (photos)

Le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, a souhaité l’octroi de la nationalité libanaise aux émigrés qui la sollicitent à bon droit, et dans certaines conditions, estimant que toute personne «de sang libanais» a droit à cette nationalité et au droit de vote qui l’accompagne. Par ailleurs, M. Boueiz a critiqué vigoureusement, sans le nommer, le ministère des Emigrés ainsi que la fonction d’attaché à l’émigration, estimant qu’elle crée pour l’émigré le problème de la double allégeance et qu’elle contredit les dispositions de la Convention de Vienne sur les rapports diplomatiques entre Etats.

M. Boueiz a tenu ces propos dans le cadre du quatrième séminaire annuel de la commission épiscopale pour l’émigration, une commission émanant de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban (APECL), et présidée par Mgr Chekrallah Harb. Les travaux de la commission se sont tenus, samedi, au Century Park Hotel, à Kaslik, en présence notamment du député Camille Ziadé, représentant le patriarche maronite, et de Mgr Béchara Rahi, archevêque maronite de Jbeil.
En début de réunion, le P. Khalil Alwan, secrétaire général de l’APECL, a lu un message du patriarche Sfeir dans lequel ce dernier a insisté sur la nécessité d’éviter tout ce qui est de nature à polariser politiquement la diaspora. «Rien ne repousse davantage les émigrés que les tiraillements existant entre les institutions qui cherchent chacune à attirer les émigrés vers elles», affirme en particulier le chef de l’Eglise maronite.

Stratégie de
marginalisation

Prenant ensuite la parole, M Nabil Khalifé, animateur du séminaire, a mis en garde contre «une stratégie de marginalisation du rôle des chrétiens, et des maronites en particulier». M. Khalifé a affirmé: «Depuis les années 50 jusqu’à ce jour, sous l’influence de parties régionales et avec un aval local, des pressions sont exercées pour transformer tous les organismes s’occupant de la diaspora libanaise en une institution apolitique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Union des Libanais dans le monde est devenue l’Union culturelle libanaise mondiale. On a pensé, à tort, que la culture abolit la politique, et l’on a oublié que le culturel est, sous beaucoup d’aspects, religieux et relève du politique, même si ce n’est pas de la politique».
Pour M. Khalifé, «cette tentative de contenir la diaspora libanaise dans certains cadres fait partie d’une stratégie visant à marginaliser le rôle des chrétiens et des maronites en particulier (...) dans le but de mettre la main sur l’Etat libanais, car les maronites sont le nerf constitutif historique de l’Etat». Et M. Khalifé d’ajouter que «l’exode intérieur des maronites et la neutralisation de leurs institutions liées à la diaspora, sont le préambule à la neutralisation de leurs capacités géopolitiques reposant sur leur foi dans l’entité et l’Etat libanais».
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle M. Khalifé pense que «les chrétiens du Liban n’ont pas été poussés à l’exode en raison de la guerre, mais que la guerre a été décidée pour les déplacer».

Les naturalisations

Pour sa part, Mgr Chekrallah Harb a demandé pour les émigrés et leur descendance le droit à la nationalité libanaise, avant de réclamer l’annulation par le Conseil d’Etat du décret sur les naturalisations. Ce décret, a-t-il précisé en substance, a octroyé la nationalité libanaise à plus de 300.000 musulmans, dont certains n’ont aucun lien sanguin ou autre avec le Liban, introduisant un déséquilibre démographico-religieux dangereux pour le Liban.
«Il s’agit d’un décret arbitraire qui n’a pas respecté les principes du droit», a ajouté Mgr Harb à ce sujet, «et s’il faut accorder la nationalité à ceux qui y ont droit, respectons le principe de la parité numérique (entre chrétiens et musulmans), qui préserve l’équilibre religieux et, par conséquent, la formule libanaise qui ne sera pas, ainsi, exposée au risque de la disparition».
Succédant à Mgr Harb, Mgr Béchara Rahi a notamment énuméré les raisons qui poussent les Libanais à émigrer. Ces raisons sont: «L’occupation du Sud, la situation de stagnation économique, la présence de forces armées non libanaises sur le sol national, la persistance du problème des déplacés, le danger des fanatismes, le sentiment éprouvé par certains d’être privés de leurs droits».
«Ces causes, a conclu Mgr Rahi, aiguisent chez les Libanais, et en particulier les jeunes, la tentation du départ».

150.000 femmes sans conjoint

De son côté, M. Anis Abi Farah a tracé un historique de l’émigration au Liban, depuis la moitié du XIXe siècle. Il a rappelé, notamment, qu’entre 1975 et 1994, 729.000 Libanais ont quitté la mère-patrie, soit 19,8% de la population libanaise, et 24,7% des résidents.
Ces émigrés, a poursuivi M. Abi Farah, se répartissent comme suit: 19% de catholiques, 15,9% de chiites, 9,5% de druzes, 22,9% de maronites, 25,4% d’orthodoxes et 21,9% de sunnites.
Par ailleurs, M. Abi Farah a analysé les conséquences de l’émigration sur la nuptialité, affirmant que, du fait de la guerre et de l’émigration, qui a touché en majorité le sexe masculin, il existe en ce moment au Liban 150.000 femmes en manque de conjoint.

L’intervention de Boueiz

M. Boueiz devait couronner le séminaire en réclamant, d’abord, le droit à la nationalité libanaise à toute personne de père et/ou de mère libanais, tout en assortissant ce principe de certaines conditions. Ainsi, le candidat devra parler libanais, avoir été inscrit dans une école libanaise à l’étranger, avoir visité le Liban au moins une fois, etc.
Deuxième principe, a dit en substance M. Boueiz, il faut que la nouvelle loi électorale reconnaisse aux Libanais de l’étranger le droit de vote. Troisième principe, il faut examiner attentivement le type de liens à créer entre le Liban et les Libanais de l’émigration, en évitant de créer, pour s’occuper d’eux, des institutions rivales qui sont là plus pour se servir des émigrés que pour les servir. On évitera ainsi la création d’organismes qui, du point de vue du droit international et de la Convention de Vienne, sont de véritables hérésies dont le Liban a l’exclusivité dans le monde.
Par ailleurs, M. Boueiz devait réclamer une réorganisation de l’ULCM, ainsi que la création d’un organisme susceptible de mettre les émigrés désireux de visiter la mère-patrie à l’abri des requins et des escrocs.
Le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, a souhaité l’octroi de la nationalité libanaise aux émigrés qui la sollicitent à bon droit, et dans certaines conditions, estimant que toute personne «de sang libanais» a droit à cette nationalité et au droit de vote qui l’accompagne. Par ailleurs, M. Boueiz a critiqué vigoureusement, sans le nommer, le ministère...