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Actualités - ANALYSE

L'initiative de Moubarak suscite à Beyrouth beaucoup de questions ..

A Damas, tandis que le président Hafez el-Assad soulignait qu’on ne voit toujours pas le déblocage venir, le président Hosni Moubarak d’Egypte a mis en garde contre les graves dangers qu’implique l’impasse régionale.
Une déclaration qui semble signifier, indique-t-on de source diplomatique à Beyrouth, qu’il pourrait bien y avoir un conflit armé généralisé auquel même les pays déjà en paix sur le papier avec Israël, comme l’Egypte elle-même, n’échapperaient pas pour la bonne raison qu’ils ne pourraient pas se contenter d’observer cette guerre en spectateurs.
Mais toujours à Beyrouth, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, continue à soutenir fermement que les Cassandre se trompent, qu’il n’y aura pas de guerre, et que la situation, bien que fluctuante avec alternance de flambées et de trêves, restera sous contrôle. Jusqu’à présent, les faits lui ont donné raison. Mais le prétendu statu quo est si lourd à porter que, poussés à bout, certains sudistes n’hésitent pas à dire, qu’à tout prendre, ils préféraient qu’on tranche, qu’on sorte de l’étouffoir même au prix d’une guerre. Et des Libanais de l’intérieur, asphyxiés par une crise socio-économique dont le Sud est l’une des causes, ne sont pas loin de partager ce point de vue extrême.
Les hommes d’affaires soulignent pour leur part une évidence: le sort du Liban, sur le plan économique comme dans tout autre domaine, dépend entièrement de qui va se passer dans la région, de la guerre, de la paix ou de la guerre froide. Ils ajoutent que, tant qu’on n’est pas fixé, on ne peut pas s’attendre à voir les capitaux affluer et les investisseurs accourir. Dans l’inconnu, dans le doute, le capital s’abstient.
La déclaration souhaitée est-elle en marche? On peut le penser, après les rencontres israélo-palestiniennes, les démarches de Moratinos et après la brusque initiative de Moubarak qui s’est rendu à Damas comme à Amman manifestement pour aider les Américains à faire redémarrer le processus aussi bien sur le volet syro-libanais que sur le volet palestinien. La mise en garde du chef de l’Etat égyptien, faite sur un ton grave, fait donc qu’on se demande de nouveau à Beyrouth si Le Caire ne s’alarme pas parce qu’il détiendrait des informations confirmant la possibilité d’une soudaine guerre régionale... A partir de là, les sources locales se posent la question de savoir si l’Etat hébreu, qui est seul en mesure de déclencher les hostilités, est parvenu à la conclusion qu’il y a intérêt, même si les Américains ne sont pas d’accord...

Intérêt

Sur ce point, cependant, un officiel libanais estime que, «justement, l’Etat hébreu n’a pas intérêt à déclencher une guerre qui lui vaudrait l’opprobre, la condamnation du monde entier, Etats-Unis en tête. Il ne peut pas aller jusqu’à défier son père nourricier, Washington, d’autant que dans une telle aventure, il n’aurait pas comme en 1956 l’appui des Anglais et des Français, ce qui d’ailleurs ne l’avait pas alors empêché de se faire taper sur les doigts par Eisenhower... Le gouvernement de Netanyahu non seulement n’aurait aucun Etat à ses côtés, mais verrait très certainement se dresser avec force contre lui, derrière les pacifistes travaillistes, la majorité de son pays même. De plus, en pratique, le Likoud ne peut pas prendre seul une telle décision qui est d’ordre national et qui en Israël a toujours fait impérativement l’objet d’un consensus général».
Cette même personnalité relève que, «par contre, si Netanyahu parvient, par ses provocations, à pousser les Arabes à attaquer Israël, alors il aurait le monde occidental et tous les Israéliens avec lui. C’est une hypothèse qui est toutefois très peu probable non seulement à cause du rapport de forces militaires, toujours à l’avantage d’Israël, mais aussi parce que les Arabes, Syrie en tête, sont depuis Madrid fermement attachés à l’idée d’une vraie paix dans la région, comme l’a certifié encore une fois le président Assad après son entrevue avec M. Moubarak».
Et de conclure en affirmant que «le statu quo convient parfaitement à Netanyahu. Il lui permet de garder le Golan, le Liban-Sud, la Békaa-Ouest et la plus grande partie de la Cisjordanie, au prix de pertes en vies humaines ou en matériel qui restent relativement réduites, surtout comparées au bilan éventuel d’une guerre généralisée avec aviation, missiles, voire armes chimiques...».
Mais un autre responsable libanais n’est pas de cet avis. Il soutient qu’Israël «ne peut plus supporter l’hémorragie, la plaie ouverte en Cisjordanie et au Liban-Sud. En faisant ses comptes, il s’aperçoit que les pertes annuelles égalent celles qu’il risquerait en cas de guerre-éclair. De plus, ajoute cette source, Israël peut penser que jamais l’occasion ne sera aussi propice, les Arabes étant divisés et faibles. S’il les laisse à leur déliquescence, doit-il estimer, ce seraient les mouvements intégristes qui en profiteraient; et si ces derniers parvenaient au pouvoir, ils veilleraient à renforcer les capacités militaires des Arabes pour attaquer Israël...».
Et pour conclure, un argument sans doute plus convaincant que les précédents: «Avec des gens comme Netanyahu, entré en politique pour venger son frère tué lors du raid d’Entebbé, on ne peut jamais savoir...».
E. K.
A Damas, tandis que le président Hafez el-Assad soulignait qu’on ne voit toujours pas le déblocage venir, le président Hosni Moubarak d’Egypte a mis en garde contre les graves dangers qu’implique l’impasse régionale.Une déclaration qui semble signifier, indique-t-on de source diplomatique à Beyrouth, qu’il pourrait bien y avoir un conflit armé généralisé auquel...