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Actualités - ANALYSE

Audiovisuel : des maladresses qui provoquent un malaise confessionnel

Encore une fois l’audiovisuel en vedette. A l’occasion certes de la fermeture de chaînes de télévision et de stations de radio déterminées. Mais surtout à cause du malaise confessionnel provoqué par une sélection qui a entraîné de vives réactions, notamment de la part de Dar el Fatwa qui, après la suppression de «Saout el Watan», décide de superviser une «Radio du Coran», fruit de la fusion de nombre de stations mahométanes, en riposte pour ainsi dire à la «Voix de l’amour» chrétienne.
Cheikh Bahjat Ghaith réclame de son côté une radio religieuse druze. Les Arméniens militent de leur côté pour la légalisation de «Radio Van»... et un peut tout le monde «s’étonne des privilèges» consentis au Hezbollah, considéré sous l’angle communautaire et qui garde ses médias, radio et télé. D’ailleurs toutes les autres communautés se plaignent que les chiites «aient eu tout ce qu’ils voulaient», car cheikh Hassan Khaled a décroché une licence pour sa station «Al Bachaer» et il se murmure que discrètement, l’on a même accordé un permis pour une radio protégée par cheikh Soubhi Toufayli en personne. Comme quoi l’Etat n’est pas rancunier...
Après le bazar politique, plutôt axé sur les télés, le plan gouvernemental provoque donc des remous à caractère confessionnel principalement du côté des radios.
Du côté du gouvernement, on confirme que l’on va tenter de traiter ce dossier, hautement sensible, en douceur. Mais l’on ajoute qu’on ne peut «donner satisfaction à tout le monde, dans un pays où il y a dix-huit communautés. Nous avons pris pour principe d’autoriser deux chaînes et deux stations, une chrétienne et une mahométane. Les chrétiens ont donc eu licence pour «Télé-lumière» et pour la «Voix de l’amour» qui dépendent de l’Assemblée des prélats catholiques mais avec droit de regard par coordination de l’ensemble des communautés chrétiennes. Les instances mahométanes — Dar el Fatwa, le conseil supérieur chiite, le cheikhat Akl et l’imamat alaouite — auraient dû se concerter, s’entendre pour disposer ensemble d’une chaîne et d’une station».
Ces remarques étonnent les cercles concernés qui notent que «le pouvoir ne respecte pas les principes qu’il proclame, à preuve qu’il a octroyé bien plus de licences, d’une façon arbitraire, que les deux télés deux radios prévues au titre du spirituel. On est loin au bout du compte des dispositions du Code de l’audiovisuel comme du consensus de départ. C’est ce qui provoque cette anomalie apparente d’une lutte de partage entre autorités religieuses, parallèlement au partage «laïc» entre responsables, seul le chef de l’Etat n’étant partie prenant dans aucune des entreprises autorisées...... La cerise sur le gâteau reste le fait que le président Nabih Berry et la partie qu’il cautionne ont obtenu une licence pour une télé et pour une radio qui n’existent pas et qui ne sont pas près de fonctionner, alors qu’on a supprimé des institutions très dynamiques et très manifestement viables... Il n’est pas étonnant dès lors que certains «punis» se rebiffent devant autant d’iniquité et refusent de fermer boutique. Le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, minimise cette atteinte aux lois pour justifier le fait qu’on ne réagit pas en fermant les radios en cause de force, ce qui ferait mauvais effet auprès de l’opinion, très sensible aux questions d’équité».
Et de conclure en admirant «cette propension du chef du gouvernement à créer chaque jour un nouveau problème, une nouvelle crise, une nouvelle affaire, parfois en reprenant d’anciens éléments, comme dans cette histoire d’audiovisuel ou comme dans l’histoire des «interventions» lors des élections de la CGTL en avril dernier, qu’il a ressortie tout récemment pour une attaque en règle contre des services déterminés...».
Mais le tour confessionnel que prend l’affaire des radios est aussi regrettable que délicat. Il faut dès lors voir comment le pouvoir, qui a reçu de Taëf mission d’unir le peuple libanais, va se tirer de ce guêpier où il s’est lui-même placé.
Ph. A.-A.
Encore une fois l’audiovisuel en vedette. A l’occasion certes de la fermeture de chaînes de télévision et de stations de radio déterminées. Mais surtout à cause du malaise confessionnel provoqué par une sélection qui a entraîné de vives réactions, notamment de la part de Dar el Fatwa qui, après la suppression de «Saout el Watan», décide de superviser une «Radio du...