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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Le problèmes des déplacés, une priorité nationale, déclare Sabeh

A l’occasion de Jezzine, on a reparlé du «tawtine», cette implantation des Palestiniens qui est la hantise des Libanais de tous bords (du moins ils le disent) depuis des décennies. Un danger tellement redouté que, fait extraordinaire pour quelque chose qui n’existe pas, il est mentionné dans la Constitution même du pays!
Aujourd’hui, le président du Conseil supérieur chiite cheikh Mohammed Chamseddine tire de nouveau la sonnette d’alarme en soulignant que, de plus en plus, les circonstances risquent de favoriser «le complot» de l’implantation.
Le président de la République a proclamé pour sa part à Aley, à l’occasion d’un meeting pour les émigrés que, «par Dieu», il n’est pas question d’accepter que le Liban serve de patrie de substitution aux réfugiés des camps...
Le chef du gouvernement a réfuté de son côté les rumeurs «infondées» selon lesquelles l’implantation se ferait dans la région de Jezzine. Il a ajouté que «l’implantation est une question politique qui n’a rien à voir avec la géographie. Elle suppose une logistique, des charges pour l’Etat. Le projet est hors de question pour le Liban, pour ses différents services politiques ou exécutifs».
Tous les pôles locaux, politiques ou religieux, toutes les communautés abondent «traditionnellement» pour ainsi dire dans le même sens et rejettent l’implantation. Mais quel poids ce refus théorique peut avoir contre la volonté des puissances concernées qui semblent toutes d’accord pour nous laisser le bébé...
Les appréhensions des Libanais se trouvent attisées chaque fois qu’ils entendent dire qu’une mission internationale est venue recenser les Palestiniens ou que l’UNRWA dont le déficit est croissant commence à réduire ses prestations, en vue de passer le relais aux pays-hôtes. On reparle donc de fait accompli et de naturalisation à terme. De fait, la tendance dans les négociations multilatérales où se traite le dossier (négociations auxquelles le Liban, pour faire comme la Syrie, refuse de participer) est de laisser les réfugiés de la diaspora palestinienne grosso modo là où ils sont, ou d’en déplacer une partie à destination des continents peu peuplés comme l’Océanie (l’Australie) et le Canada. Et en tout cas de ne permettre le retour en Palestine que d’une infime minorité. C’est qu’Arafat n’a pas assez de place et Israël ne tient pas à voir déferler des centaines de milliers de familles palestiniennes dans ses parages.

Inconsistance

Dès lors, les «fermes positions intangibles de refus» sur lequel le Liban officiel et populaire campe depuis des années pourraient n’avoir pas plus de consistance en pratique que des bulles de savon. D’ailleurs, l’opposition de l’Est parle même d’«hypocrisie» en affirmant que l’on a fourré des Palestiniens par milliers dans le décret de naturalisation de 1994. Des chefs de famille surtout, ce qui fait qu’on peut facilement multiplier les chiffres par trois ou quatre, puisqu’ils pourront donner à leur tour la nationalité à leurs proches. Sur le plan foncier, fondamental en matière d’installation socio-économique, ces naturalisés peuvent acquérir autant de biens-fonds qu’ils veulent sur le territoire libanais et les restrictions concernant les étrangers en matière d’appropriation ne s’appliquent plus à eux. Parallèlement, on note que le Canada — en charge du dossier dans le cadre des multilatérales — se dit prêt à aider le Liban en lui prenant un certain quota d’expatriés et insiste pour qu’on installe les Palestiniens qui resteraient dans du dur. De leur côté, des promoteurs proposent de construire des «cités», entendre des complexes d’habitat, pour les réfugiés au Sud. Pour que ces derniers puissent quitter les camps, louer ou acheter des appartements dehors, il faudrait un feu vert général. On n’en est pas encore là mais cela risque de ne plus beaucoup tarder. Le sujet de l’implantation n’est donc pas au point mort et bouge, lentement mais sûrement.
Que faire pour lutter contre un tel courant? Certains rêveurs proposent de refuser de signer tout accord de paix avec Israël avant qu’un arrangement sortant les Palestiniens du Liban ne soit conclu. Une idée aussi peu réaliste — le cas échéant — que d’aller dire aux étrangers que la Constitution libanaise interdisant l’implantation, ils doivent renoncer à nous l’imposer. Cela les ferait d’autant plus sourire qu’ils ne sont pas sans savoir que la Constitution, les Libanais — dirigeants en tête — sont les premiers à la fouler allègrement aux pieds, à toute occasion...

E.K.
A l’occasion de Jezzine, on a reparlé du «tawtine», cette implantation des Palestiniens qui est la hantise des Libanais de tous bords (du moins ils le disent) depuis des décennies. Un danger tellement redouté que, fait extraordinaire pour quelque chose qui n’existe pas, il est mentionné dans la Constitution même du pays!Aujourd’hui, le président du Conseil supérieur...