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Actualités - CHRONOLOGIE

Trois cents personnes seulement étaient présentes à son meeting Toufayli fait chou blanc au Akkar Dossier détritus : le Hezbollah met en garde contre une explosion de colère populaire dans la banlieue-sud

A partir de lundi, avec le retour de M. Hariri de Grèce, (VOIR PAR AILLEURS), une série de dossiers brûlants, laissés en suspens, occuperont de nouveau le devant de la scène: l’affaire de la réouverture d’une session extraordinaire de la Chambre sur laquelle se greffe le conflit relatif au poste de commandement de la gendarmerie que M. Hariri souhaite supprimer et le règlement du problème des ordures ménagères qui menace de prendre des proportions démesurées et d’être le détonateur d’un vaste mouvement de protestation populaire. Un mouvement contre lequel le Hezbollah a mis en garde hier.

L’affaire des ordures permettrait peut-être au Hezbollah de reprendre du poil de la bête et de court-circuiter la «révolte des affamés» l’action revendicatrice de cheikh Sobhi Toufayli, responsable de l’aile dure de la formation intégriste. Ce dernier a fait chou blanc au Akkar où il s’est rendu, hier, en début de soirée pour appeler la population de ce caza à la désobéissance civile: 300 personnes seulement étaient présentes pour écouter l’appel de cheikh Toufayli qui a renouvelé sa promesse de «marcher» sur Beyrouth.
Cheikh Toufayli était attendu à 17h dans la localité de Jdeïdé dans le Akkar, mais il n’y est arrivé qu’à 18h20, rapporte notre correspondant dans la région, Michel Hallak. Ses partisans l’avaient devancé et circulaient à bord de leurs véhicules à Jdeïdé ainsi que dans les localités avoisinantes pour appeler leurs habitants à participer au rassemblement. Mais à 18h, il n’y avait qu’une centaine de personnes sur le site prévu pour le meeting. Le nombre devait augmenter à l’arrivée de cheikh Toufayli, qui était accompagné du chef du Mouvement d’unification islamique, cheikh Saïd Chaabane, et de 25 voitures transportant les partisans des deux dignitaires religieux. Cheikh Toufayli n’a pas manqué d’ailleurs de s’arrêter sur la participation timide au meeting qu’il avait annoncé depuis quelques semaines et ses proches l’ont attribuée à des pressions exercées par les forces actives du Akkar sur les habitants de la région, une des plus déshéritées du Liban. Toujours, selon notre correspondant, aucun parti ou député n’était représenté au meeting.
Un discours conciliant

Est-ce parce qu’il n’y avait pas beaucoup de monde que cheikh Toufayli — qui avait groupé non moins de 5000 personnes autour de lui dans la Békaa — a opté pour un langage beaucoup plus conciliant et pondéré que celui qu’il avait adopté lors du rassemblement du 4 juillet à Baalbeck? Toujours est-il que l’ancien secrétaire général du Hezbollah a souligné qu’il n’est pas «réellement attaché à la méthode qu’il a choisie pour faire entendre la voix du peuple affamé aux dirigeants» et qu’il est «disposé à collaborer avec toute personne qui propose un programme d’action différent (du sien) mais débouchant sur les résultats» qu’il escompte.
Et si, pour lui, la désobéissance civile est un moyen susceptible de «pousser l’Etat à s’occuper du peuple, c’est parce qu’elle fait du mal aux gouvernants sans nuire à la population et aux institutions».
Après avoir réaffirmé que son mouvement s’étendra à d’autres régions et notamment à Beyrouth, cheikh Toufayli a estimé que c’est ce genre de mouvements qui unifie un peuple et le «rend homogène et solidaire». Le dignitaire chiite qui avait galvanisé la foule à Baalbeck a en outre mis l’accent sur l’importance de l’opposition et a ainsi critiqué la décision du gouvernement d’accorder des licences à quelques médias audiovisuels seulement. Cheikh Toufayli ne s’est pas étendu sur le sujet, contrairement au chef du MUI qui a accusé l’Etat d’avoir accordé des licences «aux médias qui veulent promouvoir la culture sioniste». «Pourquoi a-t-on autorisé de nombreux agents d’Israël à émettre? Est-ce là la récompense de ceux qui ont trahi leur pays? Pourquoi faut-il que la voix de l’islam se taise à Tripoli? Pourquoi n’ont-ils pas accordé de licences d’émission à l’islam et ont-ils autorisé les Marada, les communistes, Bkerké, les «Forces libanaises», les Kataëb, et beaucoup d’autres à avoir chacun son média».
Cheikh Chaabane a aussi accusé l’Etat de «vouloir faire taire le peuple». «C’est pour nous empêcher de faire entendre notre voix et pour empêcher les gens de venir nous écouter qu’ils ont déployé les forces de l’ordre sur les routes». Tôt le matin, effectivement, des unités conjointes des FSI, du service de sécurité de l’Etat et des SR de l’armée ont été déployées dans le Akkar, dans le périmètre de la localité de Jdeydé précise notre correspondant. Les forces de l’ordre qui avaient établi des barrages fixes et volants étaient présents massivement sur le site où le meeting a été organisé.
Cheikh Chaabane a évoqué divers autres sujets, à l’exception de celui des tonnes d’ordures ménagères sous lesquelles la banlieue-sud de Beyrouth est noyée. (VOIR PAGE 4) Toufayli, quant à lui, n’a abordé ce problème que très brièvement alors que dans la capitale, le Hezbollah annonçait qu’il a pris en charge ce dossier.
Le communiqué de la formation intégriste contenait une menace à peine voilée à l’Etat qu’il a mis en garde contre «une explosion de colère populaire». Critiquant «l’insistance de l’Etat à faire assumer à la population» de la banlieue la responsabilité du problème qui se pose depuis la destruction de l’usine de Amroussieh et la fermeture de la décharge de Bourj Hammoud, le Hezbollah a estimé que l’Etat possède de nombreux terrains loin des quartiers résidentiels et qu’il peut les exploiter pour l’installation d’un centre de traitement des ordures ménagères. Menaçant, il a indiqué qu’il «ne gardera pas les bras croisés devant ce qui se passe et n’épargnera aucun effort pour faire imposer les méthodes et les solutions efficaces» à la crise qui s’exacerbe. Interrogé par «L’Orient-Le Jour», un des députés du Hezbollah, M. Hussein Hajj Hassan, a souligné qu’il n’est pas question d’accepter qu’un centre de triage des déchets soit installé à proximité des quartiers résidentiels et a confirmé qu’un vaste mouvement de protestation populaire sera organisé au cas où l’Etat ne trouverait pas dans les quelques jours à venir un endroit où les déchets seront rassemblés et triés. Selon lui, une solution devrait intervenir dans les deux jours à venir.
M. Hajj Hassan et son collègue Ali Hassan Khalil, représentant d’Amal, sont chargés par les deux mouvements auxquels ils appartiennent respectivement des contacts avec les services concernés pour le problème qui se pose dans la banlieue. Durant la journée, ils ont tenu deux réunions, dans la matinée, puis en fin d’après-midi, avec le ministre de l’Environnement, M. Akram Chehayeb, le mohafez du Mont-Liban, M. Mohamed Souheil Yamout, et les présidents des municipalités de Baabda, Choueifate, Haret Hreik, Furn el-Chebbak, Mrayjé, Bourj Barajneh, Hazmieh, Chiyah et Ghobeyri.
Amal et le Hezbollah s’opposent toujours à ce que le centre de tri soit localisé à Amroussieh et semblent déterminés à combattre ce projet jusqu’au bout. Ils sont même opposés à une installation provisoire du centre de tri sur le site de l’usine de Amroussieh. Leurs représentants ont accompagné le ministre et le mohafez dans la tournée qu’ils ont effectuée au terme de la première réunion, dans les secteurs de Bourj Barajneh, Amroussieh, Hadeth, Tayyouneh, Hazmieh et autres quartiers de la banlieue. Selon M. Hajj Hassan, des terrains vagues ont été repérés, notamment à Bourj Barajneh et à Hazmieh mais il faut attendre au moins deux jours pour savoir à qui ils appartiennent et s’ils peuvent par conséquent être exploités.
A partir de lundi, avec le retour de M. Hariri de Grèce, (VOIR PAR AILLEURS), une série de dossiers brûlants, laissés en suspens, occuperont de nouveau le devant de la scène: l’affaire de la réouverture d’une session extraordinaire de la Chambre sur laquelle se greffe le conflit relatif au poste de commandement de la gendarmerie que M. Hariri souhaite supprimer et le...