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Actualités - REPORTAGE

Beiteddine La troupe Flamenca, Antonio Canales, deux spectacles pour un week-end Torero et Gitano : au coeur des racines espagnoles (photos)

«Olé»! C’était la corrida samedi dernier à Beiteddine, qui a fait «cour» comble pour le spectacle flamenco «Torero» du Ballet Antonio Canales. Emotions, palpitations, envoûtement... Les spectateurs — «aficionados» ont vibré au rythme crépitant du martèlement des talons, se laissant porter par l’enthousiasme, la magie et la violence qui jaillissaient de la scène. Froufrou de volants, fureur des guitares, langage élégant des corps agressifs et sensuels, voix chaudes toutes en trémolos plaintifs, sanglots ou cris de joie... Toute l’âme de l’Espagne. Dans le public, les cœurs ont battu à l’unisson, tantôt en communion avec le taureau «humanisé», tantôt par solidarité avec le matador, le héros, à la fois fragile et surhumain, comme entouré d’un halo de puissance.

Sur scène, une arène de bois rouge derrière laquelle, sur une estrade surélevée, s’installe l’orchestre.. Variant les rythmes (petenera, tangos, fandangos, bulerias...) les chanteurs et musiciens accompagneront tout au long du spectacle les différentes étapes d’un rite quasiment «sacré»: la corrida.
Dans sa chambre d’hôtel, le matador (Antonio Canales), aidé de son «homme de confiance», entre dans son habit de lumière. Il est ensuite laissé à lui-même, tente de se recueillir, en proie à des sentiments violents, contradictoires...
L’arrivée aux arènes; la danse des jeunes admiratrices; la prière de la mère et de l’amante, dans la loge; puis l’entrée de la bête, merveilleusement bien «joué» par David Leon qui était indéniablement la vedette du spectacle. Avec une extraordinaire souplesse, le danseur s’est glissé dans la peau de l’animal, traduisant par les mouvements des bras, de la tête, des épaules, des hanches ainsi que par un magnifique jeu des jambes, toute la force menaçante du taureau. Par ses mimiques, ses frémissements, son regard poignant, il a également réussi, avec brio, à dévoiler, derrière la virilité de l’animal, sa peur et sa solitude face à la mort qui plane, pesante.
Le matador entre en scène. Le rythme de la musique s’accélère, les mains battent avec violence, la tension monte, le taureau s’échauffe, le torero provoque. Les picadores et les banderilleros achèvent d’agacer la bête, à la fois noble et pitoyable, qui halète, tremble, se cogne la tête à l’arène...
L’acte de l’épée. C’est l’affrontement final, la danse à trois: le matador, le taureau, la mort. Chacun tente de s’imposer: ils s’avancent, reculent puis se figent, dans une attitude de défi. Le danger est presque palpable. Dans le public, le silence est bouillonnant.
Maintenant, les deux protagonistes se touchent du front. Il n’y a plus de distance entre eux, c’est la fusion des émotions. L’adieu. Puis le coup de grâce. Le taureau s’effondre, comme une masse, sur la cape rouge qui lui servira de brancard. Le matador baisse la tête. Accablé d’épuisement, mais aussi de tristesse, il rend hommage à cet adversaire valeureux...
La victoire du matador est fêtée en grandes pompes. Dans cette deuxième partie du spectacle le public a déploré l’exclusion de toute présence féminine. Toutefois, la danse des cinq admirateurs, entourant le matador, était une consolation. Toute la richesse du flamenco éclate dans les coups de talons, les déhanchements des corps qui se tortillent, les pirouettes gracieuses... Antonio Canales donne également ici toute la mesure de son talent, dans une performance étonnante de maîtrise. Les jambes du danseur se tendent dans un tremblement accéléré, ses pieds martèlent le sol dans une pluie de «tac tac» ponctuée de «olé»! il est enfin porté en triomphe et reçoit, comme trophée, l’oreille de «son» taureau.
Musique, chant, danse, corrida... «Torero» est un spectacle où l’enchantement est total. Signalons qu’hier, la troupe «Canales» a présenté «Gitano», une magnifique anthologie du flamenco — danse, chant et musique. Seize tableaux illustrant les principales étapes de la vie d’un gitan andalou.
Autre succès, dont on retiendra surtout, aux côtés de Canales (le fiancé), l’étonnant talent de Sara Baras (la fiancée) qui a dansé un flamenco d’une grande pureté. Toute la force des racines d’un peuple...

Natacha SIKIAS
«Olé»! C’était la corrida samedi dernier à Beiteddine, qui a fait «cour» comble pour le spectacle flamenco «Torero» du Ballet Antonio Canales. Emotions, palpitations, envoûtement... Les spectateurs — «aficionados» ont vibré au rythme crépitant du martèlement des talons, se laissant porter par l’enthousiasme, la magie et la violence qui jaillissaient de la scène....