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Actualités - ANALYSE

La politique en vacances : un climat de bobards..

Selon une sourde rumeur, les dirigeants, passant subtilement outre aux directives supérieures qui ont ressuscité récemment la troïka, poursuivent leurs passes d’armes de plus belle, mais à fleurets mouchetés...
Il se raconte ainsi beaucoup dans les salons climatisés que le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, encourage ministres, députés, journalistes et hommes d’affaires à ne pas ménager le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, et à l’accabler de critiques. Ces assertions se fondent sur une observation simple: il est rare qu’un visiteur de Baabda en sorte sans faire une déclaration lançant quelque pierre dans le jardin du premier ministre. Certains le menacent d’imiter Toufayli et de proclamer l’insubordination civile dans leur région. D’autres, commentant le mot de M. Hariri à la Cité sportive («le pays va...») précisent «à vau l’eau, les dettes et la misère avec». De son côté, rencontrant le président du syndicat des rédacteurs Melhem Karam, le ministre des Affaires étrangères, Farès Boueiz, lui confie «le pays va... mais à l’abîme politique et économique. On provoque la population pour qu’elle descende à la rue!...»
Certes, M. Boueiz est un proche du président Hraoui. Mais, de tout temps, il a ses propres positions et on peut se demander dès lors si ce n’est pas faire un mauvais procès d’intentions au président de la République que de l’accuser d’orchestrer en coulisses la campagne anti-Hariri. En effet, recevant à son tour le syndicat des rédacteurs, M. Hraoui a invité l’opposition antigouvernementale à présenter un programme — substitut et, sinon, à cesser ses attaques. Et, dans son mot au dîner des grecs-catholiques, il a souligné que «la mise en relief des problèmes, voire leur exagération, n’est pas dans l’intérêt du pays et ne remplace pas le traitement des problèmes. Pouvons-nous alléger les crises en enfreignant les lois et pouvons-nous les régler en refusant de payer l’impôt...»
Toujours est-il que, lorsque M. Hariri se trouvait au Maroc, il s’est raconté qu’au cours de sa rencontre avec le président Hafez el- Assad, le président Elias Hraoui avait pour sa part soulevé la question du Cabinet pour en demander le changement, président du Conseil en tête ou, à tout le moins, son remaniement. Ces indications avaient été filtrées en direction des médias et l’accent était mis sur l’acuité de la crise relationnelle opposant MM. Hraoui et Hariri. Puis l’on a démenti qu’il y ait une intention quelconque de changer le gouvernement ou même de le remanier et les observateurs avertis en ont conclu que le président Assad avait rendu un avis défavorable, la situation régionale ne permettant pas de crise ministérielle, donc politique, sur la scène intérieure libanaise. On sait du reste que, dès le retour de M. Hraoui et sur les évidents conseils du président Assad, la troïka s’est reformée et s’est de nouveau réunie à Baabda...

Les différends subsistent

Cependant, avoués ou non, les différends subsistent. Ainsi M. Hraoui a tout de suite opposé une fin de non- recevoir à la demande de M. Hariri de changer le nom de la Cité sportive Camille Chamoun. Comme le président du Conseil insistait, il a été décidé de laisser la question reposer quelque temps dans les tiroirs avant d’en reparler pour prendre une décision. Mais, selon les haririens, le chef du gouvernement a eu la surprise de voir le lendemain le sujet étalé à la une des journaux et une campagne élargie autant que virulente se déclencher contre lui à cause de cette affaire, mineure à ses yeux... Il a eu dès lors la nette impression qu’on avait monté en épingle le premier prétexte venu pour récupérer sur son dos la rue chrétienne mais aussi pour dresser contre lui des ministres et des députés...
Plus concret, le conflit sur les FSI et leur réorganisation est moins général car il ne met en cause que les dirigeants eux-mêmes qui se disputent par ailleurs sur les désignations aux postes de première catégorie laissés vacants par les départs en retraite de la fournée de juillet. Contraints par les décideurs à une trêve de surface, les gouvernants se tirent donc dans les pattes en coulisses, sans déclarations publiques incendiaires. Mais le feu couve sous la cendre et le climat actuel est assez malsain pour laisser présager une prochaine nouvelle explosion. Cependant, à ce moment, les décideurs remettraient sans doute, encore une fois, les pendules à l’heure.
C’est peut-être ce qu’on peut comprendre des propos de l’ancien ministre M. Fouad Boutros qui souligne en substance que «ce n’est pas l’accord entre le président de la République et le président du Conseil qui engendre un gouvernement; et ce n’est pas leur désaccord qui le fait sauter... Les facteurs qui président à la naissance d’un gouvernement sont exactement les mêmes que ceux qui provoquent son départ et n’ont rien à voir en définitive avec les rapports entre les deux hommes, qu’ils soient bons ou mauvais. Leurs différends ne sont du reste pas assez essentiels pour mettre en péril le devenir du pays ou pour en déterminer le sort. En fait, toutes ces questions ne méritent pas tant de tapage et il faut croire que c’est le vide politique seul qui leur donne tant de relief, les tempêtes dans un verre d’eau ayant pour but de distraire l’opinion...»

E.K.
Selon une sourde rumeur, les dirigeants, passant subtilement outre aux directives supérieures qui ont ressuscité récemment la troïka, poursuivent leurs passes d’armes de plus belle, mais à fleurets mouchetés...Il se raconte ainsi beaucoup dans les salons climatisés que le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, encourage ministres, députés, journalistes et hommes d’affaires à...