Evoquant ensuite la situation actuelle au Sud, M. Berry a souligné qu’Israël «a l’habitude de nous réserver un été chaud». «Nous avons pris nos précautions à ce propos, a souligné M. Berry. Nous avons entrepris certains contacts qui doivent s’intensifier afin de juguler les agressions israéliennes. Il faudrait, notamment, renforcer le rôle du comité de surveillance du cessez-le-feu». Le chef du Législatif a évoqué à ce sujet, la possibilité d’un recours au Conseil de Sécurité de l’ONU, si le Comité de surveillance du cessez-le-feu au Liban-Sud se contentait de prendre acte des agressions d’Israël sans les condamner.
«Il faut dorénavant que le Comité de surveillance prenne des positions claires, au lieu de dresser uniquement des procès verbaux, sans définir les responsabilités» a déclaré M. Berry à la presse.
En agissant ainsi, le Comité élimine le «rôle du Conseil de Sécurité, qui pourrait condamner Israël pour ses agressions», a dit M. Berry, estimant que «si le Comité n’assume pas ce rôle, il reviendra au Liban de recourir de nouveau au Conseil de Sécurité et à l’Assemblée générale de l’ONU».
Selon M. Berry, cela ne signifie pas l’échec du Comité, ni la volonté de l’ignorer, «puisqu’on peut compter sur ses rapports pour porter plainte au besoin» devant l’ONU.
Les municipales
Sur un autre plan, M. Berry a critiqué les députés et les milieux politiques qui se sont élevés contre le vote par la Chambre de la prorogation des mandats des conseils municipaux jusqu’au mois d’avril 1999. Le chef du Législatif a indiqué à ce sujet que la loi votée par le Parlement considère que le délai maximum pour l’organisation des élections municipales est avril 1999. Pour M. Berry, cela ne signifie pas que ces élections ne peuvent pas avoir lieu avant cette date si la loi électorale, la loi sur les municipales et le projet de décentralisation administrative sont prêts avant le délai susmentionné.
«Si le ministère de l’Intérieur est prêt avant cette date limite, les élections municipales pourraient se tenir dans un délai de trois à six mois, a souligné M. Berry. La loi votée au Parlement n’impose pas au gouvernement d’organiser les élections municipales durant l’été 99 ou en avril 1999. Que le gouvernement nous transmette les lois en question, qu’il procède au découpage administratif qui s’impose, et nous seront prêts à organiser les élections municipales dans un délai de quatre mois».
En réponse à une question, M. Berry a exprimé de sérieuses réserves au sujet de la volonté de certains députés de déposer devant le Conseil constitutionnel un recours en invalidation de la loi prorogeant les mandats des conseils municipaux.
Les audiences
de Hraoui
Signalons, par ailleurs, que le président Hraoui a accordé audience hier à MM. Kabalan Issa el-Khoury, député de Bécharré, Elias el-Khazen, député du Kesrouan, Tammam Salam, député de Beyrouth, et Fouad el-Saad, ancien député de Aley.
A sa sortie du palais de Baabda, M. Kabalan Issa el-Khoury a critiqué les propos tenus par le premier ministre Rafic Hariri qui avait souligné, lors de l’ouverture des Jeux panarabes, que «le pays se porte bien et le travail va bien». M. Issa el-Khoury a déclaré à ce sujet: «Nous demandons au premier ministre de montrer devant tout le monde que la reconstruction se fait sur une base équilibrée». «Si le développement n’est pas équilibré, et la situation politique n’est pas équilibrée, tout ce qui se produit sera alors sans valeur», a affirmé le député de Bécharré.
M. Issa el-Khoury a, d’autre part, déploré l’attitude du gouvernement libanais dans l’affaire de l’exclusion des athlètes irakiens des Jeux panarabes. Soulignant que le comité organisateur des Jeux n’aurait pas dû, dès le départ, adressé aux athlètes irakiens un invitation à participer aux Jeux, le député de Bécharré a déclaré que «le Koweit aurait dû dépasser ses susceptibilités à ce propos». «Nous aurions dû adopter une attitude ferme à ce propos, d’autant que les relations de la Syrie avec l’Irak sont cordiales», a déclaré M. Issa el-Khoury. En conclusion, le député de Bécharré s’est déclaré opposé au projet d’abolition du poste de commandant de la Gendarmerie.
Salam et la Cité
Camille Chamoun
De son côté, M. Salam a indiqué, à sa sortie du palais de Baabda, qu’il avait «félicité» le président Hraoui pour l’ouverture des Jeux panarabes «à la Cité Camille Chamoun». Le député de Beyrouth a déploré à cette occasion les failles qui se sont manifestées au niveau de l’organisation de la cérémonie d’ouverture des Jeux. «Nous aurions souhaité que l’anarchie et le manque d’organisation n’entachent pas la tenue de ces Jeux», a déclaré M. Salam.
En réponse à une question, M. Salam a par ailleurs rappelé qu’il était opposé à la modification du nom de la Cité sportive Camille Chamoun. «Les noms (de places publiques ou de bâtiments publics) sont parfois modifiés lorsque des changements radicaux interviennent dans un pays, a notamment précisé M. Salam. Mais dans notre cas, rien n’a profondément changé depuis l’indépendance et jusqu’à nos jours. Rien ne justifie, par conséquent, de modifier les noms (des bâtiments publics), car autrement, beaucoup de noms devront être modifiés».
Commentant les propos de M. Hariri lors de l’ouverture des Jeux panarabes, M. Salam a, d’autre part, déclaré: «Certes, le pays se porte bien et le travail va bien. Mais les dettes aussi vont de l’avant, le déficit public se porte bien également, de même que la paupérisation et les impôts».
Après avoir déploré le torpillage des séances plénières du Parlement lorsque des dossiers délicats sont soumis au débat, M. Salam a exprimé des réserves au sujet du projet préconisé par M. Hariri en vue de la réorganisation des FSI. «Je suis favorable au renforcement des FSI en tant qu’institution, a précisé M. Salam. «Mais je refuse que cette réorganisation se fasse contre d’autres institutions ou au détriment de certaines fractions politiques. S’il faut renforcer une institution, il faudrait le faire dans une optique nationale et non pas sur base de considérations sectaires».
Pour sa part, l’ancien député Fouad el-Saad a indiqué qu’il avait évoqué avec le président Hraoui le dossier des déplacés. M. Saad a précisé sur ce plan que «cinq pour cent uniquement des déplacés ont pu réellement regagner leurs foyers et résider d’une manière stable dans leurs villages d’origine, grâce aux travaux d’infrastructure qui ont été effectués». «Mais la majorité écrasante des déplacés ne sont toujours pas en mesure de résider dans les villages de la montagne», a souligné M. Saad.
En conclusion, M. Saad a mis l’accent sur la nécessité de désigner au plus tôt un nouveau président de la Caisse des déplacés, «afin de mettre fin à la mascarade qui consiste à se contenter d’un vice-président de la Caisse».
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